Le 30 mars dernier, a eu lieu l’investiture du président élu de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadéra. A l’occasion, un nombre impressionnant d’invités de la Communauté internationale ainsi que des présidents de pays voisins, en l’occurrence le dictateur Sassou Nguesso du Congo Brazzaville et Teodoro Obiang N’guema de la Guinée équatoriale ont répondu présents. Le Camerounais Paul Biya, comme à son habitude, était absent à ce rendez-vous qui a réuni démocrates et antidémocrates. En effet, la présence d’une centaine d’acteurs internationaux à cette cérémonie d’investiture apparaît comme un signe de soutien au pays, au nouveau pouvoir notamment, un encouragement dans le tournant historique qu’il va amorcer avec plusieurs défis. Associer les satrapes à cette investiture qui est une grand’messe de la démocratie est une occasion où ces dictateurs viendront « boire la honte » dans la mesure où dans leurs pays respectifs, ils ont cassé tous les ressorts de la démocratie pour ne laisser place qu’à la dictature. On le sait, le Tchadien Idriss Déby fait office de gendarme de la sous-région, et il est mieux de l’avoir avec soi que contre soi. Il a joué un rôle important dans la crise centrafricaine, et la présence de son représentant aux côtés de Faustin-Archange Touadéra à cette investiture est utile.
Archange aurait vu grand en invitant à cette investiture par exemple François Bozizé, Michel Djotodia
Le Brazzavillois, on se rappelle, fut le médiateur mandaté de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEAC). En effet, c’est à Brazzaville au Congo que s’était tenu le grand forum sur la RCA. En réalité, certains pays voisins de la RCA ont souvent constitué des bases arrières pour les rébellions qu’a connues la Centrafrique. De par leur présence, les pays voisins de la RCA donnent le gage de leur engagement à accompagner, sinon appuyer les nouvelles autorités dans les grands chantiers du développement qui les attendent. Les représentants des institutions internationales, des autres pays d’Afrique et des autres continents devront aussi traduire en soutien ferme à la RCA, leur présence à cette investiture, au cas où Faustin-Archange Touadéra et sa future équipe auront des problèmes dans un futur proche. Car la RCA revient de loin et elle a besoin du soutien de la communauté internationale pour réussir la réconciliation nationale, l’instauration d’une justice sociale afin d’amorcer le développement. En cela, les autres fils et filles du pays, acteurs de la crise passée, ne devraient pas se gêner d’être à cette célébration de la démocratie et de la fin de la guerre. Archange aurait vu grand en invitant à cette investiture par exemple François Bozizé, Michel Djotodia, pour ne citer que ces deux ex-acteurs de la classe politique centrafricaine et cela, au nom de la réconciliation nationale, premier chantier qui l’attend. Il ne l’a pas fait et politiquement, on peut le déplorer.
Lonsani SANOGO