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Dépenses consacrées à la défense et à la sécurité : Le CERA-FP recommande des programmes budgétaires avec des indicateurs de mesure

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet de « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel » sur financement de OXFAM au Burkina Faso et de l’Agence française de développement (AFD), le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP) a commandité une étude sur la répartition des dépenses publiques dans les secteurs de la défense et de la sécurité ainsi que dans les secteurs sociaux (éducation, santé, eau et assainissement, protection sociale et agriculture). La restitution des résultats de l’étude et la validation du rapport provisoire de l’étude ont eu lieu le 18 janvier 2023, à Ouagadougou.

A travers cette étude sur la répartition des dépenses publiques consacrées à la défense, la sécurité ainsi qu’aux secteurs sociaux (éducation, santé, eau et assainissement, protection sociale et agriculture) sur la période de 2017 à 2021, le CERA-FP veut non seulement aider les Organisations de la société civile (OSC) à exercer leurs actions de veille citoyenne mais aussi faire des propositions aux décideurs pour améliorer l’intervention publique. « Nous avons voulu faire cette étude pour nous doter d’une base qui va orienter et alimenter nos actions de veille citoyenne mais aussi de contrôle de l’action publique, en tant qu’OSC. C’est une base scientifique que nous avons qui nous permettra également de faire des propositions alternatives aux décideurs pour améliorer l’intervention publique », a expliqué le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio.

Concernant l’étude, il s’est agi  de voir le budget qui a été consacré, de 2017-2021, à la défense et à la sécurité, devenues la priorité des priorités au Burkina. Il  ressort que c’est  un secteur qui bénéficie aujourd’hui d’énormément de ressources pour doter l’armée de moyens et ressources humaines conséquents en vue de faire face à l’hydre terroriste qui assaille le pays depuis un certain nombre d’années. « On a aussi constaté que ce secteur est essentiellement financé par les ressources propres de l’Etat, donc les ressources des contribuables nationaux, parce que les financements extérieurs n’interviennent pas beaucoup.  Même s’il faut signaler qu’au niveau de la sécurité, des partenaires extérieurs ont commencé à apporter de l’argent mais cela a commencé à partir de 2018 », a précisé le SE du CERA-FP. En plus de la défense et de la sécurité, l’étude a également concerné les secteurs sociaux tels que la santé, l’éducation, l’eau potable et assainissement mais aussi la protection sociale, pour lesquels ce sont 41% du budget en moyenne annuelle qui sont alloués.

Les participants à la restitution de l’étude

 Pour Hermann Doanio, cela est assez satisfaisant mais la question est de savoir si ces 41% ont produit des effets tangibles en termes de fournitures de biens et services publics sociaux. « Nous avons questionné cet aspect à travers les indicateurs de performance et il ressort qu’on a fait des réalisations en termes d’avancées, même si la plupart du temps c’est en dents de scie sans doute au regard du contexte sécuritaire difficile qui n’a pas permis, dans certaines localités, de faire des réalisations qui avaient été prévues par les ministères sectoriels mais aussi par l’afflux massif des déplacés internes dû à l’insécurité. C’est un élément assez important mais nous disons que nous sommes engagés dans la reconquête du territoire et sa sécurisation avec comme objectif ultime de réinstaller les PDI. Cela ne peut pas et ne doit pas se faire si on ne commence pas à réfléchir à la mise en place d’un minimum de services publics à leur délivrer une fois qu’elles seront sur place. L’idée est de voir dans quelle mesure on peut faire des propositions qui vont améliorer cet aspect et permettre de contrer l’extrémisme violent avec une présence accrue de l’Etat dans ces zones qui étaient délaissées », a-t-il souligné.

Rassurer la population et lui permettre de consentir davantage de sacrifices

A l’en croire des insuffisances sont à relever. « Si vous prenez le domaine de l’agriculture, nous avons environ 4% du budget qui y ont été injectés. 4% ce n’est vraiment pas énorme pour un secteur qui emploie 75% de la population, ce qui veut dire qu’il faut encore réinventer les choses,  repenser la réponse parce que le tout sécuritaire, ce n’est pas évident que cela puisse être la bonne solution, il faut penser à l’aspect économique, penser à l’autonomisation des populations, à leur épanouissement pour que ces populations ne se reversent pas dans un cercle vicieux de violences ».  Pour ce faire, le CERA-FP a formulé un certain nombre de recommandations entre autres le renforcement des crédits destinés à la lutte contre le terrorisme afin de recouvrer l’intégrité du territoire et favoriser la mise en œuvre des actions de développement dans les secteurs sociaux, la prise de dispositions pour garantir une meilleure planification et exécution des dépenses d’investissements dans l’ensemble des secteurs et particulièrement dans les secteurs sociaux, veiller à assurer une meilleure synergie dans la mise en œuvre des actions transversales à plusieurs départements, pour mieux appréhender les performances et  améliorer davantage la mobilisation des ressources internes en vue d’un meilleur financement endogène des secteurs sociaux en lien avec les engagements du Gouvernement dans lesdits secteurs.

De l’avis de M. Doanio, au regard de l’argent injecté dans  la sécurité et la défense, il y a lieu que les ministères concernés  mettent en place des cadres qui vont renseigner sur les résultats concrets de  l’armée fait sur le terrain, en termes d’acquis qu’ils engrangent mais aussi en rassurant le contribuable que l’argent qu’il consent et les sacrifices qu’il est en train de consentir pour armer les FDS et  leur donner le minimum nécessaire pour vaincre le terrorisme, n’est pas vain. « Il faut qu’au niveau du ministère de la défense et celui de la sécurité, qu’on puisse travailler à ce qu’ils dépassent cette forme de budgétisation par dotation pour aller vers les budgets programmes ou des programmes budgétaires qui sont assortis d’objectifs et d’indicateurs de mesure. Si on arrive à suivre la part  du territoire perdu ou hors de contrôle de l’Etat, on peut aussi quand on va commencer à reconquérir le territoire, dire que nous avons reconquis tel pourcentage; cela rassure la population et lui permet de consentir davantage de sacrifices, donc de soutenir l’effort de guerre qui est engagé », a estimé M. Doanio.

Colette DRABO

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