ActuBurkina
A la une Politique

Sankarisme et panafricanisme : deux concepts en débat au festival Ciné droit libre

Du 09 au 16 décembre 2023, se tient, à Ouagadougou, la 17è édition du Festival ciné droit libre. A cet effet, un panel a été organisé le 14 décembre 2023 sur le thème « Sankarisme et panafricanisme d’hier à aujourd’hui », panel qui a été l’occasion pour les trois panélistes de réexaminer les concepts et les idéologies sankarisme et panafricanisme, leur historique et parcours, leurs réalités au Burkina et dans le monde ainsi que les perspectives qui en découlent.

L’actualité du monde et particulièrement celle africaine est marquée par une résurgence des coups d’Etat avec l’installation des pouvoir militaires entre autres au Mali, au Burkina, en Guinée, au Niger. Mais mieux, on assiste à un regain de discours nationalistes, souverainistes, panafricaines, anticolonialisme et anti-impérialistes, avec des personnes se réclamant « panafricains » et continuateurs des œuvres de Sankara, Lumumba, N’Krumah, etc.  S’il est vrai que le panafricanisme est l’un des mouvements idéologique et politique qui a traversé l’espace et le temps et qui demeure encore d’actualité, le Capitaine Thomas Sankara apparait aux yeux de nombre d’observateurs et en particulier pour la jeunesse africaine comme la dernière véritable icône panafricaniste. Sankarisme et panafricanisme font alors débat au Burkina et partout dans le monde. Un débat que le festival Ciné droit libre a bien voulu poser afin que les uns et les autres aient leur idée sur ces notions. « Aujourd’hui on parle beaucoup de sankarisme mais on ne comprend pas. Comme dirait l’autre, « Sankara partout, Sankara nulle part ». Ensuite il y a le panafricanisme. C’est pour cela qu’on a mis en débat. Parce que comment pouvez-vous expliquer que quelqu’un qui a passé sa vie à cirer les pompes de dictateurs, sans passer par une case de renaissance, se proclame aujourd’hui panafricaniste ? Il y a problème. On doit discuter pour comprendre qui est finalement sankariste, panafricaniste.  Est-ce que c’est n’importe qui qui doit se lever et soulever le poing pour dire qu’il est sankariste, panafricaniste ou bien ça correspond à quelque chose ?  C’est pourquoi nous avons fait appel à des spécialistes qui connaissent la question », a expliqué le coordonnateur du festival, Aboubakar Diallo.

Ces panélistes étaient composés du Pr Aménophis Traoré (Mali), « un disciple de Cheich Anta Diop qui est un des plus grands scientifiques qui a théorisé sur le panafricanisme, de David Gakunzi (Burundi) qui a connu Sankara de son vivant, et qui est un spécialiste de Sankara et nous avons associé un écrivain professionnel burkinabè, Adama Siguiré, qui a fait un livre sur Sankara.  On s’est dit qu’il était bon de mettre ces personnes ensemble pour mener le débat pour qu’on sache entre les écrits des uns et des autres et la pratique aujourd’hui, quelle est la réalité du sankarisme, du panafricanisme. D’où le thème « Sankarisme et panafricanisme d’hier à aujourd’hui », a laissé entendre M. Diallo.

Aboubakar Diallo, Coordonnateur du festival

Pour Adama Siguiré dont la communication a porté sur le sous-thème : « La pratique du panafricanisme et du Sankarisme sous le prisme des « néopanafricains »  dans un contexte de résurgence des coups d’Etat », il y a lien entre le panafricanisme et le sankarisme. « Le Sankarisme pourrait se définir comme un pan du panafricanisme. Dans l’essence, ce sont pratiquement les mêmes concepts. C’est la solidarité entre les Etats africains, l’appel à l’union, ce sont des valeurs d’intégrité, de probité et surtout de bonne gouvernance », a-t-il soutenu. A l’en croire, les chefs d’Etat Ibrahim Traoré du Burkina, Assimi Goïta du Mali et Tiani du Niger, tous arrivés au pouvoir par un coup d’Etat, appelés par certains néo-panafricanistes, pratiquent le panafricanisme aujourd’hui comparativement à Kwame N’Krumah, de ce fait, ils peuvent être considérés comme des panafricanistes. « Oui, ils le sont car ils ont créé l’Alliance des Etats du Sahel (AES) regroupant le Burkina, le Niger et le Mali ». Par ailleurs, il a ajouté que les trois en plus d’être des panafricanistes, sont des sankaristes en ce sens que le sankarisme prône l’union entre les Etats. « Le sankarisme, c’est aussi le refus de la domination impérialiste et le Burkina aspire à la souveraineté et le capitaine Traoré a dénoncé des accords impérialistes », a souligné Adama Siguiré. « Panafricanisme et Sankarisme : ce que dit la théorie » et « Panafricanisme Sankarisme, VS Démocratie, Droits humains et Coups d’Etat : Convergences et/ou divergences » sont les deux autres sous-thèmes ayant été passés au peigne fin par les panélistes.

Colette DRABO

Articles similaires

Attaque d’Inata : le CDP demande au président Kaboré « d’en tirer les conséquences »

ActuBurkina

La fuite d’Omar el-Béchir: une déception pour la CPI

ActuBurkina

MALI : 47 radios privées menacées de ne plus émettre

ActuBurkina

Laisser un Commentaire

ACTUBURKINA

GRATUIT
VOIR