La loi officialisant le statut du chef de file de l’opposition au Togo a été adoptée en 2013 par l’Assemblée nationale. Et ce n’est que le 25 janvier 2016 que le gouvernement togolais a adopté le décret d’application de cette loi, soit trois ans après. Pourquoi avoir mis tout ce temps pour adopter le décret d’application ? Quid des marrons qu’il espère tirer de ce « feu » qu’incarne ce nouveau statut. Toujours est-il que le pouvoir de Faure a estimé que le moment lui était enfin favorable. Au titre des obligations, il est stipulé que le chef de file de l’opposition doit veiller, entre autres, à préserver l’intérêt supérieur de la Nation, dans le cadre de ses activités et de celles de l’opposition en général, à se conformer au devoir citoyen et républicain et à participer aux manifestations publiques officielles auxquelles il est invité. Que faut-il comprendre à cela ? Le statut de chef de file de l’opposition que le pouvoir de Lomé consent enfin à donner, est-il un cadeau empoisonné ? Tout porte à croire que ce statut a été institué par Faure Gnassingbé plus pour la consommation extérieure, une façon de faire croire que le Togo se conforme aux standards internationaux en matière de démocratie. En tout état de cause, l’application du décret d’application portant statut du chef de file de l’opposition, permettra à Faure de redorer son blason, en ce sens que cette décision lui donne davantage de crédit auprès des partenaires extérieurs. Faure voit ainsi son pouvoir conforté à travers cette mesure. Quant à Jean-Pierre Fabre, à qui le poste revient de droit, en tant que leader du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, il a intérêt à bien se tenir ! Il a longtemps contesté l’élection de Faure Gnassingbé. En acceptant le poste, il légitime le pouvoir du président togolais.
Ce regroupement devrait au moins avoir pour avantage de permettre à l’opposition d’être mieux structurée. Peut-être même que cette institution pourrait susciter une société civile forte au Togo, à condition bien sûr que les opposants ne soient pas des pantins manipulables à souhait. Il revient par conséquent à l’opposition de ne pas se laisser faire. Espérons que le pouvoir ne reviendra pas sur sa décision en dissolvant l’institution, si l’opposition parvenait à mieux s’organiser, et à être une menace pour le fauteuil de l’héritier de Eyadema.
Françoise DEMBELE