A l’appel de groupes d’opposition Oromo et Amhara, les deux principales ethnies du pays qui regroupent près de deux tiers de la population éthiopienne, des manifestations antigouvernementales ont agité plusieurs régions du Centre, de l’Ouest et du Nord du pays ce week-end.
Selon des bilans encore provisoires recueillis ce 8 août auprès de l’opposition et de source diplomatique, une cinquantaine de personnes ont été tuées samedi et dimanche en Ethiopie lors de manifestations antigouvernementales violemment réprimées par les autorités dans les régions Oromo (centre et ouest) et Amhara (nord).
Vendredi, le Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn avait annoncé l’interdiction des manifestations « qui menacent l’unité du pays » et avoir autorisé la police à utiliser tous les moyens nécessaires pour les empêcher. Mais rien n’y fit malgré la répression. Les autorités bloquent depuis vendredi soir l’accès aux réseaux sociaux, moyen de communication privilégié des activistes.
Le lendemain samedi, la manifestation a été plus significative car elle est la première à Addis Abeba depuis le début d’une vague de protestations de la part des Oromo et des Amhara, qui pour la première fois manifestaient ensemble contre le gouvernement. Dans l’après-midi, l’accès à internet était quasi impossible à Addis Abeba. Ces manifestations témoignent d’un ressentiment grandissant de ces deux groupes, qui estiment être discriminés en faveur des Tigréens, accusés d’occuper les postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité.
Il faut signaler que ces protestations ont débuté il y a plusieurs mois en région Oromo et ont gagné il y a quelques semaines la région Amhara.
Entre novembre et mars, des manifestations Oromo contre un projet d’appropriation de terres avaient fait plusieurs centaines de morts, selon des organisations de défense des droits de l’Homme.
A Gondar, où les Amhara protestent contre la décision du gouvernement éthiopien de rattacher le district de Wolkait à la région voisine du Tigré, les manifestations ont déjà fait au moins une douzaine de morts dans des heurts avec la police, selon les autorités éthiopiennes.
