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SCISSION AU SEIN DE BOKO HARAM : Faut-il s’en réjouir ?

 

Y aurait-il un problème au sein de Boko Haram? Pour les grandes oreilles du monde, les renseignements américains en l’occurrence, il ne fait pas de doute, le chef de la secte islamiste nigériane, Abubakar Shekau, ne fait plus l’unanimité autour de lui. La raison : son refus de suivre scrupuleusement les consignes du groupe  Etat islamique (EI) auquel il a fait allégeance. La véritable pomme de discorde serait l’utilisation des enfants comme kamikazes par Skekau, que rejette l’EI. Un groupe dissident de Boko Haram serait même déjà formé, selon le chef d’Africom, commandant central de l’armée américaine en Afrique. Faut-il s’en féliciter ou en pleurer? On savait plus ou moins que Skekau était physiquement diminué  du fait de la maladie qui le ronge et que tôt ou tard, il serait remplacé par quelqu’un d’autre. Et à ce qu’on dit, son successeur qui n’est autre que Bana Blachera, moins charismatique certes, et moins orateur que Mohamed Yusuf, fondateur de Boko Haram et Skekau, est néanmoins un logisticien très redoutable. Du reste, ce dernier aurait déjà conduit une opération avec succès, en l’occurrence l’attaque meurtrière de Bosso dans le Sud-Est du Niger, le 3 juin dernier. Mais, l’on ignorait jusque-là que le mur maléfique de Boko Haram se lézarderait au point de conduire à une scission. L’on peut dire que le mariage entre Boko Haram et l’EI n’aura pas apporté que du bien au mouvement terroriste nigérian, étant donné que cette scission pourrait le fragiliser davantage. Car, déjà même uni, il commençait à s’essouffler face à la coalition armée qui ne lui fait pas de quartier ces derniers temps. Mais aussi vraisemblables soient-elles, ces révélations d’Africom sont  à prendre avec des pincettes. D’autant que l’EI continue de diffuser les vidéos de tous les attentats commis par Boko Haram à son compte. En outre, cette information du patron d’Africom intervient au moment où l’EI est acculé  aussi bien en Irak, en Syrie qu’en Libye. Si bien qu’il n’est pas exclu que ce soit une stratégie de communication visant à saper le moral des combattants djihadistes.

La dispersion des forces profite à l’ennemi

En tous les cas, l’avenir nous le dira. S’agissant des raisons de cette scission présumée, l’on pourrait relever les incohérences de l’EI. En reprochant à Shekau l’utilisation des enfants kamikazes, l’EI voudrait-il laisser croire qu’il est plus humain? Si telle est sa pensée, il se trompe. Car, comme tous les groupes terroristes, il enrôle et quelques fois par la force, des mineurs pour en faire des guerriers. Mourir par bombe ou par balle, le résultat est le même. L’EI aurait été plus audible s’il avait demandé à Shekau et à sa bande d’arrêter de commettre des attentats meurtriers. En tout état de cause, si les allégations de l’Amérique s’avèrent exactes, ce serait la seconde grande dissidence au sein de Boko Haram, après celle qui avait conduit à la naissance du mouvement ANSARU. Mais quelles pourraient être les conséquences d’une telle scission pour le Nigeria et la sous-région?  La première pourrait être un éclatement de la secte et une multiplicité des mouvements terroristes, qui pourrait entraîner une recrudescence de la violence dans la sous-région. En effet, le nouveau mouvement pourrait se mettre à rivaliser avec l’ancien dans la commission des attentats. Toute chose qui pourrait rendre la tâche plus difficile aux forces de la coalition. Mais cette scission pourrait aussi constituer une aubaine pour ces armées qui pourraient en profiter pour écraser plus facilement ces groupes terroristes. Ne dit-on pas que la dispersion des forces profite à l’ennemi ?

Dabadi ZOUMBARA

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