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Etat de la liberté de presse en 2023 : le Burkina obtient un indice de 1,96/4

Le monde entier célèbre aujourd’hui 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de presse. Cet évènement n’est pas passé sous silence au Burkina où diverses activités sont organisées par le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ). A la cérémonie d’ouverture de la commémoration, un rapport sur l’état des lieux de la liberté de presse a été présenté. Il ressort que le Burkina a obtenu une moyenne de 1,96 points sur 4. Une note qui montre un recul sans précédent de la liberté de presse au pays des Hommes intègres en 2023.

1,96/4. Tel est l’indice de la liberté de presse au Burkina, selon les résultats d’un rapport couvrant la période du 1er mars 2023 au 31 mars 2024, produit par des experts. Selon le consultant Moussa Sawadogo, qui a présenté le rapport, l’élaboration de ce rapport visait entre autres à   donner un aperçu général de la situation de la liberté de presse au Burkina, dresser un tableau général des situations des médias, identifier des formes ou actes de la violation de la liberté de presse auxquels sont confrontés les journalistes et médias au Burkina et de faire des recommandations. A en croire M. Sawadogo,  l’indice de 1,96 montre que le Burkina remplit les conditions minimales garantissant l’exercice de la liberté de la presse. “Malheureusement, il existe des forces sociales qui s’opposent à sa mise en œuvre. L’environnement commercial ne le soutient pas et le gouvernement ou les institutions professionnelles ne soutiennent pas le changement de manière active et complète. Pire, nous constatons un recul de l’indice de la liberté de presse de 2023 par rapport à l’indice de la liberté de presse en 2022 qui était de 2,21, un recul de 0,52 points”, a déploré le consultant. D’ailleurs, il fait noter qu’à partir de 2018, la situation de la liberté de presse au Burkina s’est dégradée de façon continuelle “passant de 2, 50 en 2019 à 2,41 en 2020. 2, 25 en 2021, 2,21 en 2022 et en 2023, nous avons 1,96. Donc cette note illustre un recul sans précédent de la liberté de presse au Burkina. Depuis que l’indice existe, c’est la première fois qu’on a une moyenne aussi basse”, a-t-il martelé.  Mais avant d’arriver à ces résultats, le consultant a indiqué que les travaux ont porté sur 6 objectifs. Le 1er objectif était de voir si les normes juridiques et sociales protègent et favorisent la liberté d’expression au Burkina, le 2e objectif était de voir si le journalisme satisfait aux normes de qualité professionnelle, le 3e pour savoir s’il existe une diversité de médias qui offre aux citoyens des informations objectives et viables. Quant au 4e, il s’est agi de voir si les entreprises de presse sont bien gérées et viables permettant le renforcement de la liberté de presse, et le 5e si les institutions et organisations professionnelles de médias agissent pour les intérêts professionnels des journalistes. Le  6e objectif était de savoir s’il existe des stéréotypes sexués qui confinent les femmes à des rôles   et à des positions de second plan  dans le métier,  un objectif qui n’a pas été  pris en compte. “A chacun de ces objectifs, les experts devaient donner une note qui va de zéro à 4. Une note comprise entre 3 et 4 correspond à une situation très bonne, si la note est comprise entre  2 et 3, cela signifie que la situation est plutôt bonne, entre 1 et 2, cela signifie que la situation a des problèmes spécifiques  et entre 0 et 1, c’est dire que la situation est difficile.  L’objectif 1 a obtenu la moyenne de 1, 75 /4, ce qui veut dire que ce n’est pas bon. Le Burkina a une réglementation plus ou moins libérale en matière de création de médias malheureusement le problème se trouve au niveau du respect de  ces textes. Pour l’objectif 2 concernant la pratique professionnelle des journalistes, la moyenne est de 2, 33/4,  ce qui veut dire que malgré la situation difficile, le journaliste burkinabè  respecte encore les normes  de qualité si on s’en tient à l’éthique et à la déontologie. L’objectif 3 qui concerne la diversité des médias et l’offre d’informations fiables, la moyenne est de 2. Cela montre que le journalisme au Burkina satisfait à des normes professionnelles. Pour l’objectif 4 qui concerne la fiabilité financière des entreprises de presse, la moyenne est de 1, 67/4. Les experts ont conclu que les entreprises de presse ne sont pas bien gérées, les entreprises ne sont pas fiables, permettant le renforcement de  la liberté de presse. 

S’agissant de l’objectif 5 qui est la contribution des institutions et organisations professionnelles pour soutenir le professionnalisme des journalistes au Burkina, la moyenne est de 2,51. Ce qui veut dire que malgré la situation actuelle, les organisations professionnelles et leurs partenaires financiers continuent à soutenir les médias et les experts ont conclu que c’est parce que cet effort existe que,  la situation même si elle est déplorable, est encore acceptable.  Au niveau de l’objectif 6, la question du genre et des stéréotypes sexués, la moyenne est de 2,21 ce qui veut dire qu’au Burkina, dans les médias, il n’existe pas de stéréotypes sexués qui confinent la femme à des rôles et positions de second plan”, a détaillé Moussa Sawadogo.

Discours de haine contre les journalistes, discours stigmatisants des premières autorités, exclusion des médias de certaines activités du gouvernement, refus de certaines autorités de  répondre aux invitations des journalistes souvent sous injonction, sont entre autres formes et actes de la violation de la liberté de presse.

Le prix Marie Soleil de la meilleure journaliste burkinabè, lancé

 

Pour conclure, le rapport a fait des recommandations pour une amélioration de la liberté de presse au Burkina. Les experts recommandent entre autres aux autorités de revoir leur relation avec les médias, de revoir la convention collective qui pour beaucoup des journalistes est dépassée, une plus grande réactivité de la justice face aux déclarations de haine et de stigmatisations à l’endroit des journalistes, un renforcement des capacités des journalistes.

La cérémonie a été l’occasion pour le CNP-NZ de procéder au lancement du prix Marie Soleil de la meilleure journaliste burkinabè. Les œuvres concernées sont celles produites entre le 3 mai 2023 et le 3 mai 2024 et la date limite des dépôts des œuvres est le 30 septembre 2024.  Les catégories concernées sont la presse écrite, la presse en ligne, la télé et la radio. Les genres sont le reportage, l’interview, le magazine et l’enquête. La cérémonie de récompense des lauréates aura lieu le 20 octobre 2024.

Colette DRABO

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