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INSTALLATION DES AUTORITES INTERIMAIRES AU NORD-MALI : Bamako franchira-t-il le Rubicon ?

C’est en principe ce vendredi 15 juillet 2016 que les autorités intérimaires désignées pour administrer les cinq régions du Nord-Mali, doivent être installées dans leurs fonctions. Il est prévu dans l’accord d’Alger, le remplacement temporaire des élus locaux par des représentants du gouvernement de l’ex-rébellion et des groupes armés pro-gouvernementaux dans les cinq régions du Nord du pays.  Leur installation ce 15 juillet, s’inscrit donc en droite ligne de cet accord. Seulement, voilà : les populations manifestent contre la mise en place de ces autorités intérimaires, notamment au motif qu’elles ne seraient pas représentatives. La charge a été sonnée par les associations de jeunes de la société civile de la ville de Gao à travers une manifestation au cours de laquelle quatre manifestants sont tombés sous les balles des forces de sécurité. La situation explosive menaçait de s’étendre à d’autres localités comme Kati, Tombouctou, et même la capitale Bamako. Aux dernières nouvelles, la situation est revenue au calme après un modus vivendi trouvé avec une délégation gouvernementale dépêchée sur les lieux pour trouver une issue négociée à cette crise. Les jeunes maliens manifestaient contre une camisole que le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) voulait leur imposer de façon cavalière, et n’étaient pas prêts à suivre leurs autorités dans leur logique de promotion de l’impunité. Bien entendu, c’est de cela qu’il s’agit puisque les autorités intérimaires qui attendent impatiemment de prendre fonction, sont pour certaines, les affidés des coupeurs de bras et autres criminels qui avaient mis le septentrion malien sous coupe réglée. Qu’aujourd’hui, le pouvoir veuille leur dérouler le tapis rouge, est quelque chose d’inacceptable aux yeux de ces jeunes Maliens. Autrement dit, faire le forcing pour installer des individus dans des fonctions où ils sont indésirables, ne pouvait que produire l’effet que l’on sait. Et ce d’autant plus que de Gao à Tombouctou en passant par Bamako, les contestataires étaient prêts à aller jusqu’au bout. Une telle situation devrait faire réfléchir les autorités de Bamako qui, dans cette affaire, auront fait preuve de myopie politique et sociale.

 Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas eu une vision prospective et a sous-estimé le mouvement des jeunes

 Fort heureusement, le gouvernement de Bamako semble avoir trouvé les mots qu’il faut pour faire baisser l’adrénaline dans les rangs des jeunes manifestants. Mais il faudra à présent tirer toutes les leçons de cette affaire et faire en sorte que ces malheureux événements appartiennent au passé. Et pour cela, les autorités maliennes devraient dorénavant consulter leurs administrés concernés par la question des autorités intérimaires, pour dégager un consensus acceptable. Face aux velléités indépendantistes de certains groupes du Nord-Mali, il était important de clarifier la feuille de route et les missions des autorités intérimaires pour ne pas donner l’impression d’ouvrir la voie à une partition du Mali. A la logique d’une gouvernance participative, personne ne doit se soustraire, surtout dans le Mali actuel. En tout cas, une extension du mouvement de contestation serait un problème majeur pour les autorités. Le Mali aurait pu faire l’économie d’une telle crise qui ne fait que l’affaire des djihadistes. Disons-le tout net, IBK n’a pas eu une vision prospective et a sous-estimé la capacité de réaction des jeunes. Mais comme le dit un adage, « il n’est jamais tard pour bien faire ». Alors, il peut encore rectifier le tir, comme il semble se résoudre à le faire.

Michel NANA

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