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RAPT D’UN EXPATRIE ROUMAIN A TAMBAO : Le Burkina dans l’œil du cyclone terroriste

Le samedi 4 avril dernier, un expatrié roumain travaillant sur le site de la mine de manganèse de Tambao,  une localité frontalière du Mali et du Niger dans le Nord du Burkina, a été enlevé par des inconnus armés qui ont ouvert le feu sur son véhicule, blessant grièvement un élément de la sécurité et le chauffeur qui l’accompagnaient. Alors que les recherches se poursuivent, en collaboration avec les forces maliennes, nigériennes et de l’opération Barkhane, les Burkinabè continuent de s’interroger sur les mobiles d’un tel enlèvement. Qui ? Comment ? Et surtout pourquoi ? Beaucoup de questions qui n’ont pour le moment pas de réponses, d’autant plus que rien ne filtre de l’enquête, et que, jusque-là, l’enlèvement n’a pas été revendiqué. 

En attendant, les regards sont tournés vers les barbus qui écument le sahel malien et nigérien, deux pays voisins durement frappés par ces forces de l’obscurantisme,  et où le véhicule des ravisseurs aurait, selon toute vraisemblance, trouvé refuge. C’est pourquoi les Burkinabè craignent d’être tombés dans l’œil du cyclone terroriste. D’où la psychose qui est en train de s’installer dans les esprits, d’autant plus que c’est la toute première fois qu’un tel acte survient sur le territoire national.

Aucun pays n’est à l’abri de l’hydre terroriste

Et les questionnements qui  se poursuivent amènent à ne négliger aucune piste, si bien que certains se demandent s’il faut y voir un lien de causalité entre ce rapt et la polémique qui avait enflé autour de la diffusion du film « Timbuktu » du réalisateur Mauritanien Abderrahamane Cissako au dernier Fespaco, en raison de menaces supposées ou réelles de djihadistes. Ou si cela peut être mis en relation avec la chute de Blaise Compaoré dont les accointances avec des acteurs du conflit du Nord-Mali, à qui il avait donné gîte et couvert jusqu’à sa perte du pouvoir,   étaient un secret de Polichinelle. En tout cas, tout se passait comme s’il y avait une sorte de pacte de non agression tacite entre les deux parties, tant que ces derniers bénéficiaient des attentions voire des bonnes grâces de l’ex-locataire de Kosyam. Si ces hypothèses devaient se confirmer, cet acte ne signifierait ni plus ni moins qu’une dénonciation de ce pacte, ce qui exposerait le pays aux mêmes dangers que les pays dans lesquels sévissent ces individus aux motivations obscures.

Quoi qu’il en soit, le Burkina qui pouvait se vanter jusque- là d’être un îlot de sécurité dans cet océan d’insécurité sous-régionale, vient d’être frappé en plein cœur. Et cet enlèvement est la preuve qu’aucun pays n’est à l’abri de l’hydre terroriste. Dans le cas d’espèce, si l’on peut penser qu’étant traqués de toutes parts au Mali et au Niger, les djihadistes se cherchent de nouveaux espaces d’action, l’on peut aussi croire que le contexte sociopolitique de transition que vit le Burkina, avec tous ses soubresauts, a peut-être contribué à fragiliser le pays et à le rendre vulnérable. Si fait que les ravisseurs auraient bien pu profiter d’une situation de relâchement pour frapper et disparaître, dans une zone où ils avaient toutes les chances de réussir leur coup. Dans ces conditions, il faudrait craindre pour le Burkina. 

La lutte contre le terrorisme nécessite aussi la collaboration des populations

C’est pourquoi les autorités burkinabè sont particulièrement interpellées, parce que cet acte pourrait discréditer la Transition. Et la situation est d’autant plus cruciale qu’il est nécessaire de prendre des dispositions pour qu’un tel acte ne se reproduise plus. Car il y va de la crédibilité des autorités de la Transition. C’est pourquoi  l’on peut dire qu’elles font là leur baptême du feu, sur leur sol, face à la menace terroriste   largement répandue dans la sous-région. Face à ce qui pourrait s’apparenter à un manque d’anticipation et de prévision, les autorités de la Transition n’ont pas meilleure manière de se  racheter que d’œuvrer à une résolution rapide et heureuse de la situation. Autrement, plus les choses traîneront, plus elles seront sur la sellette.

En tout état de cause, l’on aurait dû trouver une solution de substitution en face du vide sécuritaire laissé par  Blaise Compaoré.  Désormais, il y a la nécessité pour chaque pays de travailler à sécuriser ses frontières, pour mieux sécuriser ses populations. Après ce rapt qui ressemble à un camouflet pour nos services de renseignements et de sécurité, point n’est besoin de rappeler la nécessité de renforcer le dispositif sécuritaire non seulement sur les sites miniers, mais aussi et surtout sur l’ensemble du territoire national. Car, il faut que cela serve de leçon. Surtout, si le pays veut continuer à jouir de sa réputation  de pays sûr. Cela implique une vigilance accrue et de tous les instants, dès lors que l’on connaît le mode opératoire de ces individus qui agissent toujours par surprise. Mais la lutte contre le terrorisme nécessite aussi la collaboration des populations, qui ne doivent pas hésiter à signaler ou à dénoncer aux forces de sécurité tout comportement suspect d’individus. Il y va de la sécurité de tous. Au demeurant, il apparaît évident que la sécurité du Burkina dépend aussi de la stabilisation des foyers du terrorisme, notamment le Mali et le Niger qui sont ses voisins immédiats.

Au-delà, d’autres pays de la sous-région qui ont été jusque-là relativement épargnés, seraient bien inspirés de redoubler de vigilance, car il ne fait plus l’ombre d’un doute que ces individus sans foi ni loi, n’ont d’autre ambition que d’élargir le plus largement possible leur influence sur les territoires africains.

« Le Pays »

 

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