La polémique sur la présence des troupes militaires françaises a fait réagir l’ancien Premier ministre de Blaise Compaoré, Luc Adolphe Tiao, sur sa page facebook.
« Ces derniers temps, la présence militaire française suscite beaucoup de polémiques. Choqué sans doute par la mort de 13 soldats français dans la collision de leurs hélicoptères, le président Emmanuel Macron a sans doute envenimé la polémique par le ton martial utilisé pour inviter ses homologues du G5 Sahel à « clarifier leurs positions ». Si le drame des soldats français ne peut nous laisser indifférent, nos pays connaissent pire avec toutes ces attaques terroristes qui ont fait tant de victimes au sein des FDS et des populations. Ceci étant, il faut traiter la question du terrorisme avec lucidité et réalisme. Il a fallu beaucoup de moyens et du temps à la coalition de pays amis sous le leadership des États-Unis pour venir à bout des djihadistes en Irak et en Syrie. Encore que le terrorisme n’est pas totalement enrayé dans ces pays.
En Afghanistan, malgré les moyens déployés par les » boys », les talibans résistent toujours au grand dam de la population. Le Nigeria, malgré ses grands moyens et le nombre impressionnant de ses soldats, n’arrive pas à enrayer Boko haram dont les tentacules s’étendent hors des frontières de ce pays.
C’est dire, que la seule bonne volonté et le courage ne suffisent pas pour mettre fin au terrorisme au Sahel et en particulier au Burkina Faso. Aucun de nos pays n’est en mesure tout seul d’en finir avec cette importante guerre asymétrique à laquelle il fait face.
L’appui militaire français n’est donc pas superflu, il faut le dire honnêtement. Il faut avoir le courage de reconnaître que sans les forces spéciales françaises nombre de pays sahéliens seraient en ce moment à genoux.
Cela n’enlève en rien certaines critiques formulées à l’encontre de certains aspects de la politique d’intervention militaire française. Tout comme cela ne dédouane pas non plus nos dirigeants des insuffisances constatées dans la lutte anti-terroriste. Il ne faut donc pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Ce qu’il faut, c’est une plus grande collaboration et une symbiose entre les troupes françaises et celles des pays touchés par le terrorisme. Si les contingents français restent barricadés dans leurs camps et n’obéissant qu’à Paris, ils seront perçus soient comme des forces d’occupation, soient comme des complices des terroristes. C’est pourquoi, il faut mettre fin à cette ambiguïté dans la perception des jeunes sahéliens avec la présence des troupes françaises sur leur sol. De même, un élargissement plus important de l’opération à d’autres pays occidentaux devient indispensable. Mais la lutte anti-terroriste est de la responsabilité première de nos gouvernements. Aucun État souverain ne peut confier entièrement sa défense et sa sécurité à un pays. Toutes choses qui n’excluent pas l’aide de pays tiers. La victoire contre le terrorisme se gagnera en effet par une coopération militaire forte et par l’implication véritable des populations ».