A partir du 1er octobre 2016, l’ambassade américaine à Banjul, en Gambie, suspend la délivrance de visas aux membres du gouvernement gambien, aux fonctionnaires de l’Etat et à certaines personnes employées dans des entités liées au gouvernement gambien, ainsi qu’à leurs conjoints et leurs enfants, à quelques exceptions près, a annoncé le Département d’Etat américain. Officiellement, cette décision est une mesure de représailles prise contre le régime de Yahya Jammeh qui refuse d’accepter le rapatriement de près de 2 000 Gambiens en situation illégale aux Etats-Unis. Si telle est la vraie raison, on peut dire que l’homme fort de Banjul a le droit de refuser que soient expulsés ses ressortissants d’un pays tiers. Cela peut se comprendre. Mais dans le cas d’espèce, on sait bien qu’il s’agit d’un refus calculé. Car, pour le satrape gambien, accepter d’accueillir 2000 personnes rentrées avec une tout autre mentalité, celle du Yankee, qu’il viendrait à ne pas contrôler, c’est prendre un risque. Surtout que dans le cas d’espèce, il s’agit de gens qui ont vécu au pays de la liberté. Et puis 2000 personnes, ce sont après tout 2000 bouches à nourrir. Manifestement trop pour un pays déjà très mal en point économiquement.
Les expulsés sont des colis encombrants non seulement pour Washington, mais aussi pour Banjul
Cette crise économique pourrait ouvrir la voie à une autre crise sociale, avec le retour massif au bercail de ces Gambiens. En tout cas, si les Etats-Unis avaient décidé de sanctionner Yahya Jammeh à cause de sa dictature féroce, on les aurait applaudis à tout rompre. Mais hélas, ce n’est pas le cas. Décider d’expulser des gens qui ont fui une dictature n’est ni plus ni moins qu’un manque d’humanisme. Car, c’est comme si les Américains décidaient d’envoyer ces Gambiens à l’abattoir. Maintenant que Banjul refuse d’accueillir ses propres ressortissants en situation irrégulière, que feront les USA ? Quel sera leur sort ? On attend de voir. Toujours est-il que ce sont des colis encombrants non seulement pour Washington, mais aussi pour Banjul. Rappelons que Jammeh avait autorisé l’exécution, le 26 août 2016, de 9 détenus, dont deux Sénégalais. Sans oublier d’autres personnes qui attendent encore dans les couloirs de la mort.
Issa SIGUIRE