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REVENDICATIONS DES MILITAIRES EN RCI : Ce qu’il en coûte d’être redevable à la soldatesque

Qui veut mettre du sable dans le « garba » des militaires ivoiriens ? En tout cas, sur les bords de la lagune Ebrié, ça grogne dans les rangs et de nombreux soldats ne sont pas contents. Alors là, pas du tout. Ils sont même très remontés contre les autorités d’Abidjan. Et pour cause, le nerf de la guerre. De Bouaké à Abidjan, en passant par Ferkéssédougou, Korhogo, Bondoukou et Abengourou, plusieurs centaines de « codos » sont sortis sans leur arme, mardi dernier, pour crier leur ras-le-bol d’attendre des arriérés de soldes qui n’en finissent justement pas de se faire attendre. Pour certains depuis 2009 et ce, jusqu’au premier semestre de 2011. A bout de patience, ces mécontents de la Grande muette ont tenu à se faire entendre des autorités, mais dans le calme, en précisant qu’il s’agit de « revendications » et non d’une « mutinerie ». La nuance est de taille. Nuance du reste très appréciée de l’Exécutif ivoirien qui s’est engagé à verser les arriérés d’ici à la fin de l’année 2014. Car, comme l’on ne peut en douter, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) n’a certainement pas envie de laisser les militaires prendre les armes et faire parler la poudre. Et on le comprend. Or, c’est ce qui pourrait bien arriver si ces derniers n’obtiennaient pas satisfaction, car sous nos tropiques, il n’est pas rare de voir le gros de la troupe tirer le diable par la queue, et Dieu seul sait s’ils tiennent à leur solde comme à la prunelle de leurs yeux. Voilà ce qu’il en coûte d’être redevable à la soldatesque. De fait, dans le cas d’espèce, avec la crise qu’a connue la Côte d’Ivoire, la Grande muette compte en son sein de nombreux ex-combattants qui ont été, pour certains, réinsérés dans l’armée, pendant que d’autres, qui n’ont pu réussir une bonne reconversion, sont allés grossir les rangs des chômeurs et autres désœuvrés. Tout ce beau monde peut avoir le sentiment d’avoir contribué à « installer » ADO au pouvoir et donc se dire qu’il est en droit d’attendre de lui le retour de l’ascenseur.

Pourquoi avoir pris tant de risques avec le salaire des militaires ?

Mais comme on peut le constater, l’objet de la pomme de discorde remonte au prédécesseur d’ADO. Toutefois, l’Etat étant une continuité, ce dernier n’a mis aucune difficulté à reconnaître la justesse des revendications des croquants et a donné illico presto « des instructions au Parlement pour régler le problème », selon le ministre de l’intérieur Ahmed Bakayoko. Dans tous les cas, ADO gagnerait à écouter la Grande muette. Et son empressement  à prendre en compte les revendications des soldats montre qu’il a pris la pleine mesure de la situation et des dangers qu’il court à avoir des militaires mécontents. Car, s’il n’y prend garde, ce problème pourrait être un véritable os en travers de sa gorge.

Par ailleurs, pour des problèmes qui remontent aussi loin, l’on peut se demander s’il y a eu du sérieux dans le suivi et le traitement de cette affaire. Pourquoi avoir pris tant de risques avec le salaire des militaires ? De même, il faut que les gouvernants africains cessent de donner l’impression qu’ils ne comprennent que le langage de la rue. Car, si les gens doivent obtenir satisfaction à la suite de revendications, ils auront toujours le sentiment, au bout du compte, d’avoir arraché par la force, ce qui leur revenait de droit. Or, il est bien connu qu’en matière de gouvernance, il faut savoir anticiper. Tout comme il faut, face à certains problèmes, savoir communiquer quand la situation le recommande. Car le silence peut être interprété comme un manque de considération voire de la négligence. Et cela peut être risqué, surtout quand on a affaire à des militaires.

Par-dessus tout, l’Afrique gagnerait à renforcer les mécanismes d’accession au pouvoir par des voies purement démocratiques. En cela, l’Union africaine (UA) devrait clairement inclure dans sa Charte, une clause de limitation stricte des mandats, pour combattre la tentation de longévité au pouvoir à la racine. Cela donnerait des chances au jeu de l’alternance et à la bonne gouvernance politique.

Outélé KEITA

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