Le procès de Vincent Dabilgou et autres se poursuit ce 30 juin 2023 au TGI OUAGA l. A l’audience du jour, des passages des témoins et des confrontations.
Les jours passent, les témoins se succèdent et l’étau se resserre autour de l’ex ministre des Transports, Vincent Dabilgou. A la barre, David Dao, le cousin de Jean Gabriel Séré, celui-là même qui touchait les chèques que lui remettait le DAF.
Selon Me Yamba, l’un des avocats de Vincent Dabilgou, le témoin David Dao a plusieurs fois touché des sommes d’argent à hauteur de millions sur le compte Ecobank du ministère des Transports.
Des déclarations que le témoin n’a pas nié à la barre. Il reconnaît avoir fait des retraits sur le compte Ecobank. « Jean Gabriel Séré m’a remis les chèques pour que j’aille faire des retraits. Il m’a demandé un service et je l’ai aidé », a-t-il indiqué. Il poursuit en ces termes : « un jour, Séré m’a remis deux chèques de 5 millions chacun. Ce jour-là, j’ai retiré 10 millions de FCFA que je lui ai remis. Bien avant, il m’a fait un transfert de 12 000 de francs CFA pour que j’achète un pagne. Il a mis les 10 millions dans le pagne. Nous sommes allés au ministère. Moi je suis resté dans la salle d’attente au cabinet du ministre et Séré est monté. Il m’a fait comprendre qu’il doit voir son patron ».
Appelé à la barre, Jean Gabriel Séré a déclaré avoir effectivement remis un chèque de 3 millions 350 mille F CFA à Dao David pour qu’il aille retirer l’argent à Ecobank sur recommandation de Vincent Dabilgou. Il a témoigné que Vincent Dabilgou lui aurait communiqué le numéro d’une jeune fille du nom de Aïda Ouédraogo. Cette fille était chargée de faire des rideaux pour le ministère. « Mais, au-delà des rideaux, elle avait une relation particulière avec le ministre Dabilgou. C’est ainsi que j’ai pris son numéro avec le ministre que j’ai transféré à mon cousin (ndlr Dao David). David est allé rencontrer la jeune fille et il lui a remis l’argent » révèle Jean Gabriel Séré, l’ex DAF) de Vincent Dabilgou.
« J’ai toujours le numéro de la jeune fille», a martelé, l’ex DAF. Et séance tenante, le procureur a pris pour des investigations. Joint au téléphone, la jeune fille Aïda Ouédraogo a confirmé qu’elle connaît bien Vincent Dabilgou. « Monsieur le président, à écouter Séré et son cousin Dao ici devant votre barre, on sent le mensonge », a fait remarquer l’un des avocats du prévenu.
Vincent Dabilgou est à nouveau appelé à la barre pour s’expliquer des insinuations selon les mots empruntés de son conseil. « Concernant Aïda Ouédraogo, je ne la connais pas dans le sens que Jean Gabriel Séré a expliqué à la barre notamment que j’entretiendrai une relation particulière avec cette dernière. Elle m’a été recommandée pour aménager mon bureau c’est tout. Je ne sais pas pourquoi Séré veut me charger à tort ou à raison », se défend Vincent Dabilgou.
Et le procureur de reposer cette question : « M. Dabilgou, est-ce que vous connaissez Aïda Ouédraogo?». La réponse de Vincent Dabilgou a été évasive puisqu’il avait déclaré ne pas la connaître.
Le procureur a demandé au tribunal s’il pouvait permettre à ce qu’on recontacte Aïda Ouédraogo, pour l’auditionner au téléphone. Il s’agit pour le parquet, de voir si la jeune fille a effectivement reçu 3 millions 350 mille francs CFA. « Il y a un jeu malsain qui est en train de se jouer devant votre tribunal monsieur le président », s’insurge Me Roger Yamba, l’un des conseils de Vincent Dabilgou.
Pour le procureur, la défense de Vincent Dabilgou a peur des révélations de la jeune fille Aïda Ouédraogo. Sinon je ne vois pas pourquoi il parle de « jeu malsain pourtant ce sont les mêmes qui ont cité David Dao à comparaître. En tout les cas, le parquet travaille à la manifestation de la vérité», a laissé entendre le procureur.
Au tour de Édouard Bado, un autre témoin cité dans l’affaire. Il reconnaît avoir remis plus de 10 millions de francs CFA à Vincent Dabilgou qu’il appelle affectueusement son ami, pour sa campagne électorale en 2020.
Avez-vous la preuve matérielle de ce que vous déclaré ? question du procureur.
« Lorsque Apollinaire Compaoré a comparu ici, vous ne lui avez pas demandé de présenter une preuve matérielle qui atteste qu’il a remis 2 millions de F CFA à Vincent Dabilgou ».
Une réponse qui a mis le procureur dans tous ses états : « Croyez-vous qu’on a peur de Apollinaire Compaoré ? D’ailleurs, il n’a jamais dit de façon formelle qu’il a remis 2 millions de F CFA à Vincent Dabilgou. Il a tout simplement déclaré qu’il se pourrait qu’il ait donné 2 millions de FCFA mais qu’il ne se rappelle pas ».
Le témoin Édouard Bado sera par la suite traité de voleur par un avocat de la partie civile. « Ne me traitez pas de voleur, Maître », a lancé Édouard Bado, visiblement très remonté.
Didèdoua Franck ZINGUE
