Suite aux supposées incohérences entre les déclarations devant le juge d’instruction et celles à la barre de l’accusé Elysée Ilboudo, son ‘avocate, Me Éliane Marie Natacha Kaboré, avait demandé une expertise sur l’état psychique de son client. Une requête que le Tribunal a rejetée aux motifs que M. Ilboudo était lucide quand il faisait sa déposition.
En plus de cela, l’avocate a plaidé non coupable pour son client car elle estime que le fait que M.Ilboudo ait plaidé coupable le 1er jour de son interrogatoire, soit le 26/10/2021, était dû au fait qu’il n’avait pas suffisamment compris la question. Pour Me Kaboré, cette culpabilité qu’il a reconnue est due au fait que son client n’a pas un niveau d’instruction.
Elle a été soutenue par d’autres avocats de la défense en occurrence Me Sombié, Me Yelkouni et Me Dabo A. Latif.
Revenant sur les évènements qui se sont déroulés au soir du 15 octobre 1987, Me Sombié a demandé à M. Ilboudo d’éclairer sa lanterne sur les marques de véhicules utilisées ce jour. En effet, dans les déclarations devant le juge d’instruction, M. Ilboudo faisait cas d’une 504 et d’une « Galante-rouge ». Pour Me Sombié, il s’agirait plutôt du MITSUBISHI. « Me Sombié, au nom de la liberté de parole dont vous jouissez, je ne vous permets pas de venir discuter des marques de véhicules au Tribunal », interrompt le président du Tribunal, Me Urbain MEDA. « Monsieur le président, je pense que ma question est bien fondée car M. Ilboudo est le plus sérieux accusateur de mon client, Nabonswendé Ouédraogo », a-t-il rétorqué.
Sur la question de savoir si son client, Nabonswendé Ouédraogo était au Conseil avec lui, l’accusé Ilboudo Elysée confirme qu’il était bel et bien présent. La défense estime néanmoins qu’il y a des incohérences dans les déclarations de M Ilboudo en comparaison avec d’autres déclarations du PV de confrontation de Sow Idrissa de la garde rapprochée du président Thomas Sankara, un des rescapés de la tuerie du 15 octobre 1987. Des incohérences que le Parquet militaire dit ne pas avoir connaissance. Pour le Parquet, le même Sow, dans un des PV de confrontation, révèle exactement les mêmes faits mais sans pour autant citer qu’il s’agissait du sieur Ilboudo Yamba qui les aurait conduits au 1er étage du bâtiment Togo.
Selon Me Aouba de la défense, ces incohérences sont la preuve que la requête d’expertise rejetée par le Tribunal était bien fondée. « Sinon, quel intérêt M. Ilboudo Elysée, de la sécurité de Blaise Compaoré a, à dire des allégations contraires à la déclaration de Sow Idrissa de la sécurité de Thomas Sankara, vu qu’ils étaient opposés voire ennemis, si l’on s’en tient aux évènements », s’est-elle demandé.
Me Yelkouni du conseil des avocats du Gal Diendéré a, dans son interrogatoire, demandé à l’accusé si son client était informé, d’une manière ou d’une autre, de l’arrivée du commando au sein du Conseil de l’entente.
« Non ! », répond l’accusé. Il justifie ses propos en signifiant qu’il avait, lui-même, demandé à Hyacinthe Kafando si Gilbert Diendéré qui était le responsable de la garde du Conseil, était informé de leur arrivée. « Et Hyacinthe m’a demandé que moi je veux savoir tout ça pourquoi ? », a-t-il expliqué.
« Et la sécurité de Thomas Sankara alors ? Était-elle informée ? », demande Me Yelkouni. « Si elle (parlant de la sécurité de Thomas Sankara) était au courant, Ah yaa! (…) », répond l’accusé Ilboudo en faisant un signe de la tête. Une manière de dire que la réplique serait sanglante.
C’est sur cette note que Me Urbain MEDA a suspendu l’audience qui reprend demain 28 octobre au Tribunal militaire de Ouagadougou avec l’interrogatoire de l’accusé Idrissa Sawadogo.
Didèdoua Franck ZINGUE