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AFFAIRE JOOLA : Règlement politico-diplomatique ou règlement judiciaire ?

 

Cela fait 14 ans que périssaient 1 863 âmes au large des côtes gambiennes, suite au naufrage du « Joola ». Le feuilleton judiciaire entamé depuis lors par les parents des victimes a connu de nombreux rebondissements. En effet, pas plus tard que le 14 juin dernier, la Cour d’appel de Paris a confirmé le non-lieu déjà prononcé en première instance. Cela, suite au verdict rendu par le Tribunal de Dakar. Tout se passe comme si ce ne sont pas des milliers de personnes qui ont péri dans cette tragédie puisqu’on tente de nous faire croire que personne n’en est responsable.  Pourtant, les faits parlent d’eux-mêmes et il y a bien des responsables. Et le commandant de bord ne pourrait porter, à lui seul, toute la responsabilité de ce méga-drame, comme l’a fait croire la justice sénégalaise en 2003. D’abord, parce que le ferry qui avait été conçu pour transporter 536 personnes avait à son bord près de 2000 passagers, ce jour-là.  Ensuite, l’on aurait pu se réjouir d’avoir plus de 65 survivants si les secours n’avaient pas pris tout leur temps avant d’intervenir. A qui donc la faute si ce n’est aux autorités sénégalaises de l’époque ? L’on comprend pourquoi, sous le régime d’Abdoulaye Wade, le dossier a été clos à dessein.

Autant le drame a été grand, autant le jugement est un grand scandale

Pire, c’est l’Etat sénégalais lui-même qui a encore fait des pieds et des mains pour que l’information judiciaire ouverte en France aboutisse à un non-lieu, au nom d’une certaine « immunité » dont jouissaient les dignitaires du régime de Dakar d’alors, pointés du doigt par le juge d’instruction français. Autant le drame a été grand, autant le jugement est un grand scandale, est-on tenté de dire. Car tout laisse croire que l’on a passé par pertes et profits la mort tragique de milliers de personnes pour garder au beau fixe les relations entre le Sénégal et la France. La France, terre natale des droits de l’Homme et attachée à la Justice, doit faire preuve de plus de discernement dans cette affaire. Ce d’autant que ce règlement ressemble plus à un règlement politico-diplomatique qu’à un règlement judiciaire. Or, le naufrage du « Joola » est considéré comme l’un des naufrages les plus tragiques du monde en temps de paix.  Espérons donc que l’action des familles des victimes en cassation portera fruit, même si, comme on le sait, dans le cas d’espèce, on ne s’intéresse seulement qu’à la forme du dossier sans entrer dans le fond. L’occasion est donc donnée à la France de se racheter afin que les responsabilités soient situées et que les ayants droit des victimes puissent se consoler. On attend de voir.

Adama SIGUE

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