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Gambie : vers un retour  de l’excision ?

Le Parlement gambien doit se prononcer lundi sur une proposition visant à abroger l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF), ce qui, en cas d’approbation, constituerait un rare pas en arrière dans les efforts visant à criminaliser cette pratique.

Le petit pays d’Afrique de l’Ouest a interdit les mutilations génitales féminines en 2015, imposant de lourdes amendes et des peines de prison à celles et ceux se livrant à cet acte qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, n’a aucun bienfait sur la santé et peut au contraire entraîner des saignements excessifs, un choc, des problèmes psychologiques, voire la mort.

Malgré les progrès réalisés sur le plan légal, l’Unicef a constaté dans un rapport publié en début de mois que le nombre de femmes et de filles ayant subi des mutilations génitales dans le monde est passé de 200 millions il y a huit ans, à 230 millions aujourd’hui.

L’excision est pratiquée dans 92 pays, dont 51 qui la pénalisent, selon l’association Equality Now.

L’interdiction des mutilations sexuelles en Gambie, adoptée sous l’ancien président Yahya Jammeh, s’est heurtée à des réticences dans ce pays à majorité musulmane, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir du président Adama Barrow en 2017.

En août dernier, trois femmes se sont vu infliger une amende pour avoir pratiqué des MGF sur huit fillettes, soit les premières personnes condamnées par la loi.

Le Conseil suprême islamique de Gambie a réagi au jugement en affirmant que l’excision était une des vertus de l’islam et a appelé le gouvernement à reconsidérer l’interdiction. En effet, les pro-excision font valoir l’argument communément brandi selon lequel ce qu’ils appellent la « circoncision féminine » – qu’ils distinguent d’une mutilation génitale- est une tradition profondément enracinée et que l’interdire enfreint leurs droits à pratiquer leurs coutumes.

Le député Almameh Gibba a présenté le projet au début du mois, arguant que la loi viole les droits des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion. Il n’était pas possible de déterminer dans l’immédiat quelle serait l’issue du vote. Adama Barrow ne s’est pas exprimé publiquement sur la question. Près de 180 organisations de la société civile gambienne ont publié en octobre dernier une lettre ouverte appelant le gouvernement à préserver la loi. « L’abrogation de la loi contre les mutilations génitales féminines réduirait à néant les progrès considérables réalisés en matière de protection des droits et du bien-être des femmes et des filles », ont-elles déclaré.

L’ONU a appelé les élus de Gambie à « rapidement retirer » un projet de loi levant l’interdiction des mutilations génitales féminines, qui sont « une violation odieuse des droits humains ».

L’International Bar Association, association d’avocats, estime dans un communiqué daté de janvier que la proposition de loi levant l’interdiction a peu de chances d’entrer en vigueur à cause des obligations internationales de la Gambie : la loi actuelle est en effet adossée au Protocole de Maputo de l’Union africaine sur les droits des femmes, que la Gambie a ratifié en 2005.

En France, un collectif d’associations de lutte contre l’excision a lancé une pétition sur internet contre ce projet de rélégalisation de cette pratique en Gambie.

TV5 Monde, AFP et Reuters 

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