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APPEL A LA LIBERATION DES PRISONNIERS POLITIQUES EN CÔTE D’IVOIRE : L’Eglise sera-t-elle entendue ?

 

Les Evêques de Côte d’Ivoire ont appelé les autorités à libérer les prisonniers politiques. Le message est clair : « la réconciliation naturellement exige la libération des prisonniers dans le cadre du conflit advenu dans le pays, surtout que de ce point de vue, personne ne peut se dire innocent ». L’Eglise catholique vient ainsi de jeter un pavé dans la mare. En effet, l’Eglise a droit à la parole en tant que membre du corps social ivoirien. Par cette sortie, elle semble  écœurée par les jugements rendus dans le cadre de la justice suite à la crise post-électorale de 2010. Car jusque-là, le sentiment  partagé est  que seuls les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo sont visés ; si fait que la réconciliation nationale à du mal à prendre. Tout cela a dû motiver la sortie des évêques. Cela dit, quel statut l’Eglise donnerait-elle, par exemple, à des prisonniers comme Simone Gbagbo, Anselme Yapo dit Séka Séka ? En tout cas, la libération  demandée par l’Eglise pose visiblement problème.

On ne  saurait libérer des auteurs de crimes de guerre sans créer un précédent dangereux

Il y a comme une exigence délicate à concilier justice et réconciliation. Cela n’est possible que si effectivement les auteurs de crimes de guerre identifiés sont jugés et condamnés dans les deux camps. Si pour les évêques, « pour se réconcilier, il faut être libre. Pour être libre, il faut avoir la faculté d’aller et de venir sans être inquiété », libérer certains prisonniers contre qui pèsent des chefs d’accusation dans le contexte actuel peut mettre la Côte d’Ivoire sur le gril ou replonger le pays dans le chaos. Libérer des prisonniers au nom de la réconciliation parce qu’ils sont considérés comme des « prisonniers politiques» n’est pas un acte de justice. En tout cas, on ne  saurait libérer des auteurs de crimes de guerre sans créer un précédent dangereux. En attendant la suite à donner à l’appel des Evêques, il n’est pas exclu que la Communauté musulmane de Côte d’Ivoire donne, elle aussi, de la voix ; elle qui est supposée être favorable à ADO. Ce qui pourrait créer un véritable malaise social. Pour toutes ces raisons, on se demande si l’Eglise n’aurait pas mieux fait de se taire.

Lonsani SANOGO

 

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