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Procès Thomas Sankara et douze autres: “J’étais entre le marteau et l’enclume » dit le général Diendéré

Ceci est un entretien entre le président du Tribunal, le procureur et l’accusé, Général Gilbert Diendéré au cours de l’audience de la matinée de ce 9 novembre 2021 à la salle des banquets de Ouaga 2000.

Le président du Tribunal à pose au Général Diendéré, la question de savoir comment se passait le commandement plus précisément en matière de prise de décision au sein du CNEC. L’accusé Gilbert Diendéré lui répond qu’en tant que l’adjoint au chef du corps, il n’avait pas de décision à prendre sauf celles liées aux affaires courantes au quotidien telles que l’instruction par exemple.

« Un Sergent-chef pouvait-il refusé la convocation de son supérieur hiérarchique ? » interroge le président du Tribunal.

« Non! », répond l’accusé. « Je ne tenais pas rigueur à ce que les responsables des différents chefs de sécurité soient présents à cette réunion », a-t-il indiqué.

Quel était le rapport entre vous en tant que chef adjoint de corps et les responsables de la sécurité de Blaise Compaoré et celui de Thomas Sankara ?

Administrativement, ils sont rattachés au CNEC, a précisé l’accusé. Mais avec leur détachement, ils échappaient à mon contrôle vu qu’ils étaient autonomes et ils avaient également des missions particulières.

« Vous qui êtes militaire, dites nous comment se passe la sécurité du Conseil de l’Entente », à demandé le président du Tribunal.

A cette interrogation, le Général Diendéré a laissé entendre que des dispositions avaient été prises pour sécuriser l’extérieur du Conseil. Pour lui, une fois à l’intérieur, la sécurité des personnalités incombait à leur garde rapprochée soit de Thomas Sankara soit de Blaise Compaoré. « Donc au premiers instants, je n’avais pas penser qu’une action de ce genre pouvait se produire au sein du Conseil de l’Entente. Les éléments (militaires du Conseil) ont été surpris et ne savaient pas comment réagir.

« Et vous qui n’aviez pas d’arme, comment vous vous êtes rendu là où ça tire? », demande le président du Tribunal.

« En tant que chef, c’était de mon devoir d’aller chercher à comprendre ce qui se passait au risque de ma vie », à laissé entendre l’accusé.

« Ou bien que voulez-vous que je fasse ? », a-t-il retorque au présidetr du Tribunal avant de poursuivre en ces termes . »C’était ma responsabilité d’y aller et de chercher à comprendre ce qui se passait »

« Et si le chef va et ne revient plus? », interroge le Président du Tribunal.

« Mes hommes auraient compris que le chef ne les a pas abandonné. Certains de mes hommes avaient commencé à fuir même au moment des tirs.

« Vous voyez que vous n’avez pas pris la bonne décision en allant ?, rappelle le président du Tribunal. (Silence).

Pourquoi n’avez-vous pas cherché à réagir plutôt ?

« Au regard de suspicions qui courraient à l’époque, les hommes qui y étaient n’ont pas cherché à réagir. Ils se sont dit que c’est certainement ce qui se passait.

Et vous alors?

Oui! Je me suis dit que c’était ce qui se passait.

Mais vous ne vous êtes pas posé la question de savoir quel camp attaque quel camp autre ?

(Silence)

Dites nous, vous êtes considéré comme étant la boîte noire, Nabié N’Soni pouvait-il avoir des informations et que le chef, que vous êtes, vous ne pouvez pas en avoir?

L’accusé, visiblement remonté, a laissé entendre qu’au moment des faits, il n’était pas cette boîte noire dont parle le president du Tribunal. Pour lui, c’est en 2013, notamment avec le crash d’Air Algérie qu’il a fait ses preuves. Et c’est Valère Somé qui, lors d’une de ses sorties, a lâché le mot.

« Je puis vous assurer qu’aux moments des faits, j’étais dans une position particulièrement difficile. J’étais entre le marteau et l’enclume », a souligné l’accusé. De ses explications, il a fait savoir que toutes les informations ne lui parvenaient pas que ce soit du camp de Sankara ou de celui de Compaoré. A l’époque, je ne pouvais pas me lever et aller demander quoi que ce soit ni à Thomas ni à Blaise.

Étant donné que Nabié N’Soni vous a répondu : « On s’en fout », est-ce que vous avez réclamez une quelconque sanction contre lui?, interroge le président du Tribunal.

« Moi j’ai faim mon compte rendu à qui de droit. A partir du moment où je l’ai fait, il revenait alors à la hiérarchie d’en décider », s’est-il voulu concis.

Au regard de cette attitude de votre supérieur hiérarchique, personnellement, quel commentaire ou qu’elle déduction faites-vous à cet effet ? S’agit-il d’un acte commandité ?

« Moi je m’en tiens aux faits. Je n’ai pas de commentaire à faire », souligne l’accusé.

Le procureur du Parquet militaire est revenu sur les missions d’un bataillon d’intervention rapide (dont il avait la charge). De son entendement, doit-il être en alerte permanente ou c’est le contraire ?

L’accusé répond par l’affirmative.

Mais pourquoi après les coups de feu vous n’êtes pas allés intervenir?, demande le procureur.

« Ils vont aller intervenir où ? Puisqu’ils étaient déjà là où ça tire? », indique Diendéré.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’en parler à Lengani plutôt qu’à Blaise?, questionne le procureur du Parquet militaire.

Selon l’accusé, premièrement, ce jour 25 octobre, il avait constaté que les éléments qui avaient fait le « mauvais » travail, étaient du camp de Blaise Compaoré. « Personnellement, j’avais mal en point de leur en parler », a-t-il déploré. Deuxièmement, Blaise Compaoré était malade et il était chez lui. Troisièmement, le commandant Lengani étant le chef major général des armées était son supérieur hiérarchique et lui en tant que chef de division, il avait la possibilité de lui rentre compte.

Et quelles mesures avez-vous pris à l’immédiat ?

« Le moindre faux pas, j’aillais être la 14e victime et j’allais avoir mes avocats de ce côté (à g. de l’accusé) (rire dans la salle d’audience). Moi j’étais dans une faiblesse de le faire.

Je n’avais aucune idée de combien ils étaient. En prenant le risque de riposter, il allait avoir des échanges de tirs et de 13 victimes, on allait passer à 50 et ce serait moi encore qui serais là en train de répondre ici devant vous. Je ne pouvais pas prendre sur moi cette responsabilité », a-t-il fait comprendre au Parquet.

Des discussions qui n’ont pas réussi à faire dire des extraordinaires de la part de l’accusé. Des jets de question réponse qui obligent parfois le président du Tribunal militaire à intervenir et à recadrer le procureur et l’accusé. L’audience a été suspendue pour être reprise à 14h.

Franck ZINGUE

 

 

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