ActuBurkina
A la une Environnement

TERRE : en 20 ans, 10 % de ses espaces sauvages ont disparu

Trois millions de kilomรจtres carrรฉs, cโ€™est la superficie de lโ€™Inde. Cโ€™est aussi la surface de nature sauvage que notre planรจte a perdue depuis le dรฉbut des annรฉes 1990, selon une รฉtude australienne parue le ย 8 septembre dans la revue Current Biology.

Pour รฉtablir ce rรฉsultat, les auteurs, James Watson et James Allan, se sont basรฉs sur des cartes reprรฉsentant lโ€™empreinte humaine mondiale, cโ€™est-ร -dire lโ€™ensemble des zones modifiรฉes par lโ€™homme. En comparant les donnรฉes actuelles ร  celles du dรฉbut des annรฉes 1990, ils sont arrivรฉs ร  un constat alarmant : en vingt ans, 10 % des espaces sauvages โ€“ libres de toute perturbation humaine โ€“ ont disparu de la Terre.

Rรฉpartis en majoritรฉ en Amรฉrique du Nord, dans le nord de lโ€™Asie, en Afrique du Nord et sur le continent australien, ils ne couvrent aujourdโ€™hui que 30,1 millions de km2 โ€“ soit moins dโ€™un quart de la surface terrestre. ยซ La perte du caractรจre sauvage de la planรจte en seulement deux dรฉcennies est stupรฉfiante ยป, alerte James Watson, professeur de conservation de la biodiversitรฉ ร  lโ€™universitรฉ du Queensland.

Or, les milieux sauvages sont indispensables ร  la biodiversitรฉ mais aussi ร  lโ€™absorption du carbone atmosphรฉrique, ร  la rรฉgulation du climat ร  lโ€™รฉchelle locale ou encore ร  la vie de certaines populations humaines. ยซ Leur valeur รฉcologique est indรฉniable, confirme James Watson. Avec lโ€™รชtre humain qui altรจre une grande partie des processus naturels, ces zones servent aussi dโ€™observatoires naturels pour รฉtudier les impacts รฉcologiques du changement climatique. ยป

Dimanche 4 septembre, la mise ร  jour de la liste rouge des espรจces menacรฉes de lโ€™Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a รฉgalement montrรฉ que les zones sauvages de la Terre sont des refuges pour de nombreuses espรจces en pรฉril, comme les zรจbres des plaines, les รฉlรฉphants dโ€™Afrique ou encore les lions. ยซ Lโ€™habitat dโ€™un tiers des espรจces mammifรจres terrestres se chevauche avec des milieux sauvages, indique James Watson. La perte de ces zones augmente donc le risque dโ€™extinction des espรจces dรฉjร  menacรฉes. ยป

Les efforts ne suffisent pas ร  pallier les pertes

Toutes les rรฉgions du monde ne sont pas รฉgales face au dรฉclin de ces milieux. En Amazonie et en Afrique centrale, la situation vire ร  la catastrophe. Avec des pertes respectives de 30 % et 14 %, la dรฉgradation des territoires sauvages sโ€™y est accรฉlรฉrรฉe significativement ces deux derniรจres dรฉcenniesโ€ฆ

Certes, les chercheurs australiens ont rรฉussi ร  observer une augmentation des zones de protection dans le monde โ€“ leur surface a presque doublรฉ depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Mais, malgrรฉ cette progression, les efforts ne suffisent pas ร  pallier les pertes : en vingt ans, 2,5 millions de km2 ont รฉtรฉ dรฉclarรฉs zones protรฉgรฉes pendant que 3,3 millions de km2 disparaissaient. ยซ Aujourdโ€™hui, les milieux sauvages se dรฉgradent ร  une vitesse supรฉrieure ร  celle de leur protection, prรฉvient James Allan. Si on continue ร  ce rythme, il ne restera aucune parcelle de nature vierge dโ€™ici ร  la fin du siรจcle. ยป

La situation est irrรฉversible. ยซ Ces milieux ne peuvent pas retourner ร  lโ€™รฉtat sauvage sโ€™ils ont รฉtรฉ occupรฉs par lโ€™homme, insiste James Watson. Une fois รฉrodรฉs, les processus รฉcologiques qui maintiennent ces รฉcosystรจmes ne reviennent jamais ร  leur รฉtat initial. ยป

