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Mariam Sankara : « Le pardon ne se décrète pas »

Au lendemain de la demande de pardon de l’ancien président Blaise Compaoré à la famille de Sankara et au peuple burkinabè pour les actes qu’il a commis sous son magistère la veuve de Thomas Sankara a réagi en exclusivité pour Jeune Afrique. Lisez plutôt!

Jeune Afrique : Acceptez-vous le pardon demandé par Blaise Compaoré dans le rôle dans l’assassinat de votre mari, le 15 octobre 1987?

Mariam Sankara : C’est à ma grande surprise que j’ai appris, par la presse, que Blaise Compaoré a demandé pardon au peuple burkinabè et à la famille de son « ami et frère » Thomas Sankara. Sincèrement, je me demande si cette lettre vient de Blaise lui-même. Depuis 1987, il a eu l’occasion de demander pardon à maintes reprises. Mais il est resté impassible. Il aurait pu venir au procès reconnaître sa responsabilité et demander pardon mais il n’a rien fait. Lors de son dernier séjour à Ouagadougou, début juillet, il aurait pu s’adresser aux Burkinabè mais non, il n’a rien fait.

Vous doutez donc que ce soit Blaise Compaoré lui-même qui ait écrit cette lettre ?

Je doute de l’authenticité de cette lettre car, comme je vous l’ai dit, Blaise a eu l’occasion de demander pardon depuis longtemps. Il ne l’a pas fait. Il est venu récemment à Ouagadougou. Tout le monde l’a vu. Il aurait pu parler. Mais il n’a rien dit du tout.

Au-delà du débat sur l’authenticité de cette lettre, acceptez-vous son pardon ?

Le pardon ne se décrète pas. Quand on a commis un acte et qu’il a été jugé, si on le reconnaît, on se rend à la justice. À ce moment, peut être que le pardon aurait pu être accepté par les victimes. En reconnaissant ses actes et en acceptant la justice, il aurait vraiment montré qu’il se repent. Mais demander pardon comme ça, alors qu’on ne sait même pas si c’est vraiment lui qui demande…

Voyez-vous un aveu de culpabilité de Blaise Compaoré dans cette demande ?

Encore une fois, je me demande si c’est bien lui qui a écrit cette lettre. Il avait l’occasion depuis longtemps de demander pardon. Et c’est aujourd’hui, où il ne semble pas être lui-même, qu’il fait cette demande ? Si on veut vraiment le pardon et la réconciliation, il y a des formes à respecter. Là, c’est une manière assez inédite.

Avez-vous été choquée du retour de Blaise Compaoré début juillet à Ouagadougou ?

Oui, j’ai été choquée de ce retour. Quelqu’un qui est condamné et qui passe comme ça par-dessus la justice, cela est choquant. Il est rentré sans que rien ne se passe, sans que personne ne soit averti. Cela a été une surprise de mauvais goût pour tout le monde. S’il doit revenir au Burkina Faso, il faut que la démarche se fasse auprès de la justice burkinabè. Quelque part, je pense qu’on instrumentalise la réconciliation et le pardon, qu’on tolère l’impunité. Or, tous les Burkinabè veulent la réconciliation et la paix dans le pays. Il ne faut pas que ces actes nous divisent. Il faut que l’on reste vigilant et uni, sans céder à la division.

Interview réalisée par Jeune Afrique

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