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Edito

MORSURES DE SERPENTS : désormais reconnues par l’OMS

En Afrique subsaharienne, les envenimations entraîneraient annuellement 25 000 à 30 000 décès et autant d’invalidités permanentes.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de porter les morsures de serpents au premier niveau de la liste des maladies tropicales négligées. Très attendue par les acteurs de terrain, cette décision va permettre d’améliorer le traitement des envenimations en favorisant l’accès aux antivenins et leur emploi dans les centres de santé même les plus reculés d’Afrique subsaharienne. Il faut prendre conscience de l’ampleur du problème : plus d’un million de morsures de serpents surviennent chaque année en Afrique subsaharienne et l’on estime que les envenimations entraîneraient annuellement 25 000 à 30 000 décès et autant d’invalidités permanentes.

Une pierre noire contre les venins

Il s’agit maintenant d’améliorer le recueil de données épidémiologiques, de former le personnel de santé à la prise en charge des morsures de serpent, de définir les caractéristiques des antivenins appropriés pour l’Afrique et d’identifier des sources de financements des antivenins. Pour cette région, un antivenin doit être efficace contre tous les serpents régionaux, très bien toléré pour être utilisé dans les centres de santé isolés, stable dans les conditions climatiques tropicales et accessible partout où il est nécessaire.

Nul besoin donc, pour les populations concernées, d’avoir encore recours à des expédients d’efficacité discutable. Les expérimentations sur la pierre noire, morceau d’os brûlé en milieu réducteur (comme le charbon de bois dont il partage les propriétés absorbantes), ont montré qu’elle ne neutralisait pas le venin. A l’instar des dispositifs mécaniques aspirants, la pierre noire ne récupère qu’un millième du venin injecté par le serpent ! La diffusion extrêmement rapide du poison et la forte compétition avec les liquides présents au niveau de la morsure (sang, sueur, etc.) expliquent la quantité négligeable de venin extrait de la morsure. L’illusion de l’efficacité de ces procédés vient de ce que plus du tiers des morsures de serpents n’est pas suivi d’envenimation…

Les envenimations constituent plus de 10 % des patients hospitalisés dans de certains hôpitaux de campagne et représentent au Burkina Faso, par exemple, l’une des cinq premières causes de consultations. Faute de formation, le personnel de santé n’utilise pas les antivenins, ce qui prive, chaque année, des centaines de milliers de patients d’un traitement salvateur.

Formations et financements

Face à ce grave problème de santé publique, la Société africaine de venimologie (SAV) a bâti à l’été 2016 une stratégie de prise en charge des morsures de serpent. Réunie à Abidjan en juin 2015, la SAV propose d’inverser le cercle vicieux de l’inaccessibilité des antivenins en s’appuyant sur trois points. Tout d’abord, la notification obligatoire des envenimations dans chaque pays d’Afrique subsaharienne, à l’instar de l’Asie et l’Amérique latine, pour identifier les besoins quantitatifs (nombre de doses nécessaires) et qualitatifs (emplacement de stockage) d’antivenins et répondre aux priorités nationales.

Le second point d’attention concerne la formation du personnel de santé afin d’améliorer la prise en charge des morsures de serpents et réduire les complications encore trop souvent observées. Il s’agit aussi d’inclure les tradipraticiens dans le processus de soins pour que le patient puisse consulter précocement à l’hôpital sans être déstabilisé. Enfin, il faudra s’assurer du financement des antivenins grâce à une répartition des coûts entre tous les acteurs comme cela se pratique pour les vaccins.

L’Etat, les collectivités locales, les entreprises privées, en particulier les compagnies agricoles ou de travaux publics employant des ouvriers exposés aux morsures de serpents, ainsi que les assurances et les mutuelles de santé, sont appelés à subventionner les antivenins pour les mettre à la disposition des patients à un prix raisonnable. De telles initiatives existent déjà au Togo, Burkina Faso, Côte d’Ivoire ou Nigeria. L’objectif de la SAV est de réduire de 90 %, à l’horizon 2020, la mortalité par morsures de serpents.

Lemonde

 

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