Dans une interview accordée à notre confrère « Jeune Afrique », le président Gambien, Yahya Jammeh, a dit du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-Moon, et de l’ONG Amnesty international qui réclament l’ouverture d’une enquête à propos de la mort en détention, d’un opposant politique gambien, « d’aller en enfer ». C’est quand même un peu trop fort de café ! L’homme n’est pas à sa première sortie renversante. En effet, qui connaît Jammeh, sait qu’il est coutumier des sorties fracassantes, surtout lorsqu’il veut justifier ou légitimer sa dictature et son égoïsme. Mais cette fois, il a franchi le Rubicon ! Car, aller jusqu’à dire à l’actuel patron de la maison de verre ou à une structure internationale de l’envergure d’Amnesty, d’aller en enfer, c’est un palier de trop que Jammeh aurait dû se garder de franchir. Cela dit, on se rappelle qu’un opposant, un haut cadre du Parti démocrate uni (UDP), est mort en détention à la mi-avril, pour avoir participé à une marche.
Jammeh montre la piètre considération qu’il a pour son propre peuple
Ce qui met à nu les dérives du président fantasque qui, faut-il le rappeler, n’est pas en bons termes avec bien de ses pairs d’Afrique, notamment son voisin du Sénégal. Cela fait suite à la décision de Yahya Jammeh d’augmenter très fortement les droits de passage pour les véhicules étrangers. Ces droits étaient passés de 4 000 à 400 000 F CFA sans oublier les tracasseries routières dont étaient victimes les transporteurs. En tout cas, il appartient au peuple gambien de prendre ses responsabilités, parce que Jammeh est un dictateur assumé qui ne s’imagine pas une autre vie en dehors du pouvoir. Toutefois, face à la politique de deux poids deux mesures des grandes puissances, Jammeh peut avoir raison lorsqu’il dit, dans la même interview, que « pour les Occidentaux qui sont habitués à des chefs d’Etat africains qui ne sont que des béni-oui-oui, et ont la même indépendance que Mickey Mouse, je ne peux être qu’un dictateur ». Mais de là à assumer sa tyrannie, il montre la piètre considération qu’il a pour son propre peuple.
Issa SIGUIRE