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Dr Harouna Kaboré, à propos de la gouvernance au Burkina: « Il faut savoir rester modeste et se réinventer » 

Ceci est une tribune de Harouna Kaboré, ancien ministre en charge du commerce sur la situation Burkina Faso.

Prendre du recul: Facile à dire, difficile à faire, mais indispensable souvent ! Pourvu que naisse le renouveau.

Gramsci nous enseigne que « la crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés ».

 La crise, période de transition, s’accompagne de « phénomènes morbides variés ». Un phénomène historique est qualifié de morbide lorsqu’il freine l’apparition d’un nouveau type de société. Quelle est la réalité dans notre pays aujourd’hui empêtré dans une crise multidimensionnelle ?

Génération 83: Nous pas bouger !!! c’est pourtant la fin du cycle !

Dans notre pays un phénomène, une réalité tangible, observable et vérifiable est de mise : la génération de 1983 ( civile et militaire)-idéologie et projet compris- refuse d’abandonner la scène politique ( refuse de « mourir ») et la nouvelle génération refuse de faire naître le renouveau, pas parce qu’elle n’a pas les capacités intellectuelles et organisationnelles mais parce qu’elle manque de stratégie efficace et intelligente qui rassemble, qui fédère autour d’un ESSENTIEL au détriment des égos surdimensionnés et de basses fréquences.

 Alors, sur la scène apparaissent des médiocres qui occupent le domaine politique, écument les villes et villages, distillent la haine et le venin de la division et de la médiocrité, les seules choses dont ils sont experts depuis des lustres et qui produisent le présent que nous vivons tous aujourd’hui. Ni aucun programme, aucun projet, aucune vision à même de relever les défis de notre pays et le guérir ne se retrouve dans leurs offres. Que des catalogues d’intentions, des slogans et des diatribes.

Les ténèbres veulent assurer la locomotive et invitent les populations à les suivre ! On est dans les « phénomènes morbides » ! Mais à qui la faute ? La réponse peut sembler simple et triviale du type: la nature a horreur du vide donc si vous estimez pouvoir faire mieux, alors assumez-vous ! Et pourtant ce n’est pas aussi évident que ça, tant l’équation à résoudre est du type paramétrique à plusieurs inconnues!

Et peut-être que l’une des pistes c’est d’avoir le recul nécessaire pour tracer une nouvelle voie qui mène au renouveau, qui transcende les clivages subjectifs sans se faire d’illusions sur la fin des rapports de forces et des mariages impossibles !

 Une nouvelle offre de contenu, un nouveau rêve : un vrai changement de paradigmes qui associe civils et militaires chacun dans son rôle pour dessiner un nouvel horizon ! Oui du recul dans cette période de « clair-obscur », il en faut à chacun de nous, à tous ceux qui rêvent d’un véritable renouveau ! Être présent autrement, agir différemment, apprendre davantage, savoir rester modeste : se réinventer ! Construire !

Conquête ou construction ?

Le capitaine-président du Faso, Thomas Sankara disait qu’un « militaire sans formation politique est un criminel en puissance » mais que dire des civils sans repère et sans vision, sans constance et sans consistance et dont les prétentions de conduire la destinée d’une nation ou d’indiquer la voie à suivre sont devenues une profession, un job, une rente ? Pire que des criminels, oserais-je dire !

La vie avance certes à grande vitesse mais ce n’est pas une raison de courir n’importe comment pour ne pas être en retard au risque de courir même à contre-courant du sens de l’histoire car ne dit-on pas que rien ne sert de courir, il faut partir à point ! Peut-on partir à point sans contenu, sans concevoir l’avenir ? Ou faut-il s’occuper juste de comment conquérir le pouvoir et on verra après ? Le constat au Faso est consternant : Création tout azimut de nouveaux partis politiques par n’importe quel quidam ou bouffon avec pour seul objectif de conquérir qui un poste de député perdu, qui un poste de maire perdu, qui un poste de ministre égaré etc….!

Ou tout simplement en devenir un nouvel élu ! Et le Burkina ? Où le met-on? Comment soigne-t-on notre pays qui est malade ? Comment le sortir de l’insécurité ? Comment refaire son économie exténuée ? Comment construire un nouveau rêve ?

Il faut construire le renouveau et la conquête doit être un des outils et non l’objectif !  Le combat est certes titanesque mais gagnable! Prenons juste en compte ce qu’a dit Vauban : il n’y a pas de forteresse imprenable, il n’y a que des attaques mal menées !

Du recul, il en faut à tous pour construire le renouveau ! Et puisque le soleil du Burkina ne se couche que pour mieux se lever et briller davantage, alors à bientôt !

Le Faso d’abord !

Dr Harouna Kaboré

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