Jean Ping, candidat malheureux à la présidentielle gabonaise, a appelé ses compatriotes à observer ce 6 octobre 2016, une journée nationale de recueillement pour les morts, et de compassion pour les familles endeuillées lors des violences post-électorales au Gabon. Combien sont-ils exactement ? La question reste posée, tant la polémique enfle entre pouvoir et opposition, sur la comptabilité macabre de ces tristes événements. En effet, tandis que le pouvoir parle de 4 morts dont un policier, l’opposition, elle, fait état de plus d’une cinquantaine de personnes tuées. Et tout porte à croire que le pouvoir d’Ali Bongo tente de nier la réalité des faits, voire de se disculper, étant donné que certaines zones où des corps de victimes étaient supposés se trouver, ont été interdites aux hommes de médias.
En tout cas, Jean Ping est dans son bon droit quand il appelle les Gabonais au recueillement pour les victimes de la crise post-électorale. Car, par devoir moral, il se devait de rendre hommage à « ses soldats » de la liberté tombés sur le champ de bataille. Dans le cas contraire, ce serait une haute trahison envers ceux qui ont dit non à la forfaiture au prix de leur vie.
Le peuple gabonais est plus que jamais divisé
Mais plus qu’un deuil, c’est un ballon de sonde que Jean Ping a lancé. La réussite ou non de cette journée devrait en effet l’amener à mesurer sa capacité de mobilisation après la formation du nouveau gouvernement, et de savoir si les Gabonais ont décidé de tourner la page ou s’ils entendent toujours lutter à ses côtés. En effet, faut-il le rappeler, ce dernier revendique la victoire au scrutin présidentiel, convaincu que c’est lui qui a été choisi par le peuple gabonais. En attendant, Ping peut être satisfait d’une chose : l’échec de Ali Bongo dans la formation du nouveau gouvernement gabonais qui se voulait être un exécutif de large ouverture. Seul le menu fretin a accepté de mordre à l’hameçon.
C’est dire que la bataille politique entre les deux disciples de Bongo père, n’est pas prête de prendre fin. D’autant que par cet appel au recueillement, Jean Ping veut jauger sa cote de popularité pour la suite du combat. Mais son appel sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr ! D’autant que le pouvoir d’Ali Bongo a pris des précautions pour mettre en échec cet appel. En effet, après avoir mis en garde Jean Ping, Ali Bongo a précisé que la date du 6 octobre choisie pour le recueillement, est un jour ouvrable. De plus, le pouvoir a même clairement signifié à certains qui s’absenteraient de leurs lieux de travail, qu’ils ne percevraient pas leurs émoluments du mois en cours.
Somme toute, cette manifestation est la preuve que le peuple gabonais est plus que jamais divisé.
Thierry Sami SOU
