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Dr Abdallah, artiste-slameur, « La musique m’a beaucoup aidé à devenir un bon médecin »

 Il est médecin-généraliste mais son amour pour la musique l’a poussé à ajouter cette autre corde à son arc. Ainsi, autant il manie le stéthoscope, autant le micro n’a aucun secret pour lui. Lui, c’est Dr Abdallah Ouédraogo plus connu sous le nom de Dr Abdallah, qui évolue dans le slam. Pour lui, le micro vient donner un plus à sa profession en ce sens qu’il lui permet aujourd’hui de sensibiliser le maximum de personnes sur certaines questions de santé.  Auteur d’un album de 8 titres sorti le 28 juillet 2022, et d’un single sorti récemment, le jeune médecin-slameur était, le 26 juin 2023, l’invité de actuburkina, dans le cadre de la rubrique « Vie de stars ».  Dans cette interview, il revient sur les raisons qui l’ont poussé à faire le slam. Même si la musique ne prendra jamais le dessus sur sa profession, il reconnait que celle-ci a beaucoup contribué à faire de lui un bon médecin. Découvrons un peu plus Dr Abdallah.

 Vous êtes un agent de santé et vous avez décidé de vous lancer dans la musique. Dites-nous d’où vous est venu cet amour pour la musique ?

Depuis le lycée, mon professeur de français m’avait initié à la poésie. Donc j’écrivais des poèmes. Quand j’ai découvert le slam, j’ai vu que c’était de la poésie qui était déclamée et cela m’a plus. Et comme je faisais déjà de la poésie, je me suis dit donc pourquoi ne pas faire du slam en même temps vu que j’écrivais des textes. Depuis l’université, je slamais souvent mais les études de médecine ont fait que je n’avais pas vraiment le temps pour me consacrer à la musique. Quand j’ai fini mes études en 2016 et que j’ai commencé à travailler, j’ai vécu des réalités dans mon bureau avec mes patients. Les conseils et propositions que je donnais aux patients, je me suis dit qu’au lieu que cela profite à un seul patient qui est devant moi, pourquoi ne pas en faire profiter à beaucoup d’autres patients qui ne seront pas forcément devant moi mais qui seront devant leur téléphone, leur radio ou leur télé. Bref, passer par la musique pour donner le message, afin de toucher beaucoup plus de personnes. Voici à peu près d’où a germé cette idée de slam qui a commencé depuis longtemps bien sûr mais qui s’est beaucoup accentué après mes études en médecine.

 Pensez-vous que le slam que vous pratiquez, parvient à votre cible ?

 Je suis convaincu de toucher ma cible parce que j’ai été accompagné par de nombreux médias qui diffusent mes messages et, aujourd’hui, beaucoup de personnes me reconnaissent plus par la musique que de par ma profession de médecin.  Beaucoup sont étonnés car ils pensaient que Dr Abdallah était juste un nom, mais ignoraient que j’étais vraiment médecin. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui m’écrivent sur les réseaux sociaux pour me dire à quel point ma musique les a fait changer, à quel point elle les conseille et les encourage à continuer.

Combien d’albums avez-vous à ce jour ?

J’ai un album de huit (8) titres qui sont tous clipés. Je viens de sortir un 9e clip, un single qui traite du cancer du sein que j’ai chanté avec Améty Méria et Mariah Bissongo.

Comment arrivez-vous à concilier votre profession de médecin et la musique ?

Le plus important, c’est la médecine. C’est pour ça que j’ai été formé. Le slam que je fais est un slam médical, cela pour dire que je puise mon inspiration de la médecine pour écrire mes textes de musique. Pour moi, la médecine vient en priorité, car elle permet de sauver des vies sur le champ. Il est vrai que la musique permet aussi de sauver des vies mais c’est dans la prévention. On ne peut pas laisser un malade couché, en situation d’urgence, au lieu de le sauver, aller faire de la musique pour aller sensibiliser des gens qui ne sont pas forcément devant nous. En définitive, la médecine est prioritaire et à nos temps libres, on se consacre à la musique.

La plupart de vos messages sont des messages de sensibilisation et le slam que vous pratiquez s’adresse à une frange de la population. Ce n’est pas trop l’affaire de personnes d’un certain âge.  Pensez-vous que le slam a de l’avenir au Burkina ?

