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CRISE AU SEIN DE LA CONVENTION SANKARISTE : C’était trop beau pour être vrai !

Après la Convention du 15 mai 2015 qui avait consacré officiellement l’union de tous les partis politiques et associations se réclamant de l’idéal sankariste, on avait bien cru que les disciples du charismatique capitaine Thomas Sankara avaient enfin réussi à vaincre le signe indien qui empêchait tout regroupement des sankaristes au sein d’une seule mouvance. Au soir du 17 mai, l’annonce de la désignation de maître Bénéwendé Stanislas Sankara comme candidat unique des sankaristes, avait achevé de convaincre les derniers saints Thomas que l’union des sankaristes est enfin une réalité. Et Mariam Sankara, l’épouse du père de la révolution d’août 1983, dont la présence à cette convention avait d’ailleurs été pour beaucoup dans la réalisation de cette union, pouvait se féliciter d’avoir atteint son objectif. Ajoutez à cela, un environnement politique national largement favorable au Sankarisme. Comment pouvait-on ne pas être jaloux de cette force nouvelle qui n’a presque pas besoin d’user de boniments pour recruter des militants au sein de la jeunesse burkinabè, plus que jamais sous le charme de l’emblématique capitaine Thomas Sankara? En un mot comme en mille, « tout baignait chez les sankaristes ». Aujourd’hui on peut hélas, dire que tout cela était trop beau pour être vrai. Mais les sankaristes ont réussi à entretenir cette belle illusion d’unité jusqu’à ce matin du lundi 15 juin dernier, où le Font des forces sociales (FFS) du regretté Norbert Tiendrébéogo, a ouvert la première brèche dans cet édifice sankariste qui, franchement, était trop beau pour  ne pas être sorti d’un rêve. Ce retrait du FFS soulève à nouveau la théorie sur « la malédiction des sankaristes ». Mais, heureusement qu’au-delà de ces considérations métaphysiques, beaucoup de militants et d’analystes de la scène politique burkinabè osent avancer quelques raisons plus rationnelles, pour expliquer ce qui met en alerte aujourd’hui toute la planète sankariste. Le sankarisme, jusqu’à ce jour, est en effet un mouvement politique dans lequel la fibre émotionnelle, affective, a tendance à prendre le pas sur l’idéologie en tant que telle. C’est quoi être sankariste ? Quel rôle et quelle image doit renvoyer un sankariste dans son environnement ? Quelle approche le sankariste doit-il avoir du pouvoir  d’Etat? Autant de questions qu’il convient d’éclaircir, afin de déterminer qui peut se réclamer sankariste. Tant qu’une telle codification n’est  pas faite, il y aura toujours des militants qui s’estimeront plus “sankaristes” que d’autres. Y a-t-il des sankaristes  purs et durs, des sankaristes dit « modérés », des sankaristes « motards » ?  Cette absence de codification du sankarisme est-elle à l’origine du départ du FFS, seulement un mois après la convention qui a consacré leur union? Si l’on en croit la déclaration du parti, il n’en est rien de tout cela.

Les ruptures ne sont pas l’apanage des seuls sankaristes

Les responsables du FFS évoquent plutôt des désaccords relevés depuis l’organisation de la convention, surtout pour la désignation du candidat unique pour l’élection présidentielle du 11 octobre 2015. Mais cette récrimination n’est peut-être que l’une des raisons du départ du FFS de la grande famille sankariste. Seulement, là encore, il faut distinguer la raison avouée, parce que défendable, de la raison non avouée, parce que difficile à argumenter aux yeux des militants. Pour parler sans détours, on dira que ce retrait du FFS, annoncé par ses tout nouveaux responsables, tire son explication des ego très poussés des responsables de la galaxie sankariste. C’est en fait une guerre de positionnement qui refuse de dire son nom. Les sankaristes ayant aujourd’hui le vent en poupe, être retenu comme candidat aux législatives à venir, constitue une perspective non négligeable pour accéder à la fonction très honorable de député, avec tout ce que cela comporte comme avantages. On peut facilement imaginer que le FFS, qui déjà, n’était plus que l’ombre de lui-même, si on s’en tient aux résultats des dernières législatives où il n’avait pas obtenu le moindre représentant, s’est retrouvé en minorité dans cette grande famille. Il ne restait plus alors aux nouveaux responsables du FFS qu’à se retirer de la famille sankariste et de tenter d’autres rapprochements avec d’autres formations politiques où leur voix pourrait bien compter. Cela est sans doute de bonne guerre pour les leaders, mais qu’en est-il des militants et du parti lui-même?

Cela dit, la question fondamentale qu’il faut se poser à présent est de savoir si cette défection du FFS aura un impact sur le devenir de la mouvance sankariste. Il faut aussi se demander si le geste du FFS constitue ou non une porte ouverte à d’autres départs de ce grand ensemble. La réponse à ces deux questions est indubitablement affirmative. Aujourd’hui, c’est un FFS vide de sa substance qui quitte le bateau, mais ce départ, malgré son faible impact, n’en révèle pas moins l’absence criarde d’un leader charismatique à la tête de cette formation. Un leader naturel, qui fasse l’unanimité et qui soit capable de rassembler tous ceux qui adhèrent aux idéaux de Sankara. Toutefois, il faut savoir appréhender ces ruptures avec relativisme, en ce sens qu’elles ne sont pas l’apanage des seuls sankaristes. Le Faso autrement, tout comme le MPP et bien d’autres partis, connaissent aussi les mêmes tourments. Et ces formations  ne sont pas des regroupements de plusieurs partis comme c’est le cas pour la mouvance sankariste. En attendant, reconnaissons qu’elle était quand même trop belle, cette union des sankaristes, pour être vraie.

Dieudonné MAKIENI

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