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Problématique de l’aide publique au développement : voici ce que recommande le CERA-FP pour une plus grande efficacité

 Dans le cadre du projet « Renforcement des bonnes pratiques et des mobilisations citoyennes en faveur de politiques publiques adaptées à la réduction des inégalités au Sahel », le consortium Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA/FP), Balai citoyen et l’Association des femmes juristes du Burkina Faso (AFJ/BF), en partenariat avec Oxfam Burkina, a commandité une étude portant sur l’efficacité de l’Aide publique au développement (APD). La restitution des travaux de l’étude a eu lieu le 23 juin 2022, au Centre Cardinal Paul Zoungrana, à Ouagadougou, en présence du président du Conseil d’administration du CERA-FP, Abdoul Dembélé, du secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio et des participants issus de la société civile, d’institutions étatiques, etc.

962,80 millions dollars. C’est ce que le pays des Hommes intègres reçoit, en moyenne chaque année, ce depuis son indépendance, au titre des aides matérielles, financières ou techniques, selon l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Des aides qui représentent 14% du RNB (Revenu national brut) depuis 2005 et 52.7% du budget national, si l’on en croit l’INSD. Une situation qui met à nu la forte dépendance du pays vis-à vis des appuis extérieurs pour le financement de son développement. Mais sur le terrain, les résultats escomptés ne sont pas à la hauteur des attentes des populations car la situation socio-économique reste toujours difficile.  Si fait que bien des personnes se demandent s’il faut encore continuer à bénéficier de cette aide? C’est au regard de cette interrogation que le consortium CERA-FP, le Balai citoyen et l’AFJ/BF, en partenariat avec Oxfam Burkina, a initié cette étude pour voir les difficultés et dans quelle mesure le centre peut faire des propositions pour améliorer l’efficacité de ces ressources. L’aide, faut-il le souligner,  se fait sous forme multilatérale, bilatérale ou avec l’apport des ONG.

Le PCA du CERA-FP, Abdoul Dembélé (au milieu) et le secrétaire exécutif du CERA-FP, Hermann Doanio (dr)

Selon le PCA du CERA-FP, Abdoul Dembélé qui a présenté l’étude, les résultats montrent que d’importants efforts sont faits en matière d’éducation, de santé, d’agriculture, de la réalisation des infrastructures mais des difficultés demeurent pour une bonne efficacité. Il a évoqué les difficultés liées à la mobilisation des ressources en lien avec la conjoncture internationale, à la gestion et la coordination de l’APD, à la gouvernance. « La gestion des ressources de l’APD est empreinte de corruption et de manque de transparence. De plus, une bonne partie de ces ressources ne sont pas comptabilisées dans le budget de l’Etat échappant ainsi aux contrôles budgétaires. Enfin, le manque de transparence entraine souvent des doublons dans certains projets/programme financés par l’APD », indique l’étude. Mais au fait, peut-on se passer de l’APD? A cette question d’un journaliste, le PCA a souligné que l’aide est un instrument de financement au même titre que les autres instruments de financements. « Ce qui se pose comme difficultés dans notre contexte, c’est comment cette aide est utilisée. Nous avons un souci au niveau de la gouvernance, de la transparence, qui devrait faire en sorte que l’argent que l’on reçoit puisse être utilisé pour ce pour quoi nous l’avons demandé. Pour nous, le problème n’est pas l’aide en elle-même mais comment nous l’utilisons pour conduire notre processus de développement », a répondu M. Dembélé. C’est pourquoi et au regard de ces difficultés, l’étude a préconisé l’amélioration de la capacité d’absorption de l’aide, la bonne gouvernance afin de permettre une utilisation efficace des ressources, la recherche des financements innovants, l’allègement de la dette afin de rendre l’aide efficace, la prévisibilité de l’aide sur une base pluriannuelle, etc. Pour une plus grande efficacité de l’aide, l’étude a recommandé entre autres de développer des alternatives au niveau national permettant de contenir les effets des instabilités liées au contexte international afin de maintenir le cap en cas de tarissement ou de suspension des financements extérieurs, d’inclure dans la politique de recours aux financements extérieurs,  les questions stratégiques pour la consolidation et l’autonomisation du socle de développement, d’améliorer l’identification et le ciblage des projets/programmes en mettant l’accent sur les secteurs productifs à fort impact sur le développement et d’intensifier les actions de lutte contre la corruption par l’application effective de sanctions et l’amélioration de la transparence.

Aux partenaires, l’étude demande de garantir le respect des engagements en améliorant la prévisibilité de l’aide et le respect des principes d’efficacité de l’aide, d’accroitre les ressources au profit des secteurs de construction des capacités réelles et endogènes de développement (recherche et innovation, transfert de technologie, etc.) et de subordonner l’octroi de l’APD à l’atteinte de résultats tangibles.

Colette DRABO

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