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Dr Boukary Nébié, Enseignant-chercheur, à propos de la mise à prix des têtes de terroristes : « Cela s’inscrit dans la dynamique de l’implication des populations dans la lutte »

A travers un communiqué publié le 8 juin 2023, le gouvernement burkinabè a dressé une liste de vingt (20) terroristes « activement recherchés pour participation ou complicité dans la planification où la conduite d’actes terroristes ». Le communiqué précise que « Si vous fournissez des informations, de nature à permettre l’arrestation ou la neutralisation d’un de ces individus, vous recevrez le montant indiqué sur la photo du concerné » Des montants qui vont de 100 à 180 millions de F CFA. Voici ce qu’en pensent des citoyens burkinabè, de la mise à prix de ces têtes.

 

Dr Boukary Nébié, Enseignant-chercheur

« Cela s’inscrit dans la dynamique de l’implication des populations dans la lutte »

Primo, je note que cela s’inscrit en droite ligne de la vision du chef de l’État de ne pas négocier, à l’étape actuelle, avec les terroristes. En effet, si la négociation faisait partie des schémas du gouvernement, actuellement cette somme aurait pu être renversée aux terroristes pour avoir une certaine accalmie. Mais à quel prix quand on sait qu’ils utiliseront notre propre argent pour mieux s’équiper et pouvoir mieux nous endeuiller par la suite ? Secundo, c’est la preuve que nos renseignements sont de plus en plus efficaces, pour ne pas dire qu’ils montent en puissance. Sans un système de renseignement efficace et sophistiqué, il n’est pas possible d’avoir dans le collimateur 20 personnes qui constituent toutes de hauts cadres de groupes terroristes.

Tertio, cela s’inscrit dans la dynamique de l’implication des populations dans la lutte contre le terrorisme, je veux parler de la collaboration entre les populations et leurs FDS. Car si les populations acceptent livrer les informations nécessaires pouvant conduire à l’arrestation ou à la neutralisation de ces individus, cela témoignera de leur engagement à collaborer avec les forces combattantes.

Toutefois j’en appelle à la prudence au sein des populations pour ne pas tomber dans les dénonciations calomnieuses. Il faut certes collaborer avec les FDS. Mais il faut éviter les bavures. Les populations ne doivent pas se transformer en justicier. On peut soupçonner une personne d’être l’un des individus recherchés mais notre rôle est d’alerter les forces de sécurité. Sinon nous risquons de dévoyer une stratégie très noble et salutaire. Ce qui ne rendra pas service non seulement à nos autorités mais donnera surtout du grain à moudre à ceux qui pensent qu’il faut privilégier la voix du dialogue avec les terroristes sans oublier ceux qui parlent souvent d’exactions communautaires ou d’exécutions extrajudiciaires.

Boris Ouédraogo, étudiant à l’ULB

« Tous les moyens sont bons surtout en période de guerre non conventionnelle »

Pour ce qui concerne la mise à prix des têtes des 20 terroristes par le gouvernement de la transition à des sommes pharamineuses qui tournent entre 100 et 180 millions de nos francs par tête, nous ne pouvons que dire Bravo ! Tous les moyens sont bons surtout en période de guerre non conventionnelle. Cette initiative découle clairement de leur engagement qui est de payer le prix qu’il faut pour mettre fin à ces tueries. Vraisemblablement le gouvernement ne compte pas lésiner sur les moyens et tous nous savons que là où il y’a le nerf de la guerre, il y a des résultats. Vivement que les idées aboutissent et que nous sortions de ce bourbier.

 

Denis TIEGNA SG du CDP

« Cela augure d’un tournant dans la lutte contre le terrorisme »

La mise à prix de tête est une action courante dans les zones où l’on enregistre des actions criminelles qui dépassant l’entendement humain. Dans le cas précis du Burkina, on peut se réjouir du fait que nos renseignements ont évolué permettant l’identification de personnes ordonnateurs ou responsables d’actes criminelles. Cela augure d’un tournant dans la lutte contre le terrorisme. La légitime question qu’on peut se poser c’est celle de savoir combien coûte une tête. A cette question il faut d’abord indiquer qu’une vie humaine quelle qu’elle soit n’a pas de prix. Ensuite c’est généralement la capacité de nuisance potentielle qui fait que la différence entre les prix des têtes. Il faut espérer que les renseignements ne se soient pas trompés de cible dans la collecte et le traitement des informations qui ont permis d’établir cette liste. Si les identifications sont fiables et sûres, cette action va les amener à ne plus trop s’exposer ce qui pourrait amenuiser leurs influences sur le terrain. Leurs interpellations ou leurs neutralisations pourrait à coup sûr affecter la préparation et l’exécution des opérations criminelles qu’ils menaient sur notre territoire, même si apparemment ces personnes sans foi ni loi ont une extraordinaire capacité de réorganisation. Au total donc c’est une opération qui pourrait être salutaire pour le Burkina dans sa quête de paix et de sécurité.

 Ben Larba OUEDRAOGO, chargé de la prospection civile à l’organisation nationale des syndicats.

« Ces prix ne sont rien à comparer à la sécurité du pays »

Je suis favorable à cela. Cette initiative du président est à saluer, c’est vraiment ce qu’il faut. Pour ce qui concerne les prix, ils ne sont pas exorbitants comme certains veulent le faire croire, car ces prix ne sont rien à comparer à la sécurité du pays. C’est parce que le pays n’a pas assez de moyens si non ils auraient pu miser encore mieux parce que dans les normes, les services de renseignements coûtent plus cher que cela. Cette initiative n’est jamais mauvaise dans la mesure où c’est pour la sécurité et la stabilité du pays qui est recherché. Il faut toujours s’acquérir de quelque chose pour pouvoir défendre.

Koné Obin, employé de la chambre de commerce à la retraite.

« Cela pourrait permettre de les localiser et de les arrêter »

De mon point de vue, pour ce qui concerne les mises à prix que vient de proposer le gouvernement de la transition sur les terroristes, je crois que c’est une très bonne chose car cela pourrait permettre de les localiser et de les arrêter. Les sommes mises en jeu montrent aussi que les individus recherchés sont des têtes pensantes des forces ennemies et si l’on arrive à les neutraliser, ce serait une bonne chose en termes de désorganisation du commandement terroriste.

Samiratou Ouédraogo, étudiante à l’université Joseph KI-ZERBO

« Le Burkina commence à faire preuve de fermeté »

Je me dis qu’après une longue période de léthargie, le Burkina commence à faire preuve de fermeté dans cette lutte. Il faut aussi rappeler que le gouvernement compte sur le patriotisme et sur la franche collaboration de la population pour traquer et mettre aux arrêts ces hommes sans foi ni loi. Mais ce qui me chagrine dans cette histoire c’est qu’on mette autant de moyens financiers pour des informations pendant qu’on se démène à trouver de l’argent pour l’effort de paix. Pour ma part, pour sortir le pays de ce bourbier dans le quel il est plongé depuis longtemps, il faut que cette collaboration soit franche, volontaire et surtout qu’elle ne soit pas instrumentalisée par l’argent, parce que si on n’y prend garde, on risque d’accuser des personnes innocentes ou de confondre des personnes innocentes avec ces terroristes. On a d’ailleurs un cas illustratif depuis quelques jours d’un VDP national arrêté par la population bobolaise croyant que c’est l’un des hommes terroristes recherchés. Mais quoi qu’il en soit, nous citoyens burkinabè croyons à la fin du terrorisme qui n’a que trop duré dans.

Propos recueillis par Fatimata OUEDRAOGO (Stagiaire)

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