Le Nigeria vient de dévaluer sa monnaie, le Naira. Officiellement, les raisons invoquées sont, entre autres, la chute du cours du pétrole sur le marché mondial et ses effets persistants durement ressentis par le peuple nigérian. Cette mesure qui va attirer beaucoup d’investisseurs, permettra au Nigeria d’exporter beaucoup de matières premières. En effet, la dévaluation affaiblit la valeur du Naira vis-à-vis des monnaies étrangères, ce qui pourrait motiver les entreprises étrangères à se délocaliser dans le pays, avec une main-d’œuvre bon marché. Pour un pays dont 70% des revenus sont issus de la vente du pétrole, le Nigeria est donc appelé à miser sur ses produits locaux dont la vente permettra de renflouer les caisses de l’Etat. Toutefois, le taux de change du Naira qui a atteint la barre de 370 pour 1 dollar, risque d’affecter durement la macroéconomie du pays, dans la mesure où ce taux de change sera dicté par le marché. A moins que des mécanismes d’ajustement automatiques du taux soient restaurés, les Nigérians subiront durement cette parenthèse douloureuse de la dévaluation. Le Naira avait, en fait, atteint des cimes en termes de valeur et sa dévaluation actuelle est en soi une bonne chose, puisque cela le ramène à sa juste valeur.
Ce qui arrive au Naira est bon pour le Nigeria
Des spécialistes avaient prévenu quant à l’éventualité d’une récession économique, rien qu’en se basant sur le ralentissement de la croissance au 1er trimestre 2016 qui a fini par entraîner une inflation dont le taux se chiffre à 15,6%. Le pays a vu fondre ses devises étrangères, mais si la dévaluation est gérée avec perspicacité, le Nigeria pourra faire de bonnes affaires à l’image des pays qui avaient en partage le CFA et qui exportaient beaucoup, suite à sa dévaluation en 1994. Le président ghanéen d’alors, John Kuffor, a pu relever le niveau économique de son pays alors que sa monnaie s’était fortement dépréciée. Le Japon, une des grandes puissances du monde, a eu recours à la dévaluation pour se repositionner dans le concert des puissances du monde. Sur le plan macroéconomique, les banques ont brassé plus de sous et les différents pays ont bénéficié d’investissements étrangers importants. La dévaluation du Naira va sans doute avoir des incidences sur le CFA. Cela dit, cette dévaluation du Naira serait-elle une opportunité au niveau sous-régional ? L’on ne saurait trop en dire, puisque tout dépendra du volume des échanges commerciaux entre le Nigeria et ses voisins d’Afrique. En tout cas, ce qui arrive au Naira est bon pour le Nigeria, s’il arrive à tirer véritablement profit de la nouvelle donne.
Lonsani SANOGO
