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Sébastien Banou du groupe Campus ambiance : « Notre compétence, c’est le Zouglou, et nous demander de faire autre chose, c’est… »

 L’invité de votre journal actuburkina, cette semaine, est un groupe composé de trois membres. Il s’agit de Dieudonné Kaboré, Sébastien Banou et Jean Martial Badolo, qui ont décidé d’évoluer dans le genre musical Zouglou, un genre typiquement ivoirien. Vous l’aurez certainement deviné, il s’agit du groupe Campus Ambiance dont la présence sur chaque scène est un moment de pure détente, de fous rires. Avec leur Zouglou à la sauce burkinabè, le trio a pu se frayer un chemin sur la scène discographique burkinabè. D’ailleurs, à tous ceux qui les critiquent de promouvoir la musique ivoirienne, Sébastien Banou, un des membres du groupe leur dit de retenir une bonne fois pour toutes que « ce que nous savons faire, c’est le Zouglou. Et nous demander de faire autre chose, c’est nous demander de faire quelque chose pour laquelle nous ne serons pas à notre place ». Lisez l’entretien qu’ils nous ont accordé le 17 janvier 2024, dans les locaux du journal.

 

Actuburkina: Comment se porte le groupe campus ambiance ?

Sébastien Banou:  Le groupe Campus Ambiance se porte très bien, si vous nous demandez comment se porte le groupe, c’est que vous nous connaissez déjà (rires).

La crise sécuritaire a impacté diverses activités. Comment vous, en tant qu’artistes-musiciens, vivez-vous cela ?  

La crise sécuritaire, nous la vivons comme tout Burkinabé. Cela a un impact à tous les niveaux et on peut parler des impacts économique et psychologique, mais nous en tant qu’artistes, c’est plutôt comment réagissons-nous face à cette situation. Nous nous adaptons à la réalité en tant qu’artistes et nous avons un rôle à jouer dans ce contexte de crise. Nous jouons ce rôle car depuis le début de la crise, nous avons mis sur le marché des albums qui est notre manière de contribuer à l’effort de paix. Ainsi, nous avons sorti un album en 2019 dénommé « Diagnostic » qui est le  diagnostic de la société burkinabé dans tous ses compartiments (politique, sociale, etc), bref le regard que nous portons sur la gestion de la cité. Il est vrai que, par moments, nous avons des spectacles, même si c’est un peu morose, mais avec le peu de spectacles que nous avons, nous arrivons à avoir notre part du gâteau malgré la situation sécuritaire.

Le groupe Campus Ambiance est connu pour son genre musical qui est le zouglou, typiquement ivoirien. Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous faites la promotion de la musique ivoirienne ?

Nous sommes des chanteurs et nous faisons du Zouglou, c’est ce genre musical que nous savons faire. Celui qui refuse que ce soit du Zouglou que nous sachions faire, c’est ce dernier qui a un problème. C’est comme quelqu’un qui porte une chaussure dont la pointure est 43 et tu lui demandes pourquoi il ne chausse pas 40 ! C’est quelque chose qui est déjà fait et qu’on ne peut pas changer. Notre compétence, c’est le Zouglou, et nous demander de faire autre chose, c’est nous demander de faire quelque chose pour laquelle nous ne serons pas à notre place. Nous demander d’aller faire du Liwaga et du Warba, quand bien même nous sommes des Burkinabè, nous ne pourrons pas le faire.  Les Ivoiriens ne nous ont pas imposé le Zouglou, c’est ce que nous savons faire et c’est dans ça que nous sentons à l’aise. Les Burkinabè doivent reconnaitre que ce que nous savons faire, c’est le Zouglou et ils doivent se dire que tant que nous le faisons bien, ils doivent nous accompagner.  Nous ne demandons pas de nous donner des prix, des distinctions. Avec notre Zouglou, nous avons pu nous faire notre place sur la scène la discographique burkinabè et même quand on se retrouve en Côte d’Ivoire, nous sommes respectés parce que nous faisons du Zouglou à la sauce burkinabè dans la mesure où le contenu est Burkinabè. C’est tout ce que nous leur demandons et tant que nous le ferons bien, on doit nous accompagner.

Quels sont les projets de Campus ambiance ?

Notre dernier album date de 2022 mais nous avons au total 4 albums, le premier en 2013, le 2e en 2017, le 3e en 2019 et le dernier en 2022. L’album Diagnostic a été beaucoup vendu parce que nous avons abordé les vrais problèmes du pays. Nous avons aussi misé sur la parenté à plaisanterie comme facteur de cohésion sociale. C’est un album qui a beaucoup voyagé, au-delà des frontières du Burkina avec des millions de vues à travers le monde. Les projets ne manquent pas, et en tant qu’artistes, nous projetons de faire des choses. Il y a eu des concerts mais pas de concert de Zouglou en tant que tel et nous nous préparons pour notre concert, pour cette année 2024. C’était prévu pour 2023 mais pour des raisons de contraintes, nous avons reporté mais en cette année 2024, inch’Allah, le concert aura lieu. Donc le concert est un projet majeur et étant donné que nous sommes dans l’actualité avec la CAN, nous avons sorti hier (NDLR : l’interview a eu lieu le 17 janvier) une chanson pour soutenir nos Etalons.

