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PRESIDENTIELLE AU GABON : Le miracle n’a pas eu lieu

 

Les jeux sont faits. Ali Bongo Odimba est désormais le président du Gabon pour un mandat de sept ans. Ainsi en a décidé la Cour constitutionnelle, le vendredi 23 septembre 2016. Pour les opposants qui n’étaient toutefois pas dupes, le miracle n’a donc pas eu lieu. Comme il fallait s’y attendre, le recours en contestation des résultats provisoires de l’élection présidentielle, formulé par Jean Ping auprès de la Cour constitutionnelle gabonaise, a été purement et simplement rejeté par celle-ci. Mieux, le recours a permis à Ali Bongo Odimba de distancer son challenger Jean Ping de plus de 4 000 voix supplémentaires. En effet, s’il y avait un peu moins de 6 000 voix d’écart selon les résultats de la Commission électorale, désormais, au regard des résultats définitifs, ce sont 11 700 voix qui séparent les deux hommes, Ali Bongo étant crédité de 50,66% des votes contre 47,24% à Jean Ping. La Cour constitutionnelle aurait voulu conforter la victoire de Ali Bongo afin de lui permettre de mieux asseoir son pouvoir, qu’elle ne s’y serait pas prise autrement. Et on serait tenté de dire que la Cour constitutionnelle n’est pas allée jusqu’au bout de la transparence, comme le regrettent, du reste, certaines capitales occidentales. Pouvait-il en être autrement quand on sait qu’au Gabon, le pouvoir est depuis toujours, entre les mains des Bongo ? Certes, Jean Ping affirme que « 2016 n’est pas 2009 », mais l’on se demande ce que peut encore cet opposant, dans la mesure où ses militants sont interdits de tout droit de manifester par une armée visiblement acquise à la cause du prince régnant. Cette manière de rempiler pour un second mandat, ne renforce pas la démocratie, de même qu’elle ne grandit pas Ali Bongo dont les velléités dictatoriales sont de plus en  plus perceptibles. On constate d’ailleurs qu’après l’annonce de la victoire de Ali Bongo, le peuple n’a pas exprimé sa liesse. Est-ce le signe d’une lassitude du peuple gabonais pour la dynastie Bongo ? L’on peut, sans risque de se tromper, répondre par l’affirmative. Faut-il le souligner, la dynastie Bongo dure depuis près d’un demi siècle. Et cela ne peut que révolter une partie du peuple  qui se trouve aujourd’hui divisé. Et Ali Bongo en a conscience puisqu’après la validation de son élection par la Cour constitutionnelle, il a appelé les opposants à un gouvernement d’union. Et ce n’est pas étonnant. En Afrique, c’est le fort des présidents qui se maintiennent au pouvoir dans les conditions que l’on sait.

S’il y a une leçon à tirer de l’élection présidentielle gabonaise, c’est  l’urgence de revoir le Code électoral

Avec le gouvernement d’union nationale, Ali Bongo Odimba est sûr que certains opposants n’hésiteront pas à aller à la soupe. Toute chose qui pourrait contribuer à affaiblir l’opposition. Le gouvernement d’union est un piège pour les opposants. Hélas, il faut craindre que certains s’y laissent prendre. La situation au Gabon est une tragédie, si fait qu’on en vient à se demander pourquoi mettre autant d’argent et d’énergie pour aboutir chaque fois à des mascarades électorales. Est-ce nécessaire d’organiser des élections dans ces pays ? S’il y a une leçon à tirer de l’élection présidentielle gabonaise, c’est bien l’urgence de revoir le Code électoral. Et ce combat est celui de l’opposition. Elle gagnerait  à mener le vrai combat, notamment à revenir sur le principe du scrutin à un tour. Mais que l’on ne s’y trompe pas, l’alternance au Gabon ne passera pas seulement par l’opposition. La société civile doit aussi jouer sa partition. Et pour cela, elle doit s’armer davantage de courage et de détermination.

Françoise DEMBELE

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