144 voix contre 125 ; c’est le score obtenu par Herman Mashaba, candidat de l’Alliance démocratique (DA), pour le compte des élections municipales dans la ville de Johannesburg en Afrique du Sud, face à son rival du Congrès National Africain (ANC), Mpho Parks Tau. Ainsi, pour la première fois de l’histoire, depuis la fin de l’apartheid, cette cité échoit aux mains de l’opposition. Et ce n’est pas tout, l’opposition sud-africaine a désormais la gestion de trois autres grandes métropoles, à savoir, Pretoria, le Cap et Port Elizabeth. Il faut le dire, pour le cas de Johannesburg, c’est le « tout sauf l’ANC » qui a valu à l’opposition de rafler plus de sièges et de mettre en ballotage la majorité. Ce qui constitue un signal fort envoyé aux leaders de l’ANC, qui n’ont fait que se distinguer par leur incurie face aux frasques du président Jacob Zuma. En effet, pris entre des affaires de corruption, de gabegie et autres scandales, le président sud-africain n’a fait que ternir l’image de l’ANC qui était déjà mal en point, du fait de son incapacité à gérer les problèmes sociaux du pays.
Le mieux pour l’ANC, c’est d’écarter Zuma pendant qu’il est encore temps
Contre toute attente, au lieu d’être poussé vers la sortie, le président Zuma a bénéficié de l’appui des ténors de l’ANC pour se maintenir au pouvoir. Mieux, il a continué dans son entêtement en multipliant les scandales. Alors, quoi de plus normal que l’ANC soit sanctionné aujourd’hui par le peuple ! Le parti paie pour les frasques de Zuma. Ce dont ont besoin les Sud-Africains, ce sont de meilleures conditions de vie avec à la clé, des emplois décents. Pourtant, sur cette question également, l’ANC n’a pas été à la hauteur. Le taux de chômage connaît de nos jours une pointe avec son corollaire de grand banditisme. Pendant ce temps, les dirigeants se laissent aller à une gabegie sans précédent. Pas étonnant donc que les ténors du parti se soient tus sur la gestion calamiteuse du pouvoir par Jacob Zuma. A cette allure, l’on peut dire que le parti court à sa propre perte, s’il ne se ressaisit pas à temps. En effet, si l’ANC a perdu dans les villes, il faut s’attendre, pour les prochaines élections, à ce qu’il fasse de très mauvais scores dans les campagnes. C’est vraiment la fin d’une époque, est-on tenté de dire. Le mieux pour l’ANC, c’est d’écarter Zuma pendant qu’il est encore temps. Et ce n’est pas tout, le parti doit travailler à opérer sa mue. Un sursaut qui doit forcément venir de la jeune génération, les ténors étant d’une manière ou d’une autre mouillés dans des affaires et n’ayant donc pas intérêt à ce que Jacob Zuma quitte la scène au risque de couler avec lui.
Adama SIGUE
