En Ouganda, le gouvernement entend réactualiser un ancien projet de loi ordonnant l’exécution de toute personne reconnue coupable de pratique homosexuelle. Et cette fois-ci Kampala promet de faire fi d‘éventuelles sanctions de la communauté internationale.
S’il y a une question sur laquelle le gouvernement ougandais très souvent mis en cause dans des cas de violation des droits de l’homme ne veut pas transiger, c’est bien la pratique de l’homosexualité. Et bien malin tout gay ou observateur qui s’efforcerait de mal comprendre la loi intitulée « Kill the gays » (Tuez les homosexuels).
Proposé en 2014 sous l’impulsion du président Museveni, ce projet avait valu des critiques et des sanctions à Kampala. Les États-Unis avaient réduit leur aide, imposé des restrictions de visas et annulé des exercices militaires. La Banque mondiale, la Suède, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas avaient également suspendu leur aide.
Ce qui, vraisemblablement, avait poussé la cour constitutionnelle ougandaise à annuler le Kill the gays. Mais pour le gouvernement, ce n‘était que partie remise.
Et aujourd’hui, Kampala revient à la charge et se dit prêt à faire face à quelque sanction, d’où qu’elle vienne. « Nous sommes prêts. Nous n’aimons pas le chantage. Bien que nous sachions que cela va irriter nos partenaires, nous ne pouvons-nous contenter de déférer aux injonctions de ceux qui veulent nous imposer des cultures étrangères », a confié au Thomson Fondation Reuters Simon Lokodo ministre de l‘Éthique et de l’Intégrité.
Réformer le code pénal
Mais il faudra convaincre les parlementaires pour que la réforme du code pénal ougandais obtienne plus des deux tiers des voix. L’homosexualité devrait désormais être punie d’une peine maximale, c’est-à-dire la peine de mort.
« Notre droit pénal actuel est limité. Cela ne fait que criminaliser l’acte. Nous voulons qu’il soit précisé que tout coupable de promotion et/ou de pratique de l’homosexualité sera exécuté », poursuit M. Lokodo.
Dans plusieurs pays africains, les relations entre personnes de même sexe constituent un crime. Les peines vont de l’emprisonnement à la peine capitale.
Des dispositions souvent dénoncées par des défenseurs des droits des gays qui qualifient ces textes de discriminatoires.
Reste à savoir quel effet produira le Kill the gays en Ouganda une fois adopté par le Parlement, promulgué par le gouvernement et appliqué par la justice.
Reuters