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Augusta Palenfo, réalisatrice Burkinabè : « La culture est une industrie culturelle qui peut se défendre toute seule »

  Elle fait partie des dignes représentantes de la culture burkinabè car elle à son arc, plusieurs cordes. Actrice, metteuse en scène, organisatrice d’événementiels, réalisatrice, productrice, Augusta Palenfo, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a su se frayer un chemin honorable dans le milieu culturel burkinabè. Invitée de actuburkina, le 20 décembre dernier, c’est sans gants que la dame aux multiples casquettes s’est prononcée sur divers sujets. A l’en croire, le manque de financements des activités culturelles est une réelle préoccupation pour les acteurs du domaine. Mais loin de courber l’échine, elle plaide pour la mise en place d’une bonne industrie culturelle, car, dit-elle, « la culture est une industrie culturelle qui peut se défendre toute seule ». Lisez !

 Comment se porte Augusta Palenfo ?

Augusta Palenfo se porte très bien. Par la grâce de Dieu, je vais bien, ainsi que ma famille.

On le sait, vous êtes une metteuse en scène, une actrice, une organisatrice de festival, une réalisatrice. Cela fait beaucoup de cordes à votre arc. Comment arrivez-vous à gérer toutes ces casquettes surtout en tant qu’épouse et mère ?

Merci beaucoup de vous intéresser à ma vie. Je dis toujours qu’il faut savoir faire la part des choses. Dehors, je suis promotrice, actrice, entrepreneuse et à la maison, je suis femme au foyer. Je sais faire la part des choses. Je connais quand est-ce que je dois être mère, quand est-ce que je dois être entrepreneuse et, donc tout se passe bien. J’essaye de faire juste mon planning pour satisfaire et mon boulot et ma famille, donc franchement tout se passe bien.

Et vous arrivez à tirer votre épingle du jeu ?

Oui

Votre deuxième film ‘‘ Madame l’ambassadrice’’ est sorti en 2022. Comment ce film (long métrage) a-t-il été accueilli par le public burkinabè ?

Je dirai que c’est le film qui m’a le plus révélée. C’est cette réalisation qui m’a le plus fait voyager, qui m’a plus révélée au monde parce que ce film a été vu dans beaucoup de pays africains, dans des festivals, en Europe je veux dire, parce qu’il est passé dans beaucoup de salles de ciné. Et, aujourd’hui, je peux compter sept prix glanés avec ce film. D’abord, tout a commencé aux Sotigui Awards en 2022, où il a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine, meilleure interprétation masculine. Et, après c’est parti dans un festival au Bénin où on a eu le prix de la meilleure réalisation féminine et du meilleur long métrage. Il a eu le prix de la meilleure réalisation à un festival ici. Je n’ai pas tout en mémoire, mais il faut se dire que ‘‘Madame l’ambassadrice’’ a fait son chemin et je suis très contente. Et, c’est le même film qui a fait le plein de la salle de ciné Saint André des arts de Paris où il a même refusé du monde. Pour cela, je ne peux que rendre grâce à Dieu. Et ça continue puisque je le fais voir aussi en projection privée. Cela veut dire que si vous avez votre société et que vous voulez voir ‘‘Madame l’ambassadrice’’ entre collègues, entre ami(e)s à la maison, etc, vous payez un caché et nous, on vient vous projeter le film dans votre salon tranquillement avec quelques comédiens qui seront là et après, il y a un temps d’échanges pour discuter pour voir comment vous avez compris la chose. S’il y a des questions, on répond et on fait des photos.

 

La réalisatrice Augusta PALENFO

 

Le film a glané beaucoup de prix, et bientôt c’est le FESPACO. Est-ce que ‘‘Madame l’ambassadrice’’ sera présenté pour cette édition 2025 ?

 Non, pas ‘‘Madame l’ambassadrice’’. Cependant, nous avons fait un troisième long métrage intitulé ‘‘Ouango’’ qui n’est pas encore sorti mais qui, par la grâce de Dieu, a déjà eu deux trophées, à savoir le trophée du meilleur espoir africain aux Sotigui Awards par Ingrid Sanon, celle-là même qui a joué le rôle principal. Et récemment, en Centrafrique, la même actrice a eu le prix de la meilleure interprétation féminine. Je vous assure que c’est une grâce parce qu’il faut se dire que ce festival-là est un grand festival qui regroupe des films qui ont en moyenne des budgets compris entre 300 millions, 500 millions ou le milliard mais nous, nous l’avons fait avec un petit budget, soutenu en cela par le Fonds de développement culturel et touristique (FDCT), en collaboration avec l’Union européenne.  Remporter un prix à ce festival, est une grâce. Nous avons déposé pour le FESPACO, et nous attendons tranquillement que les résultats sortent en janvier. Nous croisons les doigts espérant que nous serons retenus afin de montrer aussi ce film à tous ces festivaliers qui seront là et à la population burkinabè.

