A travers un décret signé, le 11 juillet dernier, le président camerounais, Paul Biya, convoque le corps électoral, le 12 octobre 2025, pour élire le prochain président de la République et ce, conformément aux dispositions de la Constitution et du Code électoral en vigueur. Nonagénaire, et au pouvoir depuis plus de quarante ans, Paul Biya ne s’est pas encore prononcé sur son éventuelle candidature pour un nouveau mandat après que les réformes constitutionnelles de 2008 ont supprimé les limites de mandats présidentiels.
En tout état de cause, le silence de Paul Biya autour d’un énième mandat à la tête du Cameroun, laisse présager une probable candidature étant donné que cet habitué du pouvoir sans partage, n’a pas daigné préparer un dauphin qui pourrait lui succéder. Preuve s’il en est, plusieurs candidats ont déjà déclaré leur candidature, dont l’ancien ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary, qui a démissionné du gouvernement, le mois dernier. Avec la date de la présidentielle désormais fixée, les partis politiques commencent déjà à se mobiliser. En effet, plusieurs formations politiques de l’opposition affûtent déjà leurs armes et affinent leurs stratégies.
Certains partis, comme le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ou le Social Democratic Front (SDF), ont engagé des concertations internes en vue de désigner leurs candidats respectifs, tandis que des figures indépendantes songent à se lancer dans la bataille.
Paul Biya devrait avoir la sagesse de faire valoir ses droits à la retraite
Paul Biya est attendu sur sa capacité à organiser une élection transparente, crédible et apaisée. Sera-t-il à la hauteur d’un tel défi, qu’il n’a été capable de relever bien des décennies avant ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, ce n’est pas une opposition qui manque au Cameroun. Même si elle n’a jusque-là, pas réussi à provoquer l’alternance et pour cause : le président Paul Biya n’hésite pas à barrer la route à tout opposant capable de lui tailler des croupières.
Et l’opération Epervier, du nom de cette campagne anticorruption menée par les autorités camerounaises dans le but de lutter contre la corruption, la gabegie financière et les détournements de fonds publics, est, chaque fois, utilisée pour écarter de potentiels candidats sérieux. Ce qui fait dire à certains qu’une présidentielle au Cameroun n’est qu’une simple formalité pour le sphinx d’Etoudi ; au point que bien des Camerounais, depuis plusieurs années, se sont résignés, convaincus que l’alternance est impossible dans leur pays.
Après plus de 42 ans de règne sans partage, Paul Biya devrait avoir la sagesse de faire valoir ses droits à la retraite. Malheureusement, il refuse de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir.
Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO