A Kinshasa en République démocratique du Congo, le jeudi 26 mai était placé sous le signe de la mobilisation de l’opposition. Des manifestations ont eu lieu pour dénoncer l’arrêt de la Cour constitutionnelle, qui permet au président Joseph Kabila de rester au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel. Le camp du pouvoir avait aussi prévu de manifester. Mais finalement, sur demande du gouvernement provincial, il a décidé d’ajourner sa marche. Une décision à saluer quand on sait le risque que cette contre-marche pouvait occasionner en termes de casses et de mort d’hommes. Cela dit, la marche de l’opposition avait bien démarré. Et patatras ! L’ambiance s’est ensuite détériorée puisque la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Bilan : plusieurs blessés et deux mort. Tout cela, parce qu’un seul homme a pris son pays en otage avec pour seul objectif de ne pas céder le pouvoir. Bien sûr, il trouvera des Congolais pour l’accompagner dans sa bêtise. Car, comme on le sait, à la table du seigneur, ne manquent jamais des convives. Mais ce n’est pas parce que l’on bénéficie du soutien de gens guidés par les intérêts du ventre et autres courtisans, que l’on est forcément du bon côté de l’Histoire. D’ailleurs, combien sont-ils les Raspoutine qui arpentent les couloirs des palais présidentiels africains?
L’opposition doit continuer à maintenir la pression sur le pouvoir congolais
En tout cas, si Joseph Kabila tirait leçon de ce qui s’est passé ailleurs, il prendrait une décision sage. En effet, sous d’autres cieux, certains ont rempli des stades « recto-verso », mais lorsque les événements ont pris une autre tournure, ces derniers n’ont pas hésité à retourner leur veste. En règle générale, lorsqu’un régime organise une contre-marche c’est qu’il n’y a pas la sérénité dans ses rangs. Kabila sait-il qu’il fonce droit dans le mur ? en tout cas, il n’est pas encore tard pour lui, de se ressaisir. Quand à l’opposition, elle doit continuer à maintenir la pression sur le pouvoir congolais. Pour ce faire, elle doit inscrire ses actions dans la durée parce que les dictateurs de la trempe de Kabila, ne renoncent pas aussi facilement à leurs desseins pouvoiristes. Aucun sacrifice n’est de trop pour prendre son destin en main. Quid de l’Union africaine (UA) ? Elle est interpellée. Elle doit donner de la voix, en s’inspirant de l’exemple du Haut-Commissariat de l’Organisation des Nations unies (ONU) aux droits de l’Homme qui, dans une récente sortie, a mis en garde Kabila, en lui demandant de garantir à chaque Congolais le droit de manifester librement et pacifiquement.
Issa SIGUIRE