L’Afrique de l’Ouest et la région du Sahel font face à des inondations dévastatrices entraînant de nombreuses victimes et des dégâts considérables.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ces inondations provoquées par des pluies diluviennes ont fait au moins 112 morts et affecté plus de 700.000 personnes du Niger au Tchad.
Parmi ces dizaines de décès, figurent une femme enceinte et sa fille adolescente, toutes deux déplacées internes, signale le HCR. Des milliers d’autres ont d’urgence besoin d’abris, d’eau potable et de soins de santé dans de vastes zones au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et au Niger.
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a donc intensifié ses efforts pour venir en aide aux familles déracinées au Sahel (Afrique), parmi plus de 700.000 personnes affectées par les inondations dévastatrices dans la région.
« Les réfugiés, les déplacés internes et leurs hôtes étaient déjà au bord du gouffre et avaient d’urgence besoin de notre aide », a déclaré Millicent Mutuli, Directrice du bureau régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les précipitations les plus fortes qui ont commencé en août seraient les pires depuis plus d’une décennie. Des habitations ont été détruites, des centres de santé ont été endommagés et des terres agricoles submergées par les inondations à travers tout le Sahel, où des violences aveugles et intenses ont déjà forcé plus de 3,5 millions de personnes à fuir au sein de leur pays ou au-delà des frontières.
Les inondations aggravent une situation déjà préoccupante
« Les inondations aggravent encore davantage les difficultés, tout en entravant nos efforts pour répondre à l’une des crises humanitaires les plus sévères et à la croissance la plus rapide au monde », a ajouté Mme Mutuli.
Dans la région, le Niger est le pays le plus durement touché, avec 71 morts et 90 blessés. Plus de 350.000 personnes sont affectées par ces inondations, en particulier dans la région de Maradi. Six sites de déplacés internes ont été d’ailleurs touchés. De ce fait, plus de 9.000 réfugiés et déplacés internes ont d’urgence besoin d’abris.
Face à cette urgence, l’Agence onusienne mobilise de l’aide pour les déplacés internes dans les zones où les populations se déplacent avec de l’eau jusqu’à la taille ou en pagayant à bord de canoës.
Au Mali voisin, des milliers de déplacés internes et de membres des communautés locales ont été affectés par les inondations. Des centaines de maisons ont été détruites dans les régions de Gao, Mopti, Ségou et Sikasso.
Au Burkina Faso, qui accueille actuellement plus d’un million de déplacés internes, ces pluies ont touché l’ensemble des 13 régions, causant la mort de 41 personnes et 112 blessés. Dans ce pays qui recense plus de la moitié de la population déplacée interne à travers toute la région du Sahel, plus de 12.000 ménages sont désormais sans abri. Les pluies torrentielles ont causé des dégâts considérables dans un pays où un habitant sur cinq était déjà déplacé auparavant par les violences…
Des réfugiés obligés à dormir dans des écoles ou en plein air
Au Tchad, plus de 236.000 personnes ont été affectées par les inondations. Ces intempéries ont rendu les routes impraticables, ce qui entrave l’accès de l’aide humanitaire auprès des réfugiés affecté.
Dans la province de Goré au sud du pays, 1.735 réfugiés ont été touchés, et au moins 283 ménages ont vu leurs terres agricoles inondées et leurs cultures détruites.
Dans l’est du Tchad, la plupart des habitations et des abris dans six camps accueillant des milliers de réfugiés près d’Iriba ont été détruits ou fortement endommagés, forçant les réfugiés à dormir dans des écoles ou en plein air.
A travers toute la région, les infrastructures, y compris les installations médicales, sont endommagées.
Selon l’Agence onusienne, cette situation impacte naturellement les efforts nationaux de prévention et de lutte contre la pandémie de Covid-19 et d’autres maladies, comme le paludisme et la rougeole. Les sources d’eau étant désormais contaminées et les latrines inondées, une épidémie de choléra est à craindre. De plus, les cultures ont été détruites par les inondations, ce qui accroît les pénuries de vivres et la vulnérabilité des fermiers et de leurs familles dont les revenus dépendent des moissons.
Plus largement, le HCR exhorte les gouvernements de la région à inclure les réfugiés, les déplacés internes et leurs communautés d’accueil dans les efforts de réponse aux inondations. D’autant que la fréquence et l’intensité des inondations, des sécheresses et des tempêtes de sable multiplient les risques pour les communautés d’accueil et déracinées qui sont déjà aux prises avec l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire, le conflit armé et les risques posés par les changements climatiques. Des défis quotidiens qui sont aggravés cette année par la pandémie de Covid-19.
HCR