Pour Harold Levrel, professeur dโ€™รฉconomie รฉcologique ร  AgroParisTech, qui nโ€™a pas participรฉ ร  lโ€™รฉtude, ce phรฉnomรจne, ยซ bien quโ€™intolรฉrable, nโ€™est pas complรจtement surprenant ยป dans un contexte de croissance dรฉmographique. ยซ Il faut savoir quโ€™en vingt ans, ร  lโ€™รฉchelle mondiale, le nombre dโ€™รชtres humains a augmentรฉ de 30 %, explique-t-il. Et dans certaines rรฉgions dโ€™Afrique ou dโ€™Amรฉrique du Sud, on arrive ร  60 %. La pression sur les รฉcosystรจmes est donc proportionnelle. ยป

Autre menace qui pรจse sur ces rรฉgions, la fragmentation des espaces est de plus en plus importante. Ce phรฉnomรจne est notable car, sous le seuil de 10 000 km2, les aires de nature sauvage ne peuvent plus รชtre considรฉrรฉes comme ยซ milieu naturel significatif ยป.

Certes, la majoritรฉ (82,3 %) des espaces sauvages est composรฉe de grandes รฉtendues. Mais sur quatorze biomes โ€“ ou รฉcorรฉgions โ€“ prรฉsents dans le monde, trois dโ€™entre eux nโ€™ont aujourdโ€™hui plus une surface suffisamment grande pour รชtre inclus dans les milieux sauvages. Localisรฉes principalement sous les tropiques (mangroves, bois de conifรจres ou forรชts sรจches dโ€™arbres ร  feuilles caduques), ยซ ces รฉcozones nโ€™ont quasiment plus dโ€™opportunitรฉs de protection et sont vouรฉes ร  la disparition ยป, selon James Allan.

Pour des rรฉgions comme la forรชt amazonienne, il est encore temps, selon les chercheurs. Mais, alors que les efforts de conservation sont gรฉnรฉralement efficaces dans les zones protรฉgรฉes, ยซ ร  ce jour, les espaces prรฉservรฉs dans le monde ne sont pas suffisants pour protรฉger efficacement les milieux, et ceux qui existent ne sont pas forcรฉment bien gรฉrรฉs, dรฉplore James Watson. Il est nรฉcessaire dโ€™arriver ร  une gestion plus globale de ces rรฉgions. ยป

De l’urgence d’agir

Selon le scientifique, peu de rรจgles rรฉgissent la perte dโ€™รฉcosystรจmes ร  grande รฉchelle. La difficultรฉ rรฉside souvent dans la taille des espaces, qui dรฉpassent les frontiรจres des pays. ยซ Aujourdโ€™hui, les mesures se concentrent sur lโ€™extinction des espรจces et la gestion des systรจmes dรฉjร  dรฉgradรฉs โ€“ qui sont bien sรปr aussi des problรจmes majeurs โ€“ mais on suppose que les milieux sauvages vont bien. Cette รฉtude prouve le contraire ยป, continue le chercheur.

Au moment oรน se tient le Congrรจs mondial de la nature, ร  Hawaรฏ, aux Etats-Unis, les auteurs insistent sur la nรฉcessitรฉ dโ€™aboutir ร  des accords internationaux qui reconnaissent lโ€™importance des milieux sauvages et leur vulnรฉrabilitรฉ. Pour eux, il y a urgence :

ย ย ยซ Si nous ne rรฉagissons pas rapidement, tout aura disparu, ce qui serait une catastrophe pour la conservation, pour le climat, et pour certaines des communautรฉs humaines les plus vulnรฉrables de la planรจte. ยป

Le Monde

 

 

 

Articles similaires

COMPTE RENDU DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 26 DECEMBRE 2018

ActuBurkina

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE NANTERREย : Koffi Olomidรฉ sera situรฉ sur son sort demain 18 mars

ActuBurkina

NIGERย : le prรฉsumer cerveau de la tentative de coup dโ€™Etat du 31 mars arrรชtรฉ au Bรฉnin

ActuBurkina

Laisser un Commentaire

ACTUBURKINA

GRATUIT
VOIR