Ce samedi 17 décembre, près de 9 millions d’électeurs sont attendus aux urnes pour le premier tour du scrutin législatif afin d’élire le nouveau Parlement de 161 députés aux pouvoirs très restreints.
C’est le premier scrutin législatif depuis la prise de pouvoir du président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021. Depuis, le processus politique mené par le président, qui monopolise les pouvoirs, a fait l’objet de critiques au sein de la société civile et des partis d’opposition, qui dénoncent « une mascarade d’élections », selon leurs mots.
La campagne électorale qui s’est achevée le 15 décembre a suscité peu d’engouement au sein d’une population très préoccupée par les problèmes économiques du pays et le quotidien d’une vie de plus en plus chère. Alors que l’Instance électorale a bombardé de messages les électeurs pour les encourager à se rendre aux urnes, les analystes craignent un très faible taux de participation pour ce scrutin.
Vendredi 16 décembre, le silence électoral était de mise en Tunisie, à la veille des législatives, mais « sans bruit électoral, peut-on parler de silence ? », tance un politologue tunisien sur les réseaux sociaux. Une remarque qui décrit bien l’ambiance de ces élections tunisiennes.
Sept circonscriptions sont sans candidat tandis qu’une dizaine n’en ont qu’un seul, qui sera donc élu d’avance. Les femmes ne représentent pas plus que 12% des candidats. Les profils des postulants à cette nouvelle assemblée vont du chômeur à l’homme d’affaires, en passant par la femme au foyer, l’agriculteur et l’enseignant, une démocratisation de la fonction législative liée au type de scrutin, uninominal à deux tours excluant les partis politiques.
Ce sont aussi les premières élections depuis la révolution où une majorité des partis politiques boycottent ouvertement le scrutin, comme lors du référendum constitutionnel de cet été. La puissante centrale syndicale, l’UGTT, qui ne donne pas d’instructions de vote, mais qui est en désaccord avec le gouvernement sur les réformes économiques, a déclaré que ces élections n’avaient ni goût, ni couleur. Très peu d’observateurs étrangers seront présents pour regarder le scrutin, si ce n’est une délégation russe.
De plus, les députés ont maintenant un pouvoir bien moindre qu’auparavant. Le nouveau Parlement n’est plus sollicité pour donner sa confiance au gouvernement, les députés sont sans immunité parlementaire et peuvent être révoqués sous certaines conditions. Enfin, le Parlement n’a aucun pouvoir de contrôle sur l’action gouvernementale ou celle de la présidence de la République qui lui donne directement les projets de loi à examiner en priorité.
Source: RFI