Le Gabon est, depuis plus d’une semaine, sous les projecteurs de l’actualité. Et pour cause : deux candidats à la présidentielle d’août 2016, revendiquent la victoire. Ali Bongo Ondimba a été proclamé président avec un peu plus de 49% des suffrages exprimés. Faux, rétorque Jean Ping qui revendique aussi la victoire et appelle à boycotter toutes les activités économiques du pays. Face à cette impasse, l’Union africaine (UA) annonce l’envoi d’une mission de haut niveau au Gabon. Au même moment, Ali Bongo invite ses opposants à recourir aux voies légales, notamment à la Cour constitutionnelle gabonaise pour faire valoir leurs droits. Cette position, il la tient depuis que sa supposée réélection est contestée par le camp de Jean Ping. Et malgré les pressions internationales, il n’en démord pas. Une insistance pour le moins suspecte et qui ressemble fort à un aveu de fraude. On est d’autant plus porté à le croire que sous nos cieux, la fraude électorale est devenue le sport favori des dictateurs qui entendent se maintenir par tous les moyens, au pouvoir.
Il n’est même pas certain qu’à l’heure actuelle, le recomptage des voix réglera le problème gabonais
Et pour ne rien arranger, les institutions impliquées dans les processus électoraux, sont généralement dirigées par des personnes acquises à la cause des princes régnants. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’Omar Bongo Ondimba, le père d’Ali Bongo, avait déclaré qu’on n’« organise pas une élection pour la perdre ». Et le cas du Gabon en est un exemple patent. Cela dit, l’actuelle présidente de la Cour constitutionnelle fut l’une des épouses de feu Omar Bongo. On peut donc comprendre l’insistance d’Ali Bongo à demander au camp de Jean Ping, de recourir aux voies légales, autrement dit à une institution dirigée par… sa « petite maman » ! Mais l’opposition qui ne l’entend pas de cette oreille, n’est pas dupe. Surtout que cette bonne dame avait déjà pris fait et cause pour « son fils » quand ses origines et sa filiation avaient été contestées par l’opposition. Cela dit, il n’est même pas certain qu’à l’heure actuelle, le recomptage des voix préconisé par le camp Ping, réglera le problème gabonais. Car, une semaine après l’élection, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Beaucoup de choses ont certainement été faites par le pouvoir dans le sens de truquer les procès-verbaux, si bien qu’on risquerait même d’aboutir à des résultats toujours favorables à Bongo fils, si l’option du recomptage était finalement acceptée de tous. Soulignons du reste, que l’un des objectifs de l’attaque du siège de campagne de Jean Ping, avait peut-être été de détruire tout ce que l’opposition pouvait détenir par-devers elle, comme preuves de sa victoire.
Issa SIGUIRE