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LUTTE CONTRE LA MENDICITE DES ENFANTS AU SENEGAL : Un combat contre des moulins à vent ?

L’opération « coup de poing » contre la mendicité des enfants au Sénégal, se poursuit. Elle a déjà permis à 119 enfants d’être retirés de la rue et remis à leurs parents, tuteurs ou maîtres coraniques, contre la promesse de ceux-ci de ne plus les amener à mendier. En effet, le gouvernement sénégalais a décidé de prendre à bras-le-corps le problème de la mendicité des enfants et envisage un accompagnement des familles et des écoles coraniques incriminées. Après la phase de sensibilisation, ceux qui enverraient de nouveau des enfants dans la rue, seront sanctionnés.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette décision du gouvernement sénégalais de lutter contre la mendicité des enfants, est à saluer à sa juste valeur.
Car on ne le sait que trop bien, la place d’un enfant, ce n’est pas dans la rue, mais à l’école seule capable de garantir un avenir meilleur à celui-ci. D’autant qu’il est exposé à tous les maux : la drogue et le banditisme, pour ne citer que ceux-là.
Cela dit, cette décision de lutter contre la mendicité des enfants, ne pouvait pas mieux tomber, au regard du contexte sécuritaire sous-régional et de la menace djihadiste qui pèse sur le Sénégal. C’est bien connu, les enfants sont très vulnérables si fait qu’ils peuvent devenir des proies faciles pour les djihadistes pour perpétrer des actes terroristes. Boko Haram en a donné la preuve.
Toutefois, il faut reconnaître que la frange de la société sénégalaise qui voit en cette décision du gouvernement, un simple effet d’annonce, a des raisons d’être sceptique. Le phénomène de la mendicité est si ancrée dans les mœurs des Sénégalais, qu’on peut se demander si vouloir lutter contre ledit phénomène, n’est pas un combat contre des moulins à vent. En effet, la présence des talibés dans la société est nécessaire pour des raisons culturelles et cultuelles. L’ouvrage «La grève des battus » de Amina Sow Fall ne dit pas autre chose.

L’implication de tous, particulièrement des leaders religieux, est incontournable

Certes, il est fréquent de voir des parents envoyer leurs rejetons chez les maîtres coraniques pour apprendre les préceptes de l’Islam ; ce qui n’est pas condamnable en soi. Mais lorsque les parents le font sans pour autant faire suivre les moyens de prendre en charge leur progéniture, cela pose problème. Et les maîtres coraniques n’ont pas d’autre choix que d’obliger leurs élèves à tendre la sébile pour s’en sortir. Cette fuite de responsabilité de certains parents dans l’éducation de leurs enfants, ouvre donc un boulevard à certains maîtres coraniques véreux pour exploiter au mieux ces élèves.
En outre, il ne faut pas perdre de vue que les enfants livrés à la pauvreté, font aussi la manche. La mendicité de ces derniers n’a aucune connotation religieuse et ils méritent également d’être pris en charge.
C’est dire que le gouvernement sénégalais a du pain sur la planche. Pour relever ce défi titanesque, il doit nécessairement prendre des mesures d’accompagnement et c’est heureux que celles-ci aient été annoncées par les autorités sénégalaises. De même, l’implication de tous, particulièrement des leaders religieux, est incontournable.

Thierry Sami SOU

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