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TCHAD : une incursion dans l’univers de la famille Déby

Dans le cadre de sa série sur les membres des familles présidentielles africaines, VOA Afrique examine le cas tchadien. Nous  vous proposons le dossier  réalisé en ce sens. Lisez !

Réélu à l’issue d’une élection jugée peu crédible par les six candidats de l’opposition, Idriss Déby Itno commence déjà à verrouiller son régime. Il a nommé plusieurs membres de sa famille et ceux de son épouse à des postes clés.

Au pouvoir depuis 26 ans, Idriss Déby Itno persiste et confirme le caractère familial et tribal de son pouvoir. Au lendemain de l’élection présidentielle contestée qui l’a confirmé dans son fauteuil, il commence déjà à nommer ses enfants, ses proches parents et les membres de sa belle-famille à des régies financières et des recettes de l’état.

Ces nominations ne sont pas le premier du genre. Mais Idriss Déby Itno est allé un peu plus loin. Au cursus douteux, ceux-ci n’ont jamais de bons rendements. Ce qui contribue à une déperdition des recettes et partant, l’anéantissement des capacités financières du pays.

A la présidence, l’organigramme reste dominé par les membres du clan familial, à commencer d’abord par son épouse Hinda Déby Itno. Ayant le privilège d’avoir le statut de la première dame, elle fait office de secrétaire particulière de son époux. Une situation jamais connue dans l’histoire de la politique tchadienne depuis son indépendance. A ce titre, elle a la possibilité de nommer, et de démettre n’importe qu’elle personnalité de son poste.

Trois de ses fils occupent des postes de responsabilité stratégique à la Présidence de la République : Zakaria Idriss Déby, au cabinet civil, Amira Idriss Déby, au service protocole et fait de Mahamat Idriss Déby, n°1 de la DGSSIE (Direction générale des services de sécurité des institutions de l’Etat), la garde prétorienne.

Il impose son 4e fils Seïd Idriss Déby, à la direction générale adjoint de la raffinerie de Djarmaya située à la sortie Nord de N’Djamena. Il a confié le juteux marché du contrôle de passagers et de fret aérien à N’Djamena à son neveu Ahmat Youssouf Itno patron de scorpion sécurité. C’est cette société qui va désormais vérifier à partir de ce mois de juillet, les entrées des piétons et des véhicules dans l’enceinte de l’aéroport international Hassan Djamouss de la capitale.

Avec cette nouvelle fonction, Ahmat Youssouf Itno cumule deux fonctions : celle du directeur des renseignements militaires. Et ce, en dépit de multiples réactions des partis politiques de l’opposition et des responsables de la société civile qui l’accuse de vouloir transformer le Tchad en monarchie clanique.

La présidence elle-même reste sous la surveillance et la protection d’une armée clanique dont les soldats et les généraux sont tous de la même famille et placés à la tête des unités stratégiques. A la sécurité publique, la plupart des commissaires et des commandants de corps urbains sont issus de la famille présidentielle.

Idriss Déby Itno donne deux portefeuilles aux membres de la famille de son épouse dans le gouvernement actuel. Il s’agit de : Haoua Acyl Mahamat, ministre de l’aviation civile et de la météorologie nationale et Ahmat Khazali Acyl, ministre de l’éducation nationale.

Un autre fait qui confirme le caractère clanique de la gestion de Déby est la démission de son grand frère Daoussa Déby Itno du gouvernement en mai dernier après avoir passé plus de deux ans à la tête du département des postes et des nouvelles technologies, de l’information et de la communication.

Ce départ est dû à un mariage familial mal négocié entre Ousmane Hissein Bourma, frère cadet du Trésorier Payeur Général et par ailleurs époux de Haoua Acyl Mahamat actuelle ministre de l’avion civile et la fille de Daoussa Déby Itno. Le grand frère d’Idriss Déby Itno, Daoussa Déby Itno conteste ce mariage qui devrait être une alliance entre la famille Itno, la famille Bourma (belle-famille Itno) et la famille Acyl (famille Hinda Déby Itno).

Voilà le pêché mignon de Daoussa Déby Itno qui aurait pu rester dans la sphère familiale mais malheureusement a provoqué son départ du gouvernement. Daoussa Déby Itno reste et demeure incontournable pour la famille. Car il est l’un des plus riches des membres du clan. Au nom de la privatisation des entreprises d’Etat prônée par les bailleurs, il s’accapare de la SNER (Société Nationale d’Entretien des Routes).