On sait que réaliser un film comme vous l’avez dit, c’est beaucoup d’argent et vous organisez aussi un festival comme le FIRHO dont vous êtes la promotrice. Bénéficiez-vous de soutiens de la part des autorités, de sponsors ?

Les sponsors sont plus que de l’or parce que l’or au moins, on peut le voir un peu. Les sponsors sont plus que de l’or parce que ce n’est pas simple. Nous sommes soutenus principalement par deux structures privées, ce depuis des années. Le FIRHO, c’est 17 ans mais depuis la deuxième édition, nous sommes soutenus par exemple par la SODIBO. C’est un partenaire fidèle qui nous soutient chaque année, malgré la conjoncture économique. Franchement,  je lui dis merci parce qu’il n’oublie pas que quelque part,  on a besoin de leur soutien,  de leur aide pour pouvoir toujours tenir cet événement. Il y a aussi Canal +, et bien sûr notre ministère de tutelle, celui en charge de la culture, qui nous soutient également. Même si ce n’est pas beaucoup, il nous soutient comme il peut. Comme je l’ai toujours dit, notre premier sponsor, c’est le public, le fait de sortir payer des tickets, suspendre ses activités et prendre tout le risque de la circulation pour venir s’assoir dans une salle ou dans un espace pour suivre un spectacle, c’est plus grand que tout. Et je remercie toujours le public qui nous soutient par leur présence.

Avez-vous tout de même bon espoir pour le cinéma burkinabè ?

Quels sont les grands projets de Augusta Palenfo ?

Les projets sont énormes mais la rareté des finances font qu’on ne peut pas les réaliser. Franchement, j’ai plusieurs bons films, de bons scénarios que j’ai envie de montrer au monde entier, montrer des histoires très accrochantes au public mais les moyens font défaut. Comment est-ce qu’on va faire ? Il y a le FIRHO qui est toujours là, qui bat de l’aile mais qu’on continue de faire comme on peut. Il y a aussi le fait que j’ai envie de faire voyager les autres à travers le net, à travers ma personne, j’espère bien qu’il y aura des personnes sensibles pour nous soutenir. Peut-être qu’on va demander un effort de guerre pour ce qui nous concerne. (Rires). Peut-être que je vais demander à tous les Burkinabè de donner 100 F CFA ou 50 F CFA chacun. Si chaque Burkinabè donne 50 F CFA ou 100 F CFA par an, je dis bien par an, je crois qu’on pourra faire 1 film par an. C’est le seul ministère de la culture qui nous soutient, les autres ne font rien. Ils sont toujours là à dire qu’ils n’ont pas de budget pour la culture. Pourtant, il y a toujours une cellule culturelle dans chaque département ministériel ou institution. C’est dommage !  Le ministère de la culture ne peut pas donner tout le budget qu’il faut pour réaliser un film. Donc on est obligé de s’assoir, croiser les bras parce qu’on n’a plus de partenaires en tant que tel depuis la situation sécuritaire. On les a fait partir donc nous, nous trinquons. Je crois que les vraies victimes, c’est nous. Nous n’avons plus de partenaires, nous n’avons plus de mécènes, plus des bonnes volontés. Certains Burkinabè ont l’argent mais ils cachent chez eux comme si on allait les enterrer avec.  Le Burkinabè est très pingre, très mauvais. Il garde tout pour lui seul. Où allons-nous aller avec de tels attitudes? Vraiment, que les gens aient pitié pour nous venir en aide de sorte à aller de l’avant dans notre métier. Parce que nous voulons aller de l’avant. Des idées on en a, pour le travail, nous avons la force pour travailler, nous ne sommes pas fatigués, nous ne nous fatiguerons jamais, parce que seul le travail paye. Si tu ne travailles pas, tu fais comment ? Je n’ai pas envie de toujours tendre la main, non, j’ai envie de travailler pour vivre de mon art et aider ceux qui sont autour de moi, former les jeunes afin de préparer la relève. Donc, que les gens fassent pardon. Quand ils voient des gens qui sont très entrepreneurs, qu’ils les aident un tant soit peu pour que demain Dieu le leur rende aussi.

Dans quelques jours, nous allons entamer une nouvelle année. Quel est le message que vous avez à adresser aux Burkinabè ?

Propos recueillis par Colette DRABO

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