4 jours après le déguerpissement inopiné des marchands de bétail de la gare Ouaga inter, la commune de Ouagadougou a organisé une conférence de presse ce 19 avril 2023, dans l’enceinte de ladite gare, en vue de mieux expliquer à l’opinion les péripéties de cette action musclée survenue le 15 avril dernier. Il ressort que c’est après plusieurs communiqués et médiations dont celle du Médiateur du Faso demandant aux commerçants de rejoindre leur nouveau site, lesquels ont été infructueux, que la commune a décidé d’opter pour la manière forte.
La décision prise par la commune de Ouagadougou de procéder au déguerpissement forcé des commerçants de bétail de la gare Ouaga inter fait suite aux échecs des diverses tentatives de médiations de la commune. C’est tout en tout ce qui ressort de la conférence de presse animée par le directeur de cabinet du président de la Délégation spéciale (PDS) de la commune de Ouagadougou, Clément Ouango. « Cette option de recourir à la force se justifie par l’échec des différentes médiations pour une résolution pacifique du différend. Par correspondance en date du 2 novembre 2022, la commune de Ouagadougou sollicitait l’accompagnement du Médiateur du Faso pour une libération pacifique du site de la gare routière Ouaga inter. Malheureusement, la médiation entreprise n’a pas abouti en dépit des nombreux efforts déployés par le Médiateur du Faso et ses services pour faire entendre raison aux marchands de bétail installés sur le site de la gare Ouaga inter », a expliqué le directeur de cabinet selon qui cette situation a même poussé le Médiateur du Faso à se dessaisir du dossier à la date du 10 février 2023. « Toutes les tentatives pour une issue heureuse ont toujours été remises en cause par les concernés. A cela, il faut rappeler que le président de la délégation spéciale de la commune à travers un communiqué, invitait lesdits commerçants à libérer lesdits lieux au plus tard le 30 novembre 2022. 2 précédents communiqués du PDS avaient été diffusés le 25 avril 2022 et le 15 juillet 2022 invitant les commerçants à libérer le site et à rejoindre le nouveau site de Lanoyiri aménagé à leur profit. En dépit des trois communiqués, des multiples démarches engagées tout au long de l’année 2022 pour une gestion à l’amiable impliquant des notabilités coutumières et religieuses », a relevé le dircab pour qui tout cela s’est avéré infructueux. C’est pourquoi, a-t-il laissé entendre, « la commune s’est vue obligée de faire usage de la force publique pour contraindre ces commerçants à rejoindre leur nouveau site et permettre par la même occasion aux transporteurs de rejoindre leur gare ».
A l’en croire, le nouveau site aménagé de Lanoyiri dans l’arrondissement 11 bénéficie de toutes les commodités (toilettes, lumière, l’eau, voie d’accès, etc). Mais pourquoi refusent-ils de rejoindre leur nouveau site ? A cette question d’un journaliste, le Dircab a répondu en ces termes : « il y a une raison qu’ils ne peuvent pas officiellement dire. Il y avait des marchands qui étaient là avec eux. C’est à ces marchands que le site avait été confié lorsqu’on faisait l’échangeur de Ouaga 2000. D’autres sont venus s’ajouter et ont chassé les premiers qui étaient là. Les premiers se sont débrouillés trouver un autre site et c’est ce site que le maire de l’arrondissement 11 a choisi pour donner à la commune et que nous avons aménagé. Donc quitter ici et aller rejoindre ceux qu’ils avaient chassé, c’est un peu bizarre. Mais ils ne peuvent pas évoquer cela officiellement ». Pour lui, il n’y a jamais eu une envie de faire la force à quelqu’un mais « si ce dernier t’offre l’occasion de lui faire cela, oui, tu utilises cela légalement ».
En tout état de cause, les transporteurs rejoindront bientôt leur gare. « D’ici la semaine prochaine, les services techniques vont venir nettoyer le site et faire en sorte que la zone soit stabilisée avec l’apport de terre et permettre aux transporteurs d’accéder à leur gare inaugurée le 8 avril 2021. On peut se donner un mois, maximum 2 mois », a confié M. Ouango. Il faut noter que le coût global de la réalisation de la gare Ouaga inter est estimé à 4 milliards de FCFA et le site déguerpi servira de parking aux transporteurs.
Colette DRABO
