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INVESTITURE D’ALI BONGO : Une précipitation suspecte

 

Le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a été investi pour un  second septennat, hier mardi 27 septembre, soit quatre jours après la validation de sa réélection par la Cour  constitutionnelle. Ainsi donc, malgré les sévères critiques des observateurs européens suite aux travaux de la Cour qui n’a pas rectifié les évidentes anomalies constatées lors du scrutin à tour unique du 27 août dernier  dans le fief d’Ali Bongo, et sans même attendre les conclusions de la rencontre entre le corps diplomatique présent  au Gabon et son plus farouche opposant Jean Ping, Ali Bongo  a prêté serment pour un deuxième mandat de 7 ans.  Cette investiture précipitée du président gabonais, est pour le moins suspecte. Quelle urgence y a-t-il à  prêter serment dans un contexte  où les parents des victimes  n’ont même pas encore fini de pleurer  leurs morts ?  Certes, on comprend la volonté du camp présidentiel de clore  le débat sur cette élection qui a cristallisé,  durant des semaines,  toutes les passions.  C’est du moins ce qu’a affirmé  le porte-parole du gouvernement, Alain Claude Billie Bi Nze, qui a estimé qu’il fallait   mettre rapidement en place une équipe gouvernementale élargie à l’opposition et passer à l’étape suivante : les chantiers du développement.

L’opposition continue de revendiquer sa victoire

Mais faut-il pour autant passer par pertes et profit la victoire pour le moins entachée d’Ali Bongo et les atrocités qui ont été commises  lors du scrutin ?  Le moins que l’on puisse dire est, en tout cas, que l’attitude du président gabonais,  à travers cette investiture à la hussarde, renvoie à l’image  d’un voleur qui s’empresse de sécuriser le fruit de sa rapine.  Après avoir réussi à mettre son fauteuil à l’abri, le nouveau président investi travaillera à affaiblir l’opposition, puisqu’il lui tend à présent la main à travers un gouvernement d’ouverture qu’il a annoncé. Cela dit, cette cérémonie d’investiture  a été boudée par plusieurs capitales occidentales et même  africaines. Seuls  quatre  chefs d’Etat africains  ont  effectué  le déplacement  de Libreville. Il s’agit du président de Sao Tomé  et Principe, Evaristo Carvalho, de Mahamadou Issouffou  du Niger, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali et Faure Gnassingbé du Togo. L’opposition, quant à elle, continue de revendiquer sa victoire. Résignées et ayant sans doute compris qu’elles ne pouvaient rien faire pour changer les choses, les populations de la capitale sont restées chez elles pour ne pas avoir à subir une nouvelle  fois, la brutalité des forces de défense et de sécurité qui  ont  quadrillé,  pour la circonstance, toute la capitale et interdit les attroupements.

Seydou  TRAORE

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