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PROCES DE LOOKMANN SAWADOGO: « La liberté de la presse est visée», selon l’UNIF

Ceci est une déclaration de l’Union de la presse indépendante du Faso à propos du procès de notre confrère Lookmann Sawadogo, qui, en principe, s’ouvre ce matin au Tribunal de grande instance de Ouagadougou.

 Communiqué relatif au procès intenté par les 6 juges de la Commission d’enquête du Conseil supérieur de la magistrature contre le Directeur de publication de « Le Soir ».

L’Union de la presse indépendante du Faso (UNPIF) s’est réunie pour sa troisième réunion hebdomadaire dans le cadre du processus de sa mise en place déclenché depuis l’assemblée générale constitutive de fin juin 2017.

L’ordre du jour portait sur un point unique, à savoir le procès intenté contre le directeur de publication du journal « Le Soir » par les membres de la Commission d’enquête du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Après avoir écouté le mis en cause et fait une analyse approfondie de la question, les membres ont décidé à l’unanimité de publier le présent communiqué de presse et proposé qu’au niveau de la signature une ouverture soit faite à toutes les structures de médias, organes de presse et associations.

L’opinion publique nationale et internationale a appris par voie de presse qu’un éditeur de la presse privée burkinabè et journaliste de son état, M. Lookmann Sawadogo, Directeur de publication du journal « Le Soir » est cité à comparaître devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, le 13 juillet 2017, pour diffamation.

Les plaignants au nombre de six (6) sont tous de hauts magistrats burkinabè, au nombre desquels, le Procureur général du Faso, tous membres de la Commission d’enquête sur la corruption en milieu judiciaire créée par le Conseil supérieur de la magistrature à l’effet de faire la lumière sur toutes les dénonciations relatives à la corruption des juges.

L’article de notre confrère, publié le 5 avril 2017, sur la page Facebook de son journal levait le lièvre sur l’existence d’une plainte contre un des membres de ladite Commission en usant de toutes les précautions journalistiques qui siéent en la matière,  notamment en usant de la forme interrogative et du conditionnel, en ne citant pas de nom et en se gardant de donner des indices pouvant permettre d’identifier la personne concernée.

Dix jours plus tard un autre confrère, l’Observateur Paalga, dans sa rubrique une Lettre pour Laye du 14 avril 2017, confirmait l’information de « Le Soir ».

Un communiqué signé du président de la Commission d’enquête, le juge Kondé Mazobé Jean, et rendu public le 27 avril 2017 confirmait de manière explicite également les faits en ces termes : « A ce jour donc, la Commission a auditionné plus de cent cinquante personnes dans la cinquantaine de dossiers y compris un dossier initié par un monsieur Balima dont la plainte a été enregistrée le 16 mars 2017 à son secrétariat. Six personnes ont déjà été entendues dans le dossier et les premières auditions remontent au 30 mars 2017. Elle s’apprête à auditionner les personnes mises en cause ».

La Commission a exposé son mode de travail et la méthodologie utilisés par elle au grand public en laissant entendre qu’elle s’est basée principalement sur les dénonciations de la presse.

Contre toute attente, c’est la dénonciation faite par notre confrère qui lui vaut de se retrouver aujourd’hui poursuivi devant la Justice et à qui ses requérants réclament à titre de dommages et intérêts la somme de 60 millions de F CFA.

Revenant au contexte dans lequel cette assignation a été faite, l’on notera avec stupéfaction que c’est toute la Commission composée de six (6) magistrats représentants les syndicats de la magistrature et les premiers responsables de tous les ordres judiciaires qui partent en croisade judiciaire devant leurs propres tribunaux contre un journaliste. L’incertitude est donc très grande sur l’équité de ce procès, tant il apparaît un déséquilibre flagrant entre les parties, avec une possibilité évidente de partialité du Tribunal.

C’est le lieu d’affirmer avec force que la liberté de la presse est ici visée et la profession de journaliste sérieusement menacée ainsi que le droit à un procès équitable garanti par la Constitution à tous les citoyens burkinabè.

En tout état de cause et face à ce qui se profile à l’horizon, l’Union de la presse indépendante du Faso :

– témoigne toute sa solidarité et son soutien au confrère Lookmann Sawadogo, et au journal « Le Soir » dont le sort serait définitivement scellé si d’aventure les condamnations demandées étaient acceptées ;

– prend à témoin l’opinion nationale et internationale, les partenaires du Burkina Faso et les organismes de défense des droits de l’Homme sur la tentative d’intimidation et de mise au pas de la presse et surtout de la menace avérée sur la liberté d’expression et de presse au Burkina Faso ;

– redoute le corporatisme et la partialité dans la procédure judiciaire en cours contre notre confrère ;

–  rappelle que les journalistes ne peuvent être poursuivis dans le cadre de leur travail de collecte, de traitement et de diffusion de l’information, pour ce qui concerne les délits de presse, qu’en vertus de la loi portant liberté de presse au Burkina Faso. Et, en ce sens, toute autre procédure serait arbitraire et une grave violation des droits de la presse que l’on ne saurait tolérer ;

– suit de près le dossier et s’engage, par ailleurs, à mettre tout en œuvre pour que le journaliste Lookmann Sawadogo ait droit à un procès équitable et juste qui lui garantit tous ses droits constitutionnels ;

– lance un appel aux confrères et à tous les Burkinabè épris de justice, de démocratie à se mobiliser pour soutenir le journaliste Lookmann Sawadogo et tous les journalistes contre toutes les formes d’abus d’où qu’elles viennent.

 Fait à Ouagadougou le 11 juillet 2017

 Ont signé :

1- André Eugène Ilboudo

(Président de l’Association des médias communautaires)

2- Adama Guébré

 (Directeur de publication de L’Œil du Faso)

3- Juvénal Somé

(Directeur de publication de Burkina Hebdo, Président du Forum Electoral des médias d’Afrique)

4- Souleymane Traoré

(Directeur de publication de Le Quotidien)

5- Joseph Ouédraogo

(Directeur de publication de L’Etendard)

6- Issiaka Lingani

(Directeur de publication de L’Opinion)

7- Youssouf Kiéma

(Directeur de publication de Le nouvel informateur- Bobo),

8- Yssouf Ouédraogo

(Représentant Medias Foundation for West Africa (MFWA) au Burkina, Président de l’Association des journalistes culturels du Burkina)

9- Issouf Sidibé

(Directeur de publication de Notre voix)

10- Ambroise Tapsoba

(Directeur général de Radio Optima)

11- Adama Ouédraogo

(Directeur de publication de Le Dossier)

12- Evariste Zongo

(Président de l’Association des Editeurs et promoteurs des journaux en langue nationale-AEPJLN)

13- Roger Sawadogo

(Directeur de publication de Le Soleil)

14- Salifou Guigma

(Directeur général de Horizon Fm)

15- Zéphirin Kpoda

(Directeur de publication de L’Hebdomadaire du Burkina)

16-Abdoul Karim Ouédraogo

(Directeur Général de Radio Solidarité / Ouahigouya)

17- Emmanuel Bamogo

(Directeur Général de Radio Manegenoogo / Kaya)

18- Fabrice Tapsoba

(Directeur Général de Radio Tilgré FM / Koudougou)

19- Boubacar Ouattara

(Directeur de publication du Réveil du Faso)

20- Issouf Saré

(Directeur Général de BF1)

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