Oui, le slam a de l’avenir au Burkina. Par exemple, ma toute première chanson « Combat pour la survie » s’adresse aux personnes qui vivent avec des maladies chroniques et qui doivent se battre toute leur vie. La plupart de ces personnes qui ont l’hypertension, le diabète, l’insuffisance rénale, sont des personnes âgées. Elles écoutent mes messages et j’ai des retours positifs de leur part. C’est dire qu’on n’a pas laissé de côté une catégorie.  La première frange que j’ai pu toucher, je dirai que ce sont les personnes âgées. Aussi, nous avons chanté sur les accidents de la circulation, les femmes enceintes, le paludisme, le cancer, qui sont des thèmes qui touchent beaucoup de personnes. Tout ceci pour dire que le slam forcément a un avenir parce que les gens voient qu’au-delà du slam musique qu’on fait, il y a le slam médical, le slam de sensibilisation qui leur permet de recevoir un message, et des conseils. Donc, pour moi, le slam a de l’avenir au Burkina et tout le monde s’y retrouve à travers les thèmes abordés .

Vous êtes un musulman pratiquant et vous avez fait un featuring avec un groupe chrétien, Vox Christi. Qu’est-ce qui a motivé une telle démarche et qu’avez-vous voulu faire passer comme message ?

 

 Arrivez-vous à faire comme il se doit, la promotion de votre musique ?

Comme tout artiste burkinabè actuellement, il y a des difficultés pour faire la promotion parce que la promotion engloutit beaucoup d’argent et de temps. Heureusement, j’évolue dans un cercle particulier, mon slam sensibilise et sa promotion se fait toute seule. Quelqu’un qui écoute une chanson et qui pense qu’il a un parent malade, peut lui envoyer rapidement les conseils que je donne et cela se fait très rapidement. Au finish, ce sont de nombreuses personnes qui sont touchées et c’est la promotion de la ma musique qui se fait d’elle-même.  A mon avis, les choses ont été facilitées grâce aux médias qui, à travers mes messages, ont estimé qu’il était important d’accompagner ce projet. Je peux dire que je suis arrivé à faire la promotion de ma musique plus que d’autres artistes qui peinent à faire la leur parce que, souvent, le message n’est pas le même ou les gens ne se reconnaissent pas dans le message véhiculé.

Quels sont vos projets aux plans national et international ?

Dans la santé, il y a tellement de thèmes qu’on ne peut pas tout finir. Le plus important est d’aborder le maximum de thèmes pour que les gens reçoivent le maximum de messages en lien avec leur santé.  Par ailleurs, j’ai un projet d’organiser un concert de la santé parce qu’avec un album de 8 titres et un single, je pense qu’on peut faire un concert et nombreuses sont ces personnes qui attendent même cela. Parce que cela fait quand même 3 ans qu’on a commencé ce projet et beaucoup de personnes attendent qu’on se réunisse quelque part, un jour, et qu’on revisite toutes les chansons. Aussi, je tiens à souligner que dernièrement, j’ai eu la chance d’obtenir le prix du meilleur slameur et cela vient conforter mes fans et moi-même pour dire que le travail que nous faisons est bien et qu’on peut maintenant marquer une autre étape  avec l’organisation d’un concert.

Dr Abdallah tenant son trophée du meilleur slameur 2023

 

Est-ce possible qu’on entende un jour dire que Dr Abdallah a déposé sa blouse blanche pour ne faire uniquement que de la musique ?

Non, je dirai non parce que les gens en ce moment ne me reconnaitront plus! On m’a connu comme le médecin qui prend son art pour sensibiliser. Le jour où je vais déposerai ma blouse, c’est que j’ai perdu mon inspiration. Où vais-je m’inspirai pour écrire mes textes ? Je pense que les deux doivent aller ensemble et je précise que la musique m’a beaucoup aidé à être un bon médecin. En tant que musicien, le message véhiculé doit être un message véridique et actualisé. C’est dire que vous êtes tout le temps obligé de lire des bouquins, de faire des recherches sur certaines maladies, connaitre les dernières découvertes, etc avant d’écrire les textes. Quand tu l’écris, et qu’il y a des insuffisances, des erreurs ou des incompréhensions, les gens ne vont pas tarder à te rappeler à l’ordre. Pour cela donc, je suis obligé de relire tout le temps mes cours de médecine pour écrire mes textes. Et je fais beaucoup de recherches aussi.  En tant qu’artiste, on est forcément sous la lumière, des projecteurs et dans ce cas, on veut que la manière dont tu chantes, que ce soit ainsi dans ton boulot. Etre un bon médecin quo vient à l’heure au service, qui consulte normalement ses patients, qui réserve un accueil chaleureux à ses  ses patients, etc. Si tu fais le contraire, les gens diront que tu chantes mais tu n’as pas le temps de venir au bureau, de consulter tes malades, pas accueillant, etc. Ceci pour dire que tu es obligé d’être un bon médecin pour que les gens ne voient pas que la musique a pris le dessus, mais que tu fais ton boulot comme il se doit.

 Un message à l’endroit de vos fans ?

Interview réalisée par Colette DRABO

  

 

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