 

Le groupe Campus Ambiance est composé de Dieudonné Kaboré (lunettes), Sébastien Banou (casquette) et Jean Martial Badolo

 

Qu’en est-il des projets à l’extérieur ?

Le rêve de tout artiste est de sortir de son pays et nous pouvons dire que nous avons déjà un pied dehors, pour ne pas dire que nos deux pieds sont dehors. Vous comprendrez que nous n’avons pas eu tort de faire du Zouglou parce que sortir avec le Zouglou à l’international est plus facile qu’autre chose.  Nous avons une très bonne collaboration surtout avec nos frères de la Côte d’Ivoire qui ont une forte communauté en France. Le showbiz ivoirien est plus dynamique que notre showbiz. Cela pour dire qu’avec les Ivoiriens, nous avons de grands projets et tout ceci est à l’avantage du Burkina parce que nous sommes connus comme des Burkinabè faisant du Zouglou. Nous sommes une référence mondiale parce que quand on demande aux Ivoiriens si le Zouglou s’exporte, ils se réfèrent à Campus Ambiance. Les projets à l’international, il y en a et on prie Dieu afin qu’il nous donne la santé pour les réaliser.

Quels sont vos rapports avec vos collègues artistes ?

Nous avons de très bons rapports avec nos collègues artistes. Nous avons accompagné plusieurs artistes en studio et   même lorsque nous nous croisons sur les différents plateaux, nous entretenons de très bonnes collaborations parce que nous sommes des Zougloumen,  donc une affaire de  grand frère et petit frère et en tout cas, on se respecte les uns les autres.

La politique culturelle, vous l’avez dit, est dynamique dans certains pays en l’occurrence de la Côte d’Ivoire. Quel est votre commentaire sur la politique culturelle burkinabè ?

La musique et l’économie vont ensemble. Dans un pays où l’économie n’est pas très forte, il va de soi que cela agisse sur tous les secteurs d’activités. Comparaison n’est pas raison mais la situation globale de la musique burkinabè est à l’image de l’économie du pays ; il n’y a pas d’argent. Nous sommes un pays pauvre et les gens font ce qu’ils peuvent. Le peu de mécènes que nous avons, fait ce qu’il peut. Même pour sortir la chanson sur les Etalons, il nous fallait 2 millions de FCFA mais nous n’avons eu personne pour nous financer. D’ailleurs avec l’actualité de la CAN, les gens ont dit que nous les artistes n’étions pas inspirés, patati patata, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas inspirés mais c’est parce qu’il n’y a pas d’argent. Quand on demande à un artiste d’aller chanter pour les Forces de défense et de sécurité, on lui demande d’aller faire quelque chose qui n’est pas son travail. C’est lui demander de faire le bon samaritain, or un artiste doit chanter pour avoir l’argent et non chanter pour perdre de l’argent. Parce qu’il vit de cela. Au Burkina, tout ce que nous subissons comme musique étrangère, c’est parce que nous n’avons pas les moyens de promouvoir le peu que nous produisons qui fait qu’on a cette impression d’être assaillis sinon, si nous avions les moyens, ce n’est pas la qualité qui manque au Burkina. Il y a de très bons artistes au Burkina mais ce sont les moyens qui font défaut. Dans un pays où il n’y a pas de moyens, le divertissement est le dernier souci. De plus en plus, les Burkinabè sont en train de découvrir le divertissement sinon le Burkinabè n’aime pas s’amuser.

Quel est votre commentaire sur les différentes prestations des Etalons ?

On les félicite pour leur qualification aux 8e de finales mais il faut qu’ils se ressaisissent, parce que nous voulons que la coupe vienne ici au Faso.

Justement, les Etalons ont-ils des chances de remporter la coupe ?  

Ils ont des chances parce que dans cette CAN, il n’y a pas de petites équipes. Nous savons que nos Etalons sont pétris de talents, et le discours que nous devons tenir, c’est de leur dire que rien que pour la situation du pays, ils doivent gagner. La résilience est partout, le peuple a joué sa part et il est là encore à leurs côtés. Au fait, l’orphelin ne doit pas avoir la même attitude que celui qui a ses deux parents. Et dans cette CAN, nous sommes des orphelins parce que nous sommes un pays en guerre avec près de deux millions de Burkinabè qui ne sont plus chez eux. Mais je suis sûr que chacun essaie d’avoir les nouvelles de la CAN et surtout des Etalons. Cette CAN est la CAN de la résilience des Burkinabè et si les Etalons nous offrent cette coupe, ce sera la coupe des VDP, des déplacés internes, et cela va nous apporter beaucoup. Donc, on ne doit pas leur dire d’aller gagner mais pourquoi ils doivent gagner.  Ils doivent jouer avec le cœur, s’unir pour que la coupe revienne au Faso parce qu’une coupe dans cette période, même ceux qui nous attaquent vont se reposer deux jours pour fêter avec nous.

Propos retranscrits par Simone DANDJINOU (Stagiaire)

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