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Frédéric Pakodé, humoriste burkinabè : « depuis que j’ai commencé l’humour, il n’y a qu’une seule personne qui m’a envoyé 2 000 F CFA pour charger des mégas »

Celui que votre média actuburkina a reçu comme invité cette semaine est un humoriste-comédien, mais surtout évangéliste. Sa particularité est que son humour se base sur les Saintes-Ecritures pour sensibiliser, évangéliser et ramener le maximum de « brebis égarées » à Dieu le Père. Lui, c’est l’évangéliste Frédéric Pakodé. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses ambitions et son regard sur l’humour au Burkina. Découvrons qui est réellement Frédéric Pakodé !

 Depuis quand êtes-vous dans l’humour et pourquoi ce choix ?

 Il faut dire que j’ai d’abord commencé par le théâtre en 2005 avec une troupe qui n’a malheureusement pas tenu longtemps. Après cela, je me suis retrouvé à l’église avec des troupes qui prestaient lors des fêtes de Noël et autres manifestations. Au fur et à mesure, je perfectionnais le talent que j’avais dans le domaine théâtral. En 2008, on a commencé à faire du théâtre radiophonique sur des radios évangéliques à Ouagadougou et il y avait une très forte audience.  Je ne peux pas vous dire avec exactitude le nombre de sketchs que nous avons joués mais une chose est sûre, ils dépassent la centaine.  En 2015, je me suis retrouvé dans le cinéma et notre 1er film intitulé « La folie de Raogo » ; en 2018, avec « Bud laaga » ; en 2020, nous avons produit « Zin biig n meneme ». En 2022, il y a eu « Yamba », et en 2023, « Wambi ». Tous ces films s’inscrivaient dans une dynamique d’évangélisation des fidèles. Petit à petit, je me suis retrouvé dans l’humour et voilà où j’en suis aujourd’hui.

Et quels sont les différents sujets que vous abordiez dans ces films ?

Je parle de l’idolâtrie qui est différente de la tradition, du vol, invitant les gens à faire le bien au lieu du mal, bref c’était des sujets de conscientisation, de moralisation.

Vous êtes un évangéliste et votre humour s’appuie sur les Saintes écritures pour interpeler les gens. Ne recevez-vous pas de vives critiques de la part de ceux qui vous suivent ?

Je reçois pleines de critiques négative mais aussi des appréciations positives. On ne peut pas plaire à tout le monde et comme c’est un domaine religieux, c’est sensible. En Afrique, certains se disant hommes de Dieu, utilisent la Bible pour exploiter leurs semblables. Ce sont des pratiques du genre que je dénonce et cela ne peut pas forcément plaire à tout le monde mais la vie est ainsi faite. Mais je retiens que ceux qui apprécient positivement ce que je fais sont les plus nombreux et cela me donne la force pour continuer ma mission d’évangélisation. Tout compte fait, mon inspiration vient de Dieu et je sais que les messages véhiculés à travers mes sketchs ne laissent pas les gens indifférents.

L’humouriste Frédéric PAKODE pendant l’interview

 

Les responsables de votre église ne voient-ils pas d’un mauvais œil ce que vous faites ?

Concernant les responsables de mon église, aucun d’entre eux ne m’a fait de reproche sur quoique ce soit d’abord. Ils me suivent de près et je sais qu’en cas de débordement  je serai interpellé pour un recadrage. J’essaie d’être le plus pragmatique possible, et les responsables de mon église apprécient ce que je fais.

Quelle autre activité menez-vous en dehors de l’humour ?

  Je suis un fabriquant de mangeoires (accessoires d’élevage de la volaille) et c’est ce boulot qui me permet de nourrir ma famille.

Entre l’humour que vous faites et la fabrication de mangeoires, lequel vous rapporte le plus financièrement ?

Je dois vous dire que depuis que j’ai commencé à faire l’humour, il n’y a qu’une seule personne qui m’a envoyé 2 000 F CFA pour charger des mégas. C’est la passion, c’est l’amour pour le métier qui fait que je me donne à fond, sinon je ne vis que de la fabrication des mangeoires. Et chaque semaine, je dépense plus de 9 000 F CFA pour les mégas que j’utilise pour la publication de mes vidéos de sensibilisation. Je ne gagne rien en retour.

Et cela ne vous décourage-t-il pas ?

Non cela ne me décourage pas. Au contraire, cela me galvanise à toujours chercher à aller de l’avant parce que quand je poste les vidéos, il y a beaucoup de réactions positives, des gens apprécient bien et cela me donne la force de continuer.

Quels sont vos projets ?

Il s’agit d’améliorer ce que je fais déjà pour pouvoir toucher le maximum de personnes. La plupart de mes sketchs sont en mooré et bien des personnes m’ont approché pour me dire pourquoi ne pas en faire autant en français afin de toucher plus de followers. J’ai donc décidé, dans les jours à venir, de sous titrer tout ce que je fais également en français.  Cela permettra de faire voyager mes sketchs bien plus loin.

Un scketch sur le civisme et l’incivisme

Quels sont vos rapports avec les autres humoristes ?

Je n’ai pas encore de contacts avec eux. Mais je dois vous dire qu’il y a pas mal d’entre eux qui m’inspirent. Côté cinéma je peux parler de M’Babouanga, et du coter de l’humour je peux citer le groupe « Gombo.com ». Il y en a bien d’autres mais je n’ai pas encore eu de contact avec eux.

Justement, que pensez-vous de l’humour au Burkina ?

Nombreux sont ceux qui sont très talentueux et font la fierté du Burkina. Le contexte dans lequel se trouve le pays, nécessite une bonne dose d’humour pour déstresser, oublier un tant soit peu ce que nous vivons. De nos jours, l’humour est très important dans nos sociétés. Il y a beaucoup de talents et je pense que l’humour se porte bien.

Un sketch sur le pardon

 

Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui veut se lancer dans l’humour ?

Les conseils que je peux donner, c’est d’avoir confiance en soi-même. Tu peux t’inspirer d’une personne mais tu ne peux pas être exactement comme cette personne.  Donc il faut toujours chercher à demeurer soi-même, apporter sa touche particulière, se faire une identité dans le milieu.

Quel est votre message à l’endroit de ceux qui vous suivent ?

Je leur dis grandement merci pour la confiance placée en moi. Nombreux sont ceux qui me suivent et si je tiens toujours, c’est grâce à eux. Donc je leur demande de continuer à me soutenir, de liker et de partager mes vidéos pour les faire voyager le plus loin possible.

Propos recueillis par Colette DRABO

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