Le 4 mai dernier, aux environs de 22h15 GMT, une installation offshore du groupe pétrolier américain dans l’Etat du Delta, localité située au sud du Nigeria, a été attaquée. S’agit-il d’un réveil des vieux démons du Delta ? En tout cas, difficile de répondre par la négative, puisque l’attaque a été revendiquée par les « Vengeurs du Delta du Niger ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis que les autorités nigérianes ont ordonné l’arrestation de Tompolo pour corruption, les attaques contre les installations pétrolières sont légion au Nigeria. Pour rappel, Tompolo, de son vrai nom Ekpmupolo, est l’un des chefs rebelles les plus connus du Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEND). Il est poursuivi par les autorités nigérianes pour vol, détournement et blanchiment d’argent à hauteur de 235 millions de dollars. Même si ce dernier nie jusque-là son appartenance à ce groupe de « revanchards » du Delta du Niger, les faits sont têtus.
Buhari aura tort de ne pas prendre la mesure du péril
Car, c’est depuis son arrestation que les attaques se sont multipliées dans cette partie du Nigeria. En tout cas, en plus de l’épineuse question de Boko Haram et de la chute du prix de l’or noir, un autre front semble ouvert pour Muhammadu Buhari. Avec cette nouvelle donne, l’on est tenté de dire que le Nigeria est dans la tourmente. Et Buhari aura tort de ne pas prendre la mesure du péril. Le mieux pour lui serait de s’investir davantage à réduire la fracture sociale entre le Nord musulman et le Sud chrétien. Car, on se rappelle encore la guerre du Biafra, intervenue du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970, qui avait renforcé la fracture Nord/Sud et redimensionné la sécession de la région orientale du Nigeria, qui s’est auto-proclamée République du Biafra sous la direction du colonel Ojukwu. Au demeurant, pourquoi ne pas repenser le fédéralisme du Nigeria pour donner plus de vitalité à l’économie de ce pays en rendant davantage autonome politiquement et économiquement chaque Etat?
Mamouda TANKOANO
