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Lutte contre la corruption au Burkina : l’ASCE/LC et le REN-LAC pour une implication de l’exécutif, du législatif et du judiciaire

Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) et l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC) ont organisé, ce 18 novembre 2021 à Ouagadougou, une tribune d’interpellation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sur l’état de la corruption au Burkina. Il s’est agi pour les deux structures de lutte contre la corruption, de formuler des recommandations à l’endroit des trois pouvoirs pour leur meilleure implication dans la lutte contre la corruption. La tribune a servi de cadre à l’ASCE/LC et au REN-LAC de remettre un mémorandum d’interpellation aux représentants des pouvoirs judiciaire et législatif qui étaient présents.

C’est connu, la corruption n’épargne aujourd’hui aucun secteur de la vie économique et sociale du « pays des hommes intègres ». Du domaine administratif à celui politique, économique en passant par ceux juridiques ou fiscaux, le phénomène connait une recrudescence, en dépit des progrès considérables sur le plan juridique et institutionnel. Selon le secrétaire exécutif national du REN-LAC, Sagado Nacanabo qui a lu le mémorandum d’interpellation, après avoir amorcé une légère baisse à la faveur de l’insurrection populaire d’octobre 2014, le phénomène de la corruption connait une hausse depuis 2016. « Pourtant, l’un des principaux objectifs clairement affirmés des deux mandats du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est l’assainissement de la gouvernance politique et administrative à travers la lutte contre la fraude et la corruption.  Ainsi, la mise en œuvre du PNDES sur la période 2015-2020 aurait dû permettre au Burkina Faso d’améliorer son score dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency international (TI). Il était attendu que la note du Burkina Faso passe de 38/100 en 2015 à 60/100 en 2020. Toutefois, l’évolution de notre situation sur la période concernée montre que le pays a connu un recul. Après avoir effectué une légère amélioration de son score entre 2015 et 2017 dans l’IPC de TI, en passant de 38 points à 42 points, le Burkina Faso a vu sa note comme son rang se dégrader à partir de 2018. En 2020, le Burkina Faso stagnait à 40 points sur 100 et se retrouvait au 86e rang mondial sur 180 pays. Cette performance est bien loin de l’objectif des 60 points sur 100 visé par le PNDES I. Mais plus grave, la phase II du PNDES, qui vient d’être adoptée pour la période 2020-2025, a revu à la baisse les ambitions du Burkina Faso en termes d’amélioration de son score dans l’IPC de TI, en plaçant la barre cette fois à 45 points sur 100 ; objectif désormais visé pour la fin du second quinquennat du président du Faso en 2025. Le choix a donc été clairement fait de viser en-dessous de la note moyenne de 50 points sur 100, comme si le gouvernement se résignait déjà dans la lutte contre ce phénomène qui prend, chaque jour, des proportions inquiétantes. N’est-ce pas là un aveu d’impuissance ? », s’interroge Sagado Nacanabo. Selon lui, le développement actuel de la corruption dans les différents secteurs d’activités commande que des mesures importantes soient prises par les pouvoirs publics dans le sens de la promotion de l’intégrité et de la réhabilitation des valeurs morales dans la société.

Pour ce faire, plusieurs recommandations ont été formulées par l’ASCE-LC et le REN-LAC à l’endroit du gouvernement, de l’Assemblée nationale et de la Justice afin qu’ils s’impliquent activement dans la lutte contre la corruption. « Si ces différents pouvoirs donnent l’exemple, nous pensons que certains citoyens et les structures de lutte contre la corruption auront les coudées franches pour avancer dans la lutte contre la corruption », a-t-il affirmé.

Pr Luc Marius Ibriga de l’ASCE/LC (g.) remettant un exemplaire du mémorandum

À l’endroit du pouvoir exécutif, l’ASCE/LC et le RENLAC recommandent entre autres d’inscrire la lutte contre la corruption, le devoir d’exemplarité et la reddition des comptes au cœur de l’action gouvernementale, d’organiser une vaste opération de lutte contre la corruption dans tous les secteurs d’activités en impliquant les structures étatiques et non étatiques pour une plus grande efficacité de l’action gouvernementale.

À l’endroit du pouvoir législatif, ils demandent de renforcer le contrôle de l’action gouvernementale en matière de lutte contre la corruption à travers des interpellations régulières sur les suites administratives à donner aux différentes dénonciations de la presse, des OSC et des Corps de Contrôle de l’Etat, mettant en cause des agents publics; de rendre les membres de l’exécutif et du législatif justiciables des juridictions de droit commun.

Concernant le pouvoir judiciaire, ils préconisent d’engager systématiquement des poursuites judiciaires sur les cas de corruption dénoncés, de prononcer des sanctions dissuasives à l’endroit des différents acteurs impliqués dans des cas de corruption et de donner une suite aux saisines judiciaires relatives aux infractions constatées dans la Commande publique.

Pour joindre l’acte à la parole, chaque pouvoir représenté a reçu un mémorandum.

Colette DRABO

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