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Procès Thomas Sankara : « Contrairement à ce qu’on apprenait de lui, les attributs du pouvoir n’intéressaient pas Sankara », témoigne Serge Théophile Balima

A la barre ce mercredi 1er décembre 2021, le Pr Serge Théophile Balima, ancien journaliste à la radiodiffusion du Burkina Faso et chargé de communication à la présidence du Faso sous Thomas Sankara au moment des faits, ensuite ministre en charge de la Communication et ambassadeur du Burkina Faso en France sous le Front populaire. A la retraite depuis 2013, aujourd’hui, il est consultant.

Le 15 octobre 1987, il dit être arrivé au bureau à la présidence à 15h précises. Mais ce jour-là, il a constaté que la présidence était désertique. A 15h 55 mn, il a reçu l’appel de Thomas Sankara. Il monte dans son bureau. A son arrivé, il constate avec lui que la quasi-totalité de son service de sécurité était absente. Thomas a ensuite reçu deux appels. Le premier était celui de sa femme, Mariam Sankara. La voix au bout du fil disait : « Thomas, tu es où ? Sauve-toi, ils vont te tuer », précise le témoin. Thomas Sankara lui aurait répondu en disant de se calmer et qu’ils allaient en parler lorsqu’il rentrerait.

Le deuxième coup de fil venait du Conseil de l’Entente. Et selon le Pr Balima, ce serait Alouna Traoré. « Camarade président, nous sommes tous réunis. On n’attend plus que toi ». Et Thomas Sankara de répondre : « J’arrive de suite ».

Aussitôt qu’il a démarré, poursuit Serge Théophile Balima, moins de deux minutes après, j’ai entendu un coup de feu. Selon son commentaire, c’était une alerte, pour dire qu’il venait de bouger et quatre à cinq minutes après, des tirs nourris retentissent au Conseil de l’Entente.

« Je suis resté à la présidence trois à quatre heures. Et après j’ai décidé de sortir les mains en l’air et jongler pour arriver chez moi. Quand je sortais, j’ai aperçu des militaires tous poussiéreux devant la présidence. Arrivé à la maison, c’est là ma femme me demande où j’étais, que feu Arba Diallo a appelé disant qu’on avait informé tout le personnel civil de la présidence de ne pas aller au service ce jour », a relaté Théophile Balima.

Revenant sur la personnalité morale de Thomas Sankara et les valeurs qu’il incarnait, Théophile Balima a fait savoir que contrairement à ce qu’on apprenait de lui, les attributs du pouvoir n’intéressaient pas Sankara. Il avait contribué à désacraliser le pouvoir. Il ne voulait pas être un président comme tous les autres présidents africains. Thomas Sankara ne s’intéressait pas à la vie d’ici-bas, contrairement aux autres, dont Blaise Compaoré, qui aimaient la « vie normale et avait la boulimie du pouvoir ». Il a confié, avoir échappé à une sanction de Thomas Sankara, parce qu’ayant été accusé de séduire la femme d’autrui. Serge Théophile Balima retient que Sankara ne badinait pas avec les heures de travail. « Si vous arrivez trois minutes après l’heure, vous êtes sanctionné. Il ne tolérait pas les retards au service », précise-t-il.

« Je dirai qu’il était l’incarnation des vertus, de la conviction révolutionnaire. J’en veux pour preuve sa fameuse phrase qu’il aimait clamer : Tuez-moi, ils en naîtront des milliers de Sankara ». Seulement, constate le témoin, « qu’on attend toujours ces milliers de Sankara ».

Didèdoua Franck ZINGUE

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