Cette société d’Etat est devenue désormais une société anonyme avec une vingtaine de filiales toutes contrôlées par les membres de la famille Itno et Daoussa Déby Itno en fait sa propriété exclusive.

Cette unité économique et toutes ses filiales à la faveur de deux conventions d’établissement signées avec le gouvernement sont exonérées d’impôts pendant 15 ans. L’intouchable ex-ministre des postes Daoussa Déby Itno, a tenté également de s’accaparer du Groupe Sotel-Tchad (société des télécommunications du Tchad) en demandant sa privatisation. Mais c’est sans compter avec le sursaut patriotique inhabituel des députés qui ont repoussé cette idée de privatisation.

Toutefois, il a morcelé le groupe Sotel-Tchad en plusieurs sous société dont les bénéfices sont versés dans ses comptes privés. Aujourd’hui, la Sotel-Tchad devient l’ombre d’elle-même.

Ce qu’on pourrait qualifier de népotisme ne s’arrête pas là. Aux termes des décrets 405 et 406 du 15 juin 2016, portant nomination à des différents postes de responsabilité au ministère des finances et du budget, tous les contrôleurs financiers délégués dans les 13 départements ministériels sont tous, sinon presque de la famille Déby.

Idriss Brahim Mahamat Itno, lui, est nommé directeur général adjoint du budget. Aussi, aux termes des mêmes décrets sus-cités, les postes de responsabilité à la direction générale du trésor et de la comptabilité publique ainsi qu’à la direction générale des impôts, deux institutions considérées comme leur vache à lait, sont partagés entre la famille de Déby, ses courtisans et celle de son épouse.

Mahamat zène Hissein Bourma, beau-frère d’Idriss Deby, cité dans le mélodrame familial qui est à l’origine du départ de Daoussa Déby Itno du gouvernement, reste toujours le tout puissant TPG (Trésorier Payeur Général). Il nomme un autre beau-fils Idriss Kala Kala, directeur général de la CNPS (Caisse Nationale Prévoyance Sociale).

Djamal Dirmi un autre gendre, récupère la direction des Douanes et des droits indirects longtemps restée une chasse gardée de son jeune frère Saleh Déby Itno. L’ex tout puissant DG des douanes a été dégagé de son poste manu-militari par les gardes prétoriennes le 23 octobre 2015 pour avoir refusé de verser les recettes douanières au trésor public.

Aussitôt démis de ses fonctions, le frère cadet du président Idriss Déby Itno, a été poursuivi par le gouvernement pour détournement des fonds publics et enrichissement illicite estimé à plus 130 milliards de FCFA.

Attendus que ces faits sont constitutifs des infractions prévues et réprimés par l’ordonnance n°11 de 2012, portant régime de prévention et de répression de la corruption et les infractions assimilées ou connexes en république du Tchad ainsi que le code pénal, le procureur de la république près le tribunal de grande instance de N’Djamena a, en date du 27 octobre 2015, instruit tous les notaires du pays de ne poser aucun acte de transfert des biens mobiliers ou immobiliers du mis en cause et de sursoir à toute opération de transfert de propriété en cours tendant à l’aliénation desdits biens.

Malheureusement, cet espoir n’était que de courte durée. Tout ce tapage médiatique n’était que de la poudre aux yeux à la communauté internationale et des tchadiens qui croyaient encore en la justice tchadienne.

Car, placé en détention préventive dans les locaux des renseignements généraux, alors qu’il devrait être logiquement déféré à la maison d’arrêt comme tout autre citoyen ayant des ennuis judiciaires, a fini par bénéficier de l’impunité entretenu depuis 26 ans par le régime au pouvoir et, est libre de ces mouvements contre toute attente.

C’est dans cette gestion peu républicaine que le président Déby a déjà annoncé son intention de modifier la constitution au cours de son 5e mandat qui commence en août prochain pour dit-il, réintroduire les deux mandats non renouvelable qu’il a fait lui-même dérouiller en 2105 avec la bénédiction de l’Assemblée nationale.

Mais pour beaucoup d’acteurs politiques et de la société civile, Déby ne veut pas que le pouvoir échappe à son ethnie. Raison pour laquelle, il veut créer un poste de vice-présidence pour placer l’un de ses parents pour qu’en cas d’empêchement, il lui succède au pouvoir.

Source : voaafrique.com

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