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PROCES THOMAS SANKARA : « J’ai vu Nabié N’Soni qui a tiré sur la tête du président Sankara et Maïga Issouf dans son thorax »,  affirme le témoin Issouf Sawadogo

A la suite de Zidwemba K. Claude François, Pengdwende Issouf Sawadogo, dans sa déposition ce 7 décembre 2021, Sawadogo Issouf, Sergent-chef au moment des faits, a livré sa part de vérité.

« Le 15 octobre c’était un jeudi, jour de sport de masse. J’ai quitté la maison pour le Conseil de l’Etente. Je suis allé dans mon bureau au secrétariat car je secondais le caporal Saba David. Quand je suis rentré, quelques minutes plus tard, j’ai entendu des tirs, et subitement, le téléphone (fixe) a commencé à sonner. Quand j’ai voulu décrocher, il y a eu des rafales au niveau de ma fenêtre. J’ai couru vers la porte pour rejoindre le couloir mais il y avait une 504 blanche qui bloquait le passage. Le président était déjà dans son bureau avec des membres du CNR pour une réunion. Ceux qui tiraient ont crié : haut les mains. Le président est sorti les mains en l’air. Dès qu’il a franchi le seuil de sa porte, Nabié N’Soni a tiré sur sa tête et Amidou Maïga Pathé a tiré sur son thorax. Et Sankara est tombé. Et c’est en ce moment que j’ai voulu prendre mes jambes au cou. Et j’ai vu Hyacinthe Kafando qui venait. Ils m’ont fait coucher sur le ventre. Entre temps, ils ont rafalé là où j’étais couché », a affirmé Issouf Sawadogo.

Qui sont ceux qui ont rafalé ? interroge le président du tribunal. « C’est Nacoulma et Nabonswendé qui ont envoyé les rafales », répond le témoin. Après, poursuit le témoin  Issouf Sawadodogo, ils m’ont conduit dans le bureau de Hyacinthe Kafando. Arrivé, j’ai vu un crâne humain rempli de cendres  et un œuf cassé dessus. Je suis allé trouver d’autres camarades. Nous y sommes restés et c’est le lendemain qu’on nous a libérés. Je passais et je regardais Hyacinthe Kafando. Il a serré les colles et m’a menacé en ces termes : Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu n’es pas content parce qu’on a tué Sankara ? Si tu n’es pas content,  toute de suite je vais te remettre à mes éléments et  ils vont  te faire. J’ai baissé mon regard et je suis sorti »,  a-t-il déclaré Issouf Sawadogo.

Le président du tribunal a demandé s’il avait entendu ce qu’avait déclaré un autre témoin qui était également dans le bureau de Hyacinthe. Des propos selon lesquels, Maïga Pathé aurait dit de les faire sortir (les prisonniers), ils vont terminer le travail avant que ça ne se refroidisse ».

Le témoin renchérit que quelques minutes après ces incidents, il a eu des vertiges et qu’après, Otis est venu lui donner un coup de poing dans le ventre. Quand il est rentré chez lui plus tard, il vomissait du sang et faisait des cauchemars sur la scène qu’il a vécue.

« Je suis allé et j’ai reconnu le corps du président Sankara »

A l’issue de M. Sawadogo, le tribunal militaire a reçu successivement Boubié Bamouni, Sansan Hien dit Kodjo, Alexis Zongo, responsable des engins du 1er Bataillon d’intervention rapide (BIR), Jean Bapiou Bationo, Wendyélé Sawadogo, chef du bataillon d’intervention aéroportée et Moumouni Kouèba, cuisinier du CENEC. Si les uns semblent ne pas être des témoins oculaires des évènements du 15 octobre, le Chef des engins blindés du 1er BIR, le sergent Alexis Zongo aujourd’hui adjudant-chef major à la retraite, dit être en stage à l’école du génie militaire. Le soir du 15 octobre 1987, il était au cours lorsque le crépitement des armes a retenti. Au regard de la situation, les instructeurs ont permis aux stagiaires de rejoindre les corps d’origine les plus proches. Selon le témoin, c’est en se rendant au conseil de l’Entente qu’il a rencontré le lieutenant Théodore Kilmité Hien, au niveau du rond-point des Nations Unies avec une DCA (arme anti avion). Ce dernier lui aurait demandé de rester avec lui. Après avoir décliné l’ordre car ne relevant pas de son autorité, Alexis Zongo a dit avoir continué sa route jusqu’au Conseil de l’Entente.

La petite porte étant fermée, il a décidé de passer par la grande porte. Là, il a vu le lieutenant Gilbert Diendéré arrêté avec d’autres militaires près de l’entrée. « Quand je suis arrivé, les tirs avaient cessé. J’ai demandé au lieutenant ce qui se passait. Il m’a répondu que c’est comme ça et c’est arrivé. Je suis allé et j’ai reconnu le corps du président Sankara. Je suis revenu vers Diendéré et je lui ai demandé la conduite à tenir. Il m’a dit de prendre les blindés et d’aller boucler les sorties ».

Le témoin dit n’avoir pas effectué la mission avec un blindé. Il dit s’être rendu près du barrage de Tanghin avec sa moto. Et il a aperçu une DCA montée sur un véhicule. Selon le Parquet militaire, c’est le soldat Roger Kéré qui était sur les lieux. « J’ai pris place et j’ai fait sortir mes documents et je me suis mis à réviser », a-t-il attesté.

A la question de la partie civile de savoir combien de blindés étaient au Conseil de l’Entente, le témoin a laissé entendre qu’il n’y avait que quatre. Deux blindés côté Est et les deux autres au côté Ouest du Conseil. Selon Alexis Zongo, les blindés ne sortaient parfois que la nuit et ce, pour assurer la sécurité de la présidence, pour des révisions au génie militaire ou pour des séances de tirs à Yimdi. Il arrivait parfois que les soldats chauffent les moteurs des engins, histoire de les  roder.

A la question de Me Prosper Farama de savoir si l’envoi des blindés aux sorties de la ville avait pour but de protéger le Conseil, le témoin a répondu par l’affirmative tout en précisant que ces deux engins ont été envoyés certainement pour parer  à toute attaque.

Le procès se poursuivra demain 8 décembre au tribunal militaire de Ouagadouou avec des témoins tels que Traoré Yacouba, Zintenga Abdouramane, Sanou Blaise, Kambou Sibidou, etc.

Didèdoua Franck ZINGUE

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