La crise qui secoue le Congrès pour la démocratie et le progrès n’est pas prêter de s’arrêter de sitôt pourrait-on dire au regard de l’évolution de celle-ci. En effet, en plus du mouvement et l’initiation kadré qui s’opposent à la candidature du président du parti, Eddie Komboïgo, à la présidentielle de 2020, le groupe conduit par El Hadj Lamine Kouanda dit soutenir la candidature de l’ex-ambassadrice du Burkina au Canada, Juliette Bonkoungou. Il l’a affirmé le 13 juillet dernier au cours d’une conférence de presse tenue dans un hôtel huppé de Ouagadougou.
Le CDP échappera-t-il à l’implosion ? Cette question est d’autant plus pertinente qu’en plus du Mouvement et l’initiation Kadré, entendez par là, Kadré Désiré Ouédraogo, le groupe de El Hadj Lamine Mahamadi Kouanda dit s’opposer également à la candidature d’Eddie à la présidentielle de 2020. Ce groupe souhaite plutôt la candidature de Juliette Bonkoungou, ex- ambassadrice du Burkina au Canada. Et ce n’est pas tout, El Hadj Lamine Mahamadi Kouanda, secrétaire national du CDP, chargé des coutumiers et religieux, affirme ne pas soutenir Kadré Désiré Ouédraogo. Face à la presse le 13 juillet dernier, le groupe de Mahamadi Kouanda a dit avoir organisé la conférence de presse en vue de lever certaines zones d’ombre. Pour lui, l’heure de la vérité a sonné. Car, à son avis, la crise qui secoue le CDP n’est nullement liée à une question de passe que les anciens refusent de faire aux jeunes comme ses détracteurs veulent le faire croire. Elle est consécutive à la malgouvernance, à une gestion chaotique du parti par le président Eddie Komboïgo. « Et au lieu d’avoir la décence et la clairvoyance de reconnaître ses faiblesses, il passe son temps à instrumentaliser des militants pour assouvir ses desseins inavoués et inavouables », a martelé Césaire Ki, secrétaire national du CDP, chargé de la santé qui a lu la déclaration liminaire. Et de poursuivre en ces termes, « nous aurions été heureux qu’il réussisse (ndlr Eddie). Mais hélas, nous avons constaté avec amertume qu’il a lamentablement échoué. On ne gère pas un parti comme on gère une boutique. Si à l’échelle du parti, il est incapable de respecter les textes fondamentaux, qu’en serait-il s’il accédait à des responsabilités bien plus grandes ? », s’interroge-t-il. Pour lui, si Eddie n’avait pas violé les textes du parti, on n’en serait pas là. C’est parce qu’il n’en fait qu’à sa tête, que nous nous sommes vus obligés de le recadrer, a-t-il martelé.
Selon le groupe de Mahamadi Kouanda, « le président Eddie et ses zélateurs, tentent désespérément de se justifier par rapport au nombre pléthorique des membres du BPN. La vérité est qu’au terme du 7 e congrès tenu en mai 2018, la composition du bureau politique national n’a pas été révélée aux militants de façon nominale pour des questions de contrainte de temps. Mais, une résolution avait été prise lors du séminaire du BEN à la veille du congrès pour que tous les anciens membres des comités de base (sous-session, section, conseil national, bureau politique national, bureau exécutif national), qui sont restés fidèles au parti et qui se sont battus pour l’obtention de nos 18 députés, 18 mairies et un conseil régional…), soient maintenus à leur poste.
105 membres du BPN éjectés
Et ce nombre était connu 422 ». Toutefois, confie M. Ki, mandat avait été donné à la direction de compléter ce nombre des membres du BNP à 600. « Mais, contre toutes attentes, à la rentrée politique du parti le 18 novembre 2018, la composition du BPN a été dévoilée aux militants, avec un effectif supérieur à 1000. Mais bien pire, 105 membres du BPN coptés en 2015 et faisant partie des 422, ont été éjectés et remplacés par Eddie Komboïgo, par des parvenus dont certains font partie de ceux qui ont incendié le siège du parti et les domiciles et biens de nos camarades en 2014 », soutient-il.
Et à en croire Césaire Ki, lorsque le problème a été posé, le président Eddie n’a pas voulu qu’il y ait un débat autour de la question. Des militants dont le député Yaya Zoungrana, El Hadj Lamine Mahamadi Kouanda auraient donné de la voix à ce sujet. « Mais comme dans ses habitudes, Eddie n’a pas voulu entendre raison. En vérité, il n’a jamais voulu de débat en interne », a-t-il martelé avant d’ajouter que le mémorandum produit par Lamine Mahamadi Kouanda, en dit long à ce sujet. Selon le groupe de Mahamadi Kouanda, s’il a saisi la justice, c’était à son corps défendant. Et de battre en brèche les allégations selon lesquelles, le groupe travaillerait à casser le parti. « C’est parce que nous ne voulons pas que des aventuriers comme lui ne compromettent les chances du parti aux élections législatives et présidentielle de 2020, que nous exigeons le respect des textes et une gouvernance vertueuse. Si nous avions voulu liquider le parti, nous l’aurions déjà fait puisqu’il avait abandonné le navire CDP au moment du putsch manqué en septembre 2015 », justifie Césaire Ki. A son avis, s’ils ont accepté de le réinstaller en tant que président du CDP, c’était par souci de respect des textes. Selon le groupe de Mahamadi Kouanda, le fait d’avoir esté le président Eddie en justice n’est pas un affront fait au président d’honneur comme ses détracteurs le disent. « En quoi le fait de demander le respect des textes d’un parti constitue-t-il un affront? Pensez-vous que le président d’honneur serait-il heureux de constater qu’on viole les textes fondamentaux du parti pour lequel il s’est battu 27 ans durant?, s’est interrogé Césaire Ki.
Eddie peut encore se racheter
Le groupe de Mahamadi Kouanda pense qu’il est temps de mettre fin à ce long feuillton. « Qu’Eddie arrête de nous vilipender, de filer nos camarades et sympathisants car, ces pratiques ne sont pas dignes d’un président de parti ». Qu’à cela ne tienne, étant donné qu’ils disent ne pas être des va-t-en-guerre, Mahamadi Kouanda et son groupe pensent qu’Eddie peut encore se racheter pour peu qu’il fasse son mea-culpa, s’engage à respecter les engagements pris et fasse du respect des textes du parti, son sacerdoce et la concertation sa boule.
